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CRISIX @ Le Trait d’Union, Neufchâteau
Par T-RAY le 28 Avril 2018
Publié le 19 Mai 2018 Consulté 5594 fois

Dans la Fosse, on est en pleine ébullition… Et en 2018, plus que jamais ! « Dans la Fosse », c’est le nom de l’association promouvant le Metal et favorisant la diffusion des groupes de musiques extrêmes dans l’Ouest Vosgien. Basée à Neufchâteau, sous-préfecture du 88, forte de deux éditions réussies du festival Blast Knight lors des étés 2016 et 2017 (cette dernière fut couverte sur NIME en août dernier) et en passe de réussir la passe de trois en 2018 (avec PSYKUP en tête d’affiche), Dans la Fosse avait un projet à part cette année : l’organisation, le 28 avril dernier, d’une soirée Thrash Metal avec une tête d’affiche internationale…

Et cette tête d’affiche n’était autre que CRISIX, le combo catalan geek et choc ! « Avec ce projet, nous avions l’ambition d’asseoir la légitimité de l’association sur le secteur, explique Julien Braud, récemment élu président de Dans la Fosse. Nous voulions proposer un projet dans le cadre de la programmation de l’Espace Culturel François Mitterrand NdlR : l’autre nom du Trait d’Union), inscrit sur la plaquette et soutenu par la Communauté de communes de l’Ouest Vosgien. » Résultat ? Un projet en trois temps.

Primo : l’identification d’un groupe local à mettre en avant au cours de l’événement, en l’occurrence les Nancéiens d’ILLEGAL CORPSE, formation mêlant allègrement Thrash, Crossover et Hardcore pur et dur, mise en résidence au Trait d’Union en février dernier afin de parfaire ses performances scéniques en vue de restituer, durant la soirée, les titres de son premier album récemment sorti. Secundo : la projection du documentaire « Metal : Voyage au cœur de la Bête », de Sam Dunn, Scot McFadyen et Jessica Joy Wise au cinéma Scala de la ville en amont de la soirée Thrash. Tertio : la tenue de ce mini festival couronné par la présence de CRISIX, que Julien Braud a poursuivi durant plusieurs mois pour les convaincre de réaliser à Neufchâteau l’une des trois dates françaises de la tournée promo de leur quatrième album studio, "Against The Odds".

En attendant de se produire au Hellfest en juin, c’est donc dans la petite mais costaude salle du Trait d’Union que le quintette barcelonnais a entamé la partie française de ladite tournée ! Une belle récompense pour Dans la Fosse et tous les amateurs de Thrash lorrains, champenois ou franc-comtois, la ville de Neufchâteau se trouvant, peu ou prou, au carrefour des trois anciennes régions. Mais en attendant de faire monter CRISIX sur scène, ce sont trois groupes français qui se sont succédé devant un public en augmentation constante au fil de la soirée jusqu’à atteindre les 200 personnes : ILLEGAL CORPSE, donc, les Azuréens de HEART ATTACK et les Forbachois de DEFICIENCY. Une programmation permettant de découvrir plusieurs variations autour du Thrash.



D’abord, c’est à une musique entre Thrash, Crossover et Hardcore que les hommes, femmes et enfants du Metal présents ont été confrontés. Vers 20h30, ILLEGAL CORPSE déboule on stage sans crier gare… Mais en criant bien fort quand même ! Revendicateur, à l’image des thèmes de ses morceaux (le mur de Trump à la frontière mexicaine, par exemple), ILLEGAL CORPSE l’est certainement et le public s’en est très vite rendu compte. Dick, le vocaliste, s’avère bien fort en gueule et ses compères Vince, guitariste, Pedro, bassiste, et Joe, batteur, ont rapidement mis à contribution les heures de répétition de leur résidence au Trait d’Union deux mois plus tôt.

