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NEGURA BUNGET @Bordeaux
Par WËN le 18 Avril 2014
Publié le 22 Avril 2014 Consulté 8145 fois



LE truc inespéré. NEGURA BUNGET à bordeaux, vous voyez le tableau ? L'un des (le ?) meilleurs groupes de Black-Atmo/Folk qui s'arrête par chez nous. Si, si, c'est bien réel et ça s'est passé ce vendredi 18 Avril sous l'égide de cette excellente et très professionnelle asso qu'est The Insane Legions. Dans leur périple européen, les roumains sont accompagnés de leurs compatriotes de GRIMEGOD (les formations se partagent d'ailleurs trois musiciens) auxquels viennent se greffer un troisième groupe selon la date. Pour cette soirée se seront les lyonnais de UDYR, que j'avouerai ne pas connaître du tout malgré deux ans seulement loin de la capitale des Gaules, mais leur set permettra de combler cette lacune.

La seule ombre au tableau – Non pas qu'être chroniqueur implique d'être pointilleux, c'est juste que je suis un connard – concernera la salle dévolue à l'évènement puisque l'Estran de St-Médard-En-Jalles est loin d'être accessible pour les non-covoiturés (et pour les autres, le fait de devoir y aller mollo sur la picole est encore pire) mais aussi parce que l'endroit n'est pas réputé pour sa qualité sonore globale. Et y faire jouer un groupe qui base sa musique sur les ambiances tient donc de la gageur, mais bon, le plaisir de pouvoir découvrir NEGURA en live est tel que je ne râlerai pas plus. Allez.

A l'heure dite, tout le monde est prêt et c'est le quatuor de GRIMEGOD qui investit la scène et ouvre ainsi les hostilités. Le groupe prend rapidement ses marques et sa musique ne tarde pas à faire son effet. Formé en 91 et détenteur du statut de premier groupe de Death roumain, il demeure néanmoins dur d'être précis quand à la direction musicale actuelle du combo, mais qu'il s'agisse des parties Death, ou d'autres plus Dark voire Doomy, force est de constater que le tout, agrémenté d'un feeling roumain tout particulier, à décidément de la gueule ! Au fur et à mesure de la prestation, par volutes musicales successives, la facette onirique (sombre certes, mais onirique tout de même) prend de l'ampleur jusqu'à nimber progressivement les spectateurs encore épars de brumes locales et à les transporter loin de leur Estran aquitain. En ce qui concerne le chant, assuré par les deux guitaristes mais avec une large part dédiée au père Tibor Kati, là aussi, le dépaysement est intégral entre grunts déligras (gras et délicat à la fois, quoi) et vocalises incantatoires. Côté setlist, les roumains se concentrent surtout sur "Wrong Roads" (2013), leur quatrième album, composé difficilement sur ces douze dernières années (le groupe devant composer avec d'incessants changements de line-up). Au final, seul "Godless Cry", l'ultime titre, tiré du premier album K7 du groupe (et réédité depuis au format CD) nous ramènera quelques 20 années en arrière pour encore un bon moment Doom/Death typique des 90s. Dur dur de rester hermétique à la musique du combo, j'attendais leur prestation avec impatience et celle-ci ne m'aura assurément pas déçu.

Setlist GRIMEGOD :

01.The Envy
02. Conscience Song
03. Jump Into The Void
04. The Last Immaculate Flash
05. Senseless
06. Godless Cry



On change rapidement et totalement d'atmosphères avec UDYR, troquant les Carpates transylvaniennes pour les froids et tumultueux fjords norvégiens. La tempête fait rage et la musique du groupe le retranscrit bien. On passe ici à un Black-metal, épique et guerrier, au chant habité (belle prestation) et chargé de mélodies de guitares que n'aurait pas reniées un WINDIR. Fort d'un premier EP en poche, "Asaheim" (2011), la musique du combo passe bien l'épreuve scénique même si, par méconnaissance de ma part peut être, les titres semblent vite se ressembler et tourner autour des mêmes gimmicks typiques au genre (sensations que je n'ai pourtant pas ressenties à l'écoute de l'EP, consistant comme il faut). Le set se déroule sans anicroche excepté un souci de guitare pour l'un des musiciens. Le seul bémol que j'aurais à adresser au groupe constitue finalement en ce décalage trop prononcé entre les musiciens corpse-painté à outrance et leurs tenues étonnement sobre qui fait, c'est mon avis et je le respecte, perdre beaucoup en cohérence scénique au tout (seul le claviériste … totalement creepy, lui, mais un peu isolé dans son coin paraissait réellement animé d'intensions malsaines).

Setlist UDYR :

01. Armée
02. Misérables
03. Autumn Harmony
04. Empire
05. Amertume



On souffle quelques instant pour la traditionnelle petite loterie made-in The Insane Legions, ou des packs apéros sont offerts au public (le jambon <3 <3) et c'est parti pour la tête d'affiche.



