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BLAST KNIGHT 3 @ Le Trait D'Union, Neufchâteau
Par T-RAY le 4 Août 2018
Publié le 13 Janvier 2019 Consulté 3762 fois



Je sais… Vous auriez dû lire ce Live Report du Blast Knight 3, savamment organisé par l’association Dans la Fosse, il y a déjà plusieurs mois. Mais les circonstances nous jouent parfois des tours et finalement, la récente annonce de la quatrième édition du festival vosgien, qui aura lieu le 27 juillet prochain, est l’occasion (qui fait le larron) d’enfin publier le compte-rendu de la dernière en date, qui a réuni du beau monde parmi la scène extrême (ou pas) française, avec en tête d’affiche un PSYKUP en passe d’achever sa longue tournée de défense de son dernier album studio, le réjouissant "Ctrl+Alt+Fuck".

Mais parce qu’avant d’en arriver là, il fallait bien faire monter la température – quoique la canicule régnant à ce moment-là ne l’eut point nécessité – Dans la Fosse avait une nouvelle fois soigné l’organisation de l’événement et donné à un groupe de reprises Hard et Heavy local, TOXIC (voir photo ci-dessous), l’occasion d’agrémenter le tout début de soirée autour de l’espace détente et buvette, le temps que la première formation à investir la scène se présente. Cette formation, venue de Saint-Dizier, en Haute-Marne toute proche, c’est DSM. Un acronyme signifiant Delicate Sound Of Murder et un groupe se revendiquant d’un Death Metal expérimental, voire Post-Death, en tout cas très particulier.



Accueilli par une salle du Trait d’Union fraîche, au propre (merci l’air conditionné) comme au figuré (peu de spectateurs aussi tôt dans la soirée), DSM déboule sur une musique d’abord instrumentale, le chanteur passant notamment de longues minutes sur son échantillonneur. Les premières compositions, aux relents de Prog voire de Mathcore, s’avèrent agréables à l’écoute et étonnamment mélodiques, alors que l’on s’attendait à voir le groupe s’énerver fort. Ce sera tout de même bien vite le cas et malgré une assistance d’à peine cinquante personnes pour l’instant, le seul et unique morceau extrait du premier album, "Dirty Harry", se révèle être le moment pour Max, le frontman, d’enfin s’adresser au public pour l’encourager à traverser le no man’s land du devant de scène qui « n’est pas l’aire réservée aux photographes ».

« Est-ce que quelqu’un connaît notre premier album ? » lance-t-il dans la foulée. Pas de réponse dans la salle, aussi le chanteur rétorque-t-il avec humour « je ne vous en veux pas, personne ne nous connaît de toute façon ». Toujours conscient de ne pas déchaîner l’enthousiasme du public à ce moment-là, malgré l’énergie déployée sur scène et la subtilité réelle de son Metal, Max félicite alors les spectateurs : « c’est bien, vous restez, alors que d’habitude, les gens partent. Vous êtes le meilleur public qu’on ait eu depuis au moins un an ! » Pour dynamiser un peu la fosse, le vocaliste y descend ensuite pour chanter au beau milieu des gens avant de remonter sur scène et de tendre sa bouteille d’eau en criant « on boit ! » Avant de reconnaître être « désolé, car je suis nul en ‘faites du bruit’, tout ça ». Néanmoins, c’est encore au milieu du public, micro en main, que le gaillard aura choisi de finir ce premier set de la soirée.

Setlist de DSM : essentiellement des nouvelles compositions aux titres non publics, sauf "Dirty Harry", issu du premier album, "DSM".