Les gaillards ont la bougeotte sur scène, l’ascendant Hardcore se fait fortement sentir dans leur comportement, peut-être plus que l’ascendant Thrash, d’ailleurs, et la reprise énergique du "Screaming At A Wall" de MINOR THREAT suffit à le démontrer. En une treizaine de titres ne dépassant quasiment jamais les 3 minutes – et souvent même pas les 2 minutes – ILLEGAL CORPSE nous ramène aux années 80 et à l’urgence urbaine des Coreux US, un peu à la manière dont un IRON REAGAN y parvient également de nos jours. Plutôt intense et quasiment sans temps mort, le show du gang nancéien aura eu le mérite de lancer cette soirée Thrash sur de bonnes vibrations, agressives mais néanmoins positives.

Setlist de ILLEGAL CORPSE :

Wall Of Mexico
Corpsepaint
Get Your Water From The Plotter
Illegal Cops
Screaming At A Wall (cover de MINOR THREAT)
Fat Fast Monster
Fearless Vampire Killer
Too Old For This Shit
Spit In Your Faith
Think Or Sink
Born To Be Drunk
Scooter Hunter
Dirty Roadhouse



Une petite vingtaine de minutes plus tard – et quelques parts de cakes salés et sucrés, préparés par les bénévoles de la soirée, avalés par-dessus une pinte de bière – c’est au tour de HEART ATTACK de prendre possession de la salle du Trait d’Union. Et c’est avec une très bonne production, remarquablement équilibrée, que déboule "Burn My Flesh", leur premier titre de la soirée, issu de leur deuxième album, "The Resilience", après une courte "Intro". L’énergie du quartette fait plaisir à voir et à entendre et leur Thrash Metal bien Groove me file une patate d’enfer. Les déjà plus de cent spectateurs s’y retrouvent également, même s’ils mettent plus de temps que votre serviteur à monter en température.

Passé le bien nommé "Congrats To People", Kevin Geyer, le chanteur-guitariste rythmique invite l’assistance « à encourager ceux qui soutiennent la scène Metal française, c’est à dire vous : faites du bruit pour vous ! » À mesure que le show de poursuit, le groupe monte clairement en puissance. Le gratteux principal, Chris Cesari, aligne les leads et les soli sans coup férir, avec une propreté que pas mal de guitaristes lui envieraient certainement. C’est après "Stop Pretending" que Kevin Geyer lance le premier circle pit de la soirée. Pendant que les spectateurs les plus motivés jouent les auto-tamponneuses, le leader se fend lui aussi d’un petit tampon… Du pied droit sur le derrière de son camarade soliste !

Le premier stage diver de ce samedi soir Thrash profite de l’avant-dernier titre du set de HEART ATTACK, 'Disorder', pour se jeter dans le public. Mais c’est bien Kevin Geyer lui-même qui, au moment d’annoncer le dernier titre, reprend le rôle de maître de cérémonie, en faisant s’accroupir toute une assistance suspendue à son « Jump !!! » pour sauter comme un seul homme. Mais le leader du combo cannois ne s’arrête pas là : durant le dernier titre, "Fight To Overcome", il fait se séparer le public en deux pour lancer chacun des deux côtés l’un contre l’autre dans un pogo bien senti. De quoi faire circuler le sang ! Ce qui l’aura bien fait circuler aussi, durant un peu plus de trente minutes, c’est le Thrash/Groove plutôt mélodique de la formation, dont la transition du studio à la scène révèle toute la puissance. Une bonne petite claque que ce show des Azuréens, en définitive.

Setlist de HEART ATTACK :

Intro
Burn My Flesh
Congrats To People
Stop Pretending
Lazarus
When The Light Dies Down
Disorder
Fight To Overcome



Entre la sortie de scène de HEART ATTACK et l’entrée de DEFICIENCY, quelques dizaines de spectateurs supplémentaires viennent garnir le public. Et c’est tant mieux car, bénéficiant eux aussi d’un son de qualité, dans une salle pourtant peu habituée au Metal, les Lorrains peuvent administrer un bon mélange de morceaux de leurs deuxième et troisième opus studio, respectivement sortis en 2013 et 2017. Leur Thrash moderne révèle rapidement son intensité et sa haute mélodicité, en dépit de la brutalité qui le caractérise. Au carrefour entre pur Thrash, Metalcore et Death Mélo, la musique des quatre de Forbach révèle elle aussi un groove intéressant.

