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JUDAS PRIEST @ Zénith de Paris, 27 janvier 2019
Par T-RAY le 27 Janvier 2019
Publié le 12 Février 2019 Consulté 5660 fois

Lorsque JUDAS PRIEST avait annoncé, il y a de cela plusieurs mois, que la deuxième phase européenne de son "Firepower World Tour" se déroulerait en co-tête d’affiche avec Ozzy OSBOURNE à l’occasion du "Final World Tour" de celui-ci, les fans tricolores de Heavy Metal avaient toutes les raisons de se sentir lésés… Car l’unique date française de la tournée, le 27 janvier 2019, serait aussi la seule à ne pas bénéficier de ce prestigieux co-headlining ! Mais une fois arrivée la date fatidique, ce gros manque de bol s’est révélé être une vraie chance… Car Ozzy étant une nouvelle fois malade, c’est toute la tournée qui a dû être annulée ou, du moins, repoussée.



Toute ? Non ! La date parisienne fut bien l’unique rescapée de cette débandade forcée, pour le plus grand bonheur des fans français du PRIEST, dont votre serviteur. Pour tout vous dire, je préférais largement voir un JUDAS PRIEST en forme et seul en tête d’affiche qu’obligé de composer avec un Ozzy essoufflé et à la santé plus que fragile ces derniers temps. Et puis ce premier concert de l’année 2019 pour le combo britannique serait finalement pour moi l’occasion de faire connaissance avec DISCONNECTED, formation champenoise composée notamment du batteur de SATAN JOKERS, Aurélien Ouzoulias, dont le premier album studio est sorti l’an dernier.

Plutôt bien accueilli par le public au moment de grimper sur scène, DISCONNECTED semble d’ailleurs parfaitement mesurer le privilège qui est le sien d’ouvrir pour les Anglais. « On revient d’une tournée en première partie de TREMONTI, annonce le musculeux vocaliste Ivan Pavlakovic après une volée de premiers morceaux. Et là, on est encore putain de chanceux : on ouvre pour les dieux du Metal ! Faites un putain de bruit pour JUDAS PRIEST ! » Avec son espèce de Metalcore au moins aussi costaud que son chanteur, entre agressivité et mélodie, doté de passages atmosphériques et de soli bien sentis signés Adrian Martinot, DISCONNECTED était susceptible de déplaire à une partie du public présent ce soir au Zénith de Paris, mais contre toute attente, c’est le contraire qui se produit : l’ensemble de l’assistance semble apprécier.



« On va dire merci à la chance et merci à vous pour votre ouverture d’esprit », balance d’ailleurs Pavlakovic aux quelques milliers de spectateurs déjà présents – quoique la fosse du Zénith ne soit encore remplie qu’en partie – le chanteur étant parfaitement conscient que le public de JUDAS PRIEST ne serait pas forcément acquis à DISCONNECTED. Mais puisque le groupe est à fond dans sa prestation, que les vocaux, tantôt clean, tantôt screams d’Ivan sont bien envoyés et plutôt plaisants et que celui-ci communique beaucoup avec les spectateurs, ceux-ci le lui rendent plutôt bien. Même si les encouragements du vocaliste à sauter sont relativement peu suivis par la foule, ses injonctions à frapper dans les mains, elles, sont reçues cinq sur cinq.

« Merci du fond du cœur pour cet accueil parce que nous savons que nous sommes très différents et que notre notoriété n’est qu’un grain de sable comparée à celle de JUDAS PRIEST, mais ça fait plaisir de constater qu’il n’y a pas dans ce monde que des haineux planqués derrière leurs écrans d’ordinateur mais aussi de vrais gens prêts à faire vivre le Metal », envoie le frontman au public avant d’annoncer l’ultime morceau du set, qui n’est autre que celui du premier album : "White Colossus". Un titre plus qu’efficace, qui clôt avec à-propos ce digne concert de première partie. « Si ça vous embête pas trop, on va faire une belle photo de famille avec vous, le Zénith », propose Ivan Pavlakovic en guise d’au revoir à une salle qui a accueilli DISCONNECTED avec bienveillance, ce soir.

Setlist de DISCONNECTED : Intro – Living Incomplete – Blind Faith – Losing Yourself Again – For All Our Sakes – White Colossus



Une fois DISCONNECTED retourné en coulisses, le rideau tombe sur la scène du Zénith. Un rideau décoré d’une nouvelle version de la fameuse croix qui sert de symbole à JUDAS PRIEST depuis plus de quarante ans, derrière lequel tout l’aréopage de roadies du groupe britannique s’affaire pour permettre à celui-ci de démarrer son set à l’heure, ce qui sera le cas. Pendant ce temps, la salle continue de se remplir, la fosse mais aussi les gradins, qui ne seront finalement jamais pleins de la soirée, hélas. Une date du PRIEST sold out à Paris ? Un fantasme d’une autre époque, semble-t-il, et c’est bien dommage car ces derniers mois et le show du groupe au Hellfest 2019 ont prouvé que le temps n’avait pas de prise sur la voix de Rob Halford. La maladie, en revanche, nous empêche définitivement de revoir Glenn Tipton, qui est encore une fois remplacé par un solide Andy Sneap ce soir.