Après une vingtaine de minutes de pause, c’est le moment où les noms fameux commencent à se succéder on stage. Et c’est le combo nancéien MORTUARY qui débarque alors, l’un des plus anciens et plus respectés groupes de Death Metal tricolore, riche d’une carrière trentenaire ! Mais MORTUARY, ce n’est pas que du Death, au fond : c’est un équilibre d’influences Thrash, d’éléments Groove aussi, parfois, et d’une attitude sans compromis qui fait plaisir à voir. L’inamovible Patrick Germonville, au chant, est toujours aussi déchaîné mais ses quatre compères ne sont pas en reste. Il faut dire que les morceaux anciens que sont "Create/Eradicate" ou "Killing Waves" s’enchaînent fort bien avec les très récents, comme les puissants "Tube" ou "Empty", MORTUARY étant parvenu, sur son dernier opus en date, à un style qui, bien que plus varié qu’à ses débuts, parvient à faire sans problème le lien avec l’âge d’or du groupe.

Manifestement très content d’être là, Patrick encourage l’assistance à applaudir l’organisation ainsi que le public lui-même, « sans qui nous ne serions rien » mais qu’il incite tout de même à se rapprocher de la scène pour « foutre le bordel ». En effet, mettant en avant deux adolescentes en tenue d’écolière anglaise qui ne cessent de headbanguer depuis le début du set, le frontman lance au public que « ces deux filles font plus fort que vous autres, là devant ». La carrière de MORTUARY a certainement le double de l’âge des deux demoiselles mais des titres bonnes bastonnades comme "Exit" ou "Televiolence", issus de l’album "Agony In Red", paru en 2003, paraissent toujours aussi jeunes. « On est MORTUARY et on a créé le groupe en 1988, ça fait trente ans », lance alors Patrick Germonville, histoire de rappeler qu’ils sont les doyens de la soirée. « Qui n’était pas né en 1988 ? ose-t-il alors demander. Chaque année, il y a toujours plus de mains qui se lèvent… » Même si des farceurs de bien plus de trente ans ont tout de même levé leurs mains.



Au moment d’envoyer "Negative", lui aussi extrait de "Agony In Red", le chanteur tient à rendre hommage au regretté Brett Hoffman, ancien frontman de MALEVOLENT CREATION, décédé d’un cancer quelques semaines avant le Blast Knight 3. Quelques minutes plus tard, il en profite pour lancer un concours de hurlement entre la partie droite et la partie gauche de la fosse, celle-ci s’étant remplie pour atteindre une bonne centaine de spectateurs. Puis, après le morceau "G.O.D", unique extrait de l’album éponyme sorti en 2010, Patrick Germonville ordonne au public de se séparer en deux et que chacun des deux groupes s’éloigne le plus possible avant de se percuter l’un l’autre à son signal. Un signal qui, visiblement, excite comme des puces les deux pseudo lycéennes anglaises pour qui c’est certainement le tout premier wall of death. Même si ledit mur n’est certainement pas le plus dense qui soit…

Quand arrive "Morbid Existence", avant-dernier morceau du concert de MORTUARY et premier issu de la toute première démo du groupe, sortie en 1989, le frontman exige du public présent de hurler « morbid existence » quatre fois de suite. Un très vieux titre dont l’énergie n’a pas vieilli et qui, enchaîné avec un "Trauma" final toujours très percutant, permet à Patrick de finir allongé sur la scène et à MORTUARY de conclure son concert en beauté. Le deuxième meilleur set de la soirée, à mon humble avis, derrière la grosse perf de PSYKUP en conclusion.

Setlist de MORTUARY : Create/Eradicate – Tube – Killing Waves – Exit – Negative – Empty – Televiolence – Above – G.O.D – Organ – Morbid Existence – Trauma



Après avoir reçu la visite de Haut-Marnais et de Meurthe-et-Mosellans, il manquait un groupe local à ce festival vosgien qu’est le Blast Knight 3. Et si KRONOS fut au menu de la toute première édition, en 2016, il ne manquait que DUNGORTHEB au tableau de chasse de l’association Dans la Fosse parmi les vieux lions du Death Metal du 88. Il est 22h10 pétantes, l’heure à laquelle il était programmé, quand le combo thaonnais prend possession de la scène. Les près de 150 spectateurs présents à ce moment-là sont fin prêts à recevoir le Death Technique du combo. Et pourtant, le quintette qui joue ce soir n’est pas le DUNGORTHEB habituel car l’un des deux guitaristes, Yan, qui fête son anniversaire ce 4 août, et le bassiste, François, remplacent au pied levé les titulaires habituels du poste. Deux hommes qu’Alexandre Toussaint, le nouveau vocaliste du groupe (depuis 2016), fera ensuite applaudir par le public pour leur prestation au poil et leur disponibilité.