Alternant growls, hurlements et chant clair, Laurent Gisonna sait aussi envoyer du bois guitare en mains, et tricote avec son compère six-cordiste Jérôme Meichelbeck quelques plans de twin guitars qui font plaisir à entendre. Un petit air de NWOBHM exhale ainsi de leur musique, légèrement plus sensible sur scène que sur album, m’est avis. Inspiré (ou pas) par le précédent set, le frontman encourage à son tour la fosse à se séparer en deux pour lancer un pogo digne de ce nom, que j’aurai senti quelques minutes entre mes omoplates même sans y avoir participé…

Passant rarement sous la barre des 5 minutes, les morceaux du groupe prennent un peu plus de temps que ceux des deux premiers groupes de la soirée pour faire effet, mais une fois lancés, difficile de les arrêter. Le public est d’ailleurs bien monté en température au cours de ce set, si bien que, sur le dernier titre, "Unfinished", un slammeur au T-shirt MUNICIPAL WASTE monte à son tour sur scène pour mimer la chorégraphie de la "Macarena" avant de se jeter dans la foule des premiers rangs. Visiblement content de l’osmose entre le groupe et les quelque 150 personnes présentes à ce moment-là, Laurent Gisonna invite l’audience à se regrouper devant la scène pour une photo collective en compagnie de tout DEFICIENCY, monté sur l’estrade du batteur Thomas Das Neves. Un joli moment de confraternité métalleuse.

Setlist de DEFICIENCY :

Newborn’s Awakening
Nausera
Another Fail To Come
The Introspection Of Omnipotent
The Flaw
Uncharted Waters
The Experiment
Unfinished



Il est 23 heures passées et, heureusement, les transitions entre chaque groupe ont été relativement courtes. Aussi, plusieurs membres du quintette barcelonnais participent au montage de leur set, ce qui permet de patienter en observant déjà les musiciens à l’œuvre. Certes, pas dans l’œuvre qu’on attend le plus, mais tout de même. Trois marchepieds sont installés à l’avant-scène, chacun inscrits d’un mot : Psycho, Crisix, World. "Psycho Crisix World", un morceau-phare de "From Blue To Black", troisième album de CRISIX, qui ne sera pas joué de la soirée (oui, je spoile) et que certains spectateurs, à l’issue du concert, reprocheront au groupe de ne pas l’avoir interprété. Mais c’est là pinailler. Au regard de la blessure du guitariste Albert Requena, au genou bandé et monté sur scène en béquilles, l’absence de ce titre de la setlist n’est qu’un tout petit détail.

Las, il est temps pour les plus dingues des Catalans du Metal de prendre possession de la scène, sur le son du morceau "A.S.F.H." qui fait vibrer la sono. Et le public de 200 personnes les attend de pied ferme et s’exclame lorsque chacun des membres du quintette prend place. C’est sur un puissant "Xenomorph Blood" que les hostilités commencent avant que Julián Baz le lance le très Heavy "Perseverance" pour annoncer le dixième anniversaire de CRISIX. Et malgré son genou en vrac, ce diable d’Albert Requena trouve le moyen d’enchaîner un solo canon sur ce morceau, sans être bancal d’un centimètre. Et, déjà, un slammer à casquette et lunettes monte sur scène, s’attarde et recueille la sympathique impatience de Baz qui l’invite à se jeter dans le public d’une petite tape dans le dos. Avant de faire applaudir le gratteux éclopé pour sa prestation sans faille jusqu’ici. Performance que le garçon va maintenir tout au long de la bonne heure de show que nous réserve le combo.