Place au plus gros représentant du black-transylvanien ! Je ne parle pas de Negru (batteur et seul membre d'origine rescapé) mais bien de son groupe, Neigourrrra bounjette, car ça en jette ! Outre Negru à la batterie, donc, on retrouve en façade les deux guitaristes et le bassiste de GRIMEGOD, mais épaulé par un cinquième acolyte en la personne de Matei Ionutescu qui s'occupera de tous les instruments folks (trompette, flutes, Nai (flute de pan)) et de quelques nappes de clavier. Dès l'intro de "Țara De Dincolo De Negurã", le bonhomme se met d'ailleurs en valeur en ramenant rien moins qu'un bucium sur scène. La magie ne tardera guère à opérer, la scène se parant rapidement d'atmosphères toutes balkaniques. Sans autre artifice qu'une projection mêlant sombres et ternes paysages en arrière plan, le groupe ne manquera pas de faire voyager son auditoire, l'embarquant dans sa tourmente Black-metal pour ne le faire respirer qu'en de rares moments folk plus posés, mais tout aussi chiadés. Tibor Kati, là aussi en charge des vocalises, fait un boulot remarquable en adaptant son chant et en optant pour une approche bien plus Black et vindicative. Ce mec est bon dans tous les registres. A titre personnel, je ne manquerai pas non plus de me repencher sur les parties de batteries studios qui envolent quand même du sacré steak !



Moi qui me demandais encore, suite à ma chronique du récent et contemplatif single "Gînd A-prins" (http://metal.nightfall.fr/index.php?idchoix=10543), ce qu'il adviendrait des parties plus agressives sur "Tãu", l'album en devenir, le groupe va nous répondre à sa manière, nous présentant deux nouvelles chansons qui, découvertes dans de telles conditions rassurent quant à sa capacité à balancer du gros et bon riff. Le calme - enfin presque, il faudra un 'chut' d'un spectateur pour calmer une nénette en train de brailler, pensant sans doute que les parties acoustiques ne méritent aucune intention - revient le temps de l'intro et de la montée en puissance de "Pãmînt", qui verra Negru s'extraire de derrière ses futs pour aller marteler son simandre (toacã). Ah mais, ils ont tout prévu. "Vîrstele pãmîntului" (2010) sera d'ailleurs l'album le plus représenté (l'énorme "Dacia hiperboreanã" venant clôturer le show avant le rappel). Nous aurons aussi le droit à un titre du transcendantal "Om" (2006) ainsi qu'à, assez logiquement, "Curgerea Muntelui", le single annonciateur de "Tãu". Là aussi le groupe troque ses riffs pour des ambiances planantes à souhait rehaussées de claviers et de flutes. Vient déjà le temps du rappel, et le groupe revient nous balancer ni plus ni moins qu'un "Blãznit" des familles, haineux et black comme au premier jour, extrait de son premier album ("Zîrnindu-sã", 1996), et qui décape bien comme il faut son croupion de chauve-souris ! Putain, les amis, putain quel show !

On regrettera peut être juste l'absence de "Țesarul de lumini", le hit du groupe (qui comporte soit-dit en passant l'un des plus beaux riffs du Black-Metal, rien que ça), mais y a pas à chier, on a été gâté ce soir avec deux groupes roumains vraiment excellents ! Je tiens aussi à souligner et terminer par la qualité du rendu sonore. Dans une salle si difficile à faire sonner, j'ai été impressionné par ce son qui permettait de distingué tous les instruments. Félicitations à l'ingé.



Setlist NEGURA BUNGET :

01. Țara de dincolo de negurã
02. Schimniceste (new song)
03. Pãmînt
04. Cunoașterea tãcutã
05. Tarim vilhovnicesc (new song)
06. Curgerea muntelui
07. Dacia hiperboreanã
-- Rappel --
08. Blãznit



Rendez-vous au Hellfest pour le second round Roumain avec la prestation de DORDEDUH.

Merci à Fred et Loïc (et à leurs potes et potesses) pour la possibilité d'avoir pu vous toucher deux mots sur cette soirée.
Merci à Negru et Tibor pour leur disponibilité.
Merci à Dolorès V. Sélénium pour les photos (concert de Nantes)
https://www.facebook.com/doloresvselenium


Le 23/04/2014 par WëN

Merci à toi.

En effet, rien de tel que les ambiances plus intimistes pour de tels groupes.

Quant à leur popularité, même si elle ne cesse de croitre, il ne leur manque que le soutien d'une grosse structure pour les aider dans la promotion de leurs albums. Ceci-dit, leurs albums continuent à être très bons peut être parce que le groupe conserve une totale indépendance, justement. Donc, quitte à choisir, autant se maintenir à un public averti, cela ne nous empêchera pas de l'apprécier de la même façon.

A bientôt.


Le 22/04/2014 par DADAWID

Merci Wën pour ce report. Je les ai également vus il y a quelques jours à Paris, dans une toute petite salle au fin fond du 13e à Paris, l'Orchidée du Cheval Blanc (une salle qui porte finalement assez bien son nom pour un groupe de cette nature !!).

J'ai trouvé le concert excellent. Une capacité à restituer une ambiance unique sur cette scène un peu étriquée mais avec le soutien d'un public, certes peu nombreux (on devait être une centaine je pense) mais complètement acquis à la cause !

J'adore vraiment ce groupe et je suis toujours surpris du relatif peu d'écho qu'il rencontre par rapport à d'autres groupes qui essayent de jouer dans le même registre mais qui ne leur arrivent pas aux talons... Enfin, tant mieux pour nous, ça nous permet de les voir dans les meilleures conditions qui soient !!! Un seul regret : ne pas avoir réussi à choper un vinyle pour une ptite dédicace... :)

Amitiés métalleuses !
Dadawid



             



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