Assez tôt dans le set, le frontman fait monter un barbu à casquette sur scène pour hurler dans le micro avec lui. Avant d’inviter « tout Neufchâteau » à « bouger son cul » sans pour autant recueillir autant d’énergie de la part du public qu’il n’en donne lui-même. Question scénographie, pourtant, DUNGORTHEB a pris soin d’en faire un peu plus que ses prédécesseurs ce soir, avec un vidéoprojecteur diffusant diverses images en fond de scène. Avec un set équilibré entre ses trois albums studio, DUNGORTHEB révèle la cohérence de son Death Technique tout au long du concert. Ce show est même l’occasion pour le groupe de « jouer une toute nouvelle compo », intitulée "Selected", juste avant d’attaquer l’ultime titre, "Inside", sur lequel Alexandre tente à nouveau de faire bouger le public, sans trop de succès. « Vous bougez pas beaucoup », lance également le batteur, Hervé Joly, souriant tout de même, presque indulgent envers une assistance peut-être essorée par la chaleur de la nuit tout juste tombée.

Setlist de DUNGORTHEB : From Memories To Silence – Addicted – Twisted Reality – Behind Your Eyelids – Sad War – Lethargy – Twilight – Selected – Inside.



Après trois vagues de Death Metal successives, peut-être le public du Trait d’Union avait-il besoin d’un peu de variété pour se remobiliser. Aussi le Black Metal de DEATHCODE SOCIETY se présente-t-il pour assombrir un peu l’atmosphère et donner un peu d’épaisseur dramatique à la soirée. Brume artificielle, robes noires sur les épaules des musiciens, masques sur les visages... Enfin du Black au Blast Knight, il était temps ! Du Black qui semble recueillir les suffrages des spectateurs en tout cas, certains d’entre eux n’étant venus que pour voir la formation savoyarde et viennent gonfler désormais un public qui n’est toutefois pas encore aussi nombreux qu’il ne sera pour PSYKUP. L’ambiance est prenante et le Black Metal sophistiqué et emphatique que DEATHCODE SOCIETY propose sur album est relativement bien rendu en live, même s’il n’est évidemment pas aussi enveloppant.

Bien mené par un Arnhwald R. désormais orphelin de son camarade de toujours, Franz E., décédé quatre mois plus tôt, DEATHCODE SOCIETY en impose et l’aspect carré de l’interprétation des morceaux, qui ont tout pour être casse-gueule, est remarquable. S’il est difficile de faire ressortir un morceau plutôt qu’un autre parmi la demi-douzaine de titres interprétés ce soir, cela n’est pas un inconvénient mais plutôt un avantage pour la formation, et pour les arcanes de son Black qui auront paru d’autant plus impénétrables. Le moment fort du set ? Assurément celui où Arnhwald saisit un masque à la main, qu’il place sur son pied de micro puis tend à bout de bras, comme en hommage à son guitariste disparu.

Setlist de DEATHCODE SOCIETY : non disponible.