Pendant ce temps-là, c’est le moment social media pour Marc Busqué, l’autre six-cordiste, qui s’amuse à prendre son téléphone mobile pour twitter ou publier je ne sais quoi… Sous le regard mi-moqueur, mi-sermonneur de son pote vocaliste. Malgré le fait que ce show soit le premier de leur visite dans l’Hexagone, les CRISIX sont manifestement en forme. Le furieux "Conspiranoia" me met en joie durant son interprétation et il annonce – bonheur ! – un enchaînement létal de quatre tueries parmi lesquelles l’excellent et second degré "Get Out Of My Head", l’enthousiasmant "Technophiliac" et l’hyper fun "Brutal Gadget". Durant cette séquence, c’est un autre trublion qui s’immisce sur scène, un costaud qui saisit le micro (et la main qui le tient) de Julián Baz pour hurler dedans ! Puis, après l’avoir renvoyé dans la fosse, Baz se met, à son tour, à faire s’asseoir le public pour le faire sauter comme un seul homme.

L’enthousiasme est clairement au rendez-vous lors de ce concert et "Brutal Gadget" ne fait qu’ajouter à la bonne humeur. Sur l’intro, le vocaliste encourage le public à frapper dans les mains et à agiter les bras de droite à gauche. Et comme ce morceau est dédié à « The Mask », vient alors le moment, pour Baz, de saisir une paire de maracas jaunes pour mimer Sancho le Cubain. Sans surprise, CRISIX est d’humeur taquine ce soir, au point de jouer avec les nerfs des spectateurs en faisant mine de reprendre des standards tels que "Run To The Hills" d’IRON MAIDEN ou "Paranoid"… Mais c’est tout sauf un standard qu’ils finissent par interpréter en entier, puisque c’est du "Hardwired" de METALLICA dont il s’agit. Une surprise sympathique, mais sans plus, même si l’original envoie du bois.



"The Great Metal Motherfucker" est l’occasion pour un nouveau spectateur de grimper sur scène et de hurler le refrain du morceau dans le micro de Julián Baz. L’homme se fend de quelques paroles de JUDAS PRIEST pour lancer "Bring’em To The Pit", pénultième morceau de ce show… Et de justement mettre le pit à contribution ! En l’occurrence, le vocaliste aux cheveux bouclés exige de la foule qu’elle se sépare en deux… Mais pas pour rien. En effet, Javi Carrión, le batteur, s’avance alors en front de scène, deux ballons de baudruche géants dans les mains, que Baz lui prend pour descendre au milieu de la fosse et encourager le public à venir, comme un seul homme, shooter dans les ballons en question. Une façon plus qu’originale de lancer un mosh pit !

Un concert de CRISIX ne pouvant décemment pas se conclure sur un autre morceau que "Ultra Thrash", c’est donc le tout premier morceau du tout premier album des Catalans qui déboule pour mettre tout le monde d’accord. Car ce titre est un tube, authentique, pur et furieux. Un nouveau hurleur profite de l’excitation pour crier "Ultra Thrash" sur scène. Et Julián Baz n’est pas au bout de ses peines car un dernier stage diver, porté sur scène par d’autres spectateurs, vient le chahuter et l’enserrer de son bras jusqu’à manquer l’étrangler. Heureusement, le vocaliste sera resté d’excellente humeur – sans surprise – même après cette strangulation fortuite. Au point d’accueillir, avec ses comparses, une grande partie du public sur scène pour célébrer ensemble cette première date française de la tournée européenne 2018 de CRISIX. Un EXCELLENT moment.



Setlist de CRISIX :

Intro sur A.S.F.H.
Xenomorph Blood
Perseverance
Rise… Then Rest
Conspiranoia
Get Out Of My Head
Technophiliac
Brutal Gadget
Prince Of Saiyans
Hardwired
G.M.M. (The Great Metal Motherfucker)
Bring’Em To The Pit
Ultra Thrash



             



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