Photo Studio D. Letzien (Letzien Photography)

Pour PSYKUP, ce Blast Knight 3 n’est autre que la toute dernière date de sa tournée "Ctrl+Alt+Fuck", leur album sorti en 2017. Pour ceux qui ont vu le DVD de leur "Live In Bikini", chroniqué dans nos pages, la scénographie proposée au Trait d’Union ce 4 août est sensiblement la même, avec un peu moins de place disponible tout de même. L’on retrouve donc les mêmes murs de lumière multicolores capables d’afficher lettres, chiffres et motifs lumineux. Après plus de vingt minutes de balances ayant débordé sur l’heure inscrite sur le running order, le set des Toulousains commence enfin. Ce qui aura permis à la salle de se remplir progressivement et désormais, un peu moins de 200 personnes sont au rendez-vous. Lorsque le coup d’envoi est officiellement donné, c’est sur le "Surfin’ USA" des BEACH BOYS et vêtus de chemises hawaïennes que le groupe prend possession de la scène.

Et la furie de l’Autruche-Core n’est pas à démentir puisqu’elle saisit d’emblée l’assistance à l’occasion d’un "Violent Brazilian Massage" du tonnerre. « Vous n’avez pas l’occasion de souvent voir du Metal dans le coin », lance Matthieu Miegeville, le chanteur, au public massé devant la scène. Comme pour promettre aux spectateurs locaux la dose qu’ils n’ont pas le reste de l’année. Et entre mélodie et brutalité, des morceaux comme "We Will Win This War" ou "Do It Yourself" conquièrent rapidement le public, d’autant que les jeux de lumière sont top et que le groupe lui-même est en feu. Sur "Shampoo The Planet" et son rythme dansant, l’ambiance se réchauffe encore et les premiers rangs sautent et headbanguent de bon cœur, preuve que PSYKUP est un groupe festif malgré des paroles souvent concernées. Résultat : le premier mosh pit de la soirée est enfin lancé !

La température ayant grimpé de quelques degrés, cela se ressent chez les musiciens eux-mêmes. La Jackson finition bois du guitariste Victor Mios dégouline de sueur depuis déjà de longues minutes et Matthieu Miegeville a abandonné sa chemise hawaïenne pour un simple marcel. Quant au batteur, Brice Sansonnetto, le voilà bel et bien torse nu. Puisque c’est la fin de la tournée, le groupe demande au public d’ovationner les ingénieurs du son et la tenancière du stand de merchandising, qui ont accompagné PSYKUP tout au long de ses nombreuses dates. Et voilà Matthieu Miegeville qui fait le parallèle avec le défenseur de l’Équipe de France de football, Benjamin Pavard, pour saluer ces « titulaires inattendus ».

Puis c’est au tout de Julien Cassarino, le guitariste et vocaliste, de demander une ovation pour « les deux sœurs de ‘Shining’ devant la scène, parce qu’elles sont incroyables ». En effet, les deux donzelles auront été une animation inattendue pour les groupes de ce soir, de par leur support constant et leur headbanging permanent durant toute la durée du festival. Une remarque sur les mineurs venus du public aura tout de même conduit Matthieu Miegeville a faire une vanne sur Jean-Luc Lahaye et son aventure adulescente. Au moment d’annoncer "Teacher", ultime titre du set, particulièrement adapté avec deux vraies-fausses écolières aux premières loges, Julien Cassarino remercie tout de même le public qui, peu nombreux par rapport aux plus grosses dates réalisées par PSYKUP sur cette tournée, « a été au rendez-vous jusqu’au bout ». « On vous proposer de nous rejoindre au merch’ pour continuer à se faire des bisous parce qu’on adore échanger nos miasmes », ajoute-t-il même. Ce qui fut fait, bien sûr, après cet ultime concert intense du Blast Knight 3.

Setlist de PSYKUP : Violent Brazilian Massage – We Will Win This War – Do It Yourself – Shampoo The Planet – Cooler Than God – Crisis Of Today – Ssanta Claus (Write Me A Letter) – The Intelligence – Love Is Dead – Teacher.

Pour un petit aperçu vidéo de ce qu’a pu donner ce Blast Knight 3, Dans la Fosse s’est fendu d’un résumé sympatoche à voir ici : https://youtu.be/FyoVTgxWeAM. En attendant la prochaine édition, fixée au 27 juillet 2019, toujours au Trait d'Union de Neufchâteau.



             



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