Quelques minutes avant que le rideau flamboyant qui couvre encore la scène ne soit levé, les premières notes du "War Pigs" de BLACK SABBATH retentissent et le public ne se fait pas prier pour reprendre en chœur les paroles de ce standard parmi les standards du Heavy Metal. Un bien joli moment, directement suivi de l’intro de "Firepower", premier morceau qu’interprète le PRIEST ce soir, dès le rideau tombé. Il n’y a pas à dire, même si le morceau-titre du dernier album de JUDAS est d’une facture tout-à-fait classique pour un tube PRIESTien, il remplit entièrement et parfaitement son rôle d’opening title ! L’énergie est au rendez-vous, tout le groupe semble au diapason et Richie Faulkner est déjà surexcité. Pour moi qui ai passé le concert à moins de quinze mètres du bonhomme, c’est un vrai plaisir.



Écartelé entre la charnière des 70s/80s et le dernier opus, le début de la setlist des Anglais a tout pour séduire aussi bien les plus anciens des fans présents que les plus récents. Après un "Running Wild" bien envoyé et un "Grinder" toujours hargneux bien comme il faut, la splendide interprétation de "Sinner" fait figure de premier point d’orgue de ce concert d’1h45. Le morceau met littéralement le feu à l’écran… Et au public, qui se fait un plaisir d’entonner le refrain à la suite d’un Halford qui tient la note à merveille. C’est aussi l’occasion du premier slam de la soirée au beau milieu de la fosse pendant que, sur scène, Faulkner nous balance un solo d’enfer ! L’enchaînement avec un "The Ripper" du tonnerre, sur fond de projections de coupures de presse et d’illustrations nous envoyant directement dans les rues de Whitechapel, est absolument imparable. Et quand "Lightning Strike", premier single de "Firepower" retentit, on tient le premier brelan d’as de ce show. La foudre s’abat, dans les oreilles comme à l’écran, et personne ne peut plus dire après ça que "Lightning Strike" n’est pas un classique instantané du PRIEST !

Après cela, JUDAS calme un peu le jeu avec un "Desert Plains" séduisant mais qui semble toucher davantage mes voisins que moi. Et au moment d’attaquer "No Surrender", troisième extrait des quatre morceaux de "Firepower" joués ce soir et vrai hommage au Metal, Rob Halford prend pour la première fois la parole afin de s’adresser au public pour lui dire de « never give up, never give in » et qu’en tant que metalheads, il ne faut absolument ne jamais se rendre (« never surrender », en anglais dans le texte) à la police du bon goût musical. Un "bon goût" du moment que JUDAS PRIEST a pourtant cherché à toucher lorsqu’il a sorti "Turbo" au cœur des années 80, mais dont le tube principal, "Turbo Lover", a pourtant meilleure saveur aujourd’hui que jamais. Le public, d’ailleurs, ne s’y trompe pas, qui reprend une nouvelle fois avec force l’efficace refrain du morceau. Aucun autre morceau ne sera repris aussi fort que celui-ci, ce soir.



C’est alors que JUDAS nous gratifie d’un moment historique puisque le Metal God reprend alors la parole pour annoncer qu’il est « heureux de commencer la tournée européenne de "Firepower" à Paris et que le groupe va s’offrir un retour dans le passé, avec un morceau que nous n’avons pas joué depuis quarante ans ». Il n’en fallait pas plus pour piquer l’intérêt de l’assistance, qui se trouve bien surprise lorsque les paroles de "Killing Machine" se font entendre. En effet, ce titre éponyme à l’album de 1978 n’avait plus été interprété sur scène depuis le 24 novembre de cette même année 78 ! « I got a contract on you », rugit Rob Halford avant de faire hurler le public à sa suite. Instant d’Histoire du Metal au Zénith, ce soir ! "The Green Manalishi" permet ensuite au PRIEST de nous maintenir dans l’ambiance de ce même album avant que la nuit tombe ("Night Comes Down") et que "Rising From Ruins" ne vienne prouver que les morceaux de "Firepower" sont conçus pour la scène… Et permettre aux solistes de briller, à l’image d’un Faulkner encore royal ici.

Alors que l’on a déjà dépassé l’heure de show, les premières notes de "Freewheel Burning" enflamment la foule et l’écran, encore, car le morceau était hyper attendu. Guitares hurlantes, batterie tonitruante, basse galopante, Rob magistral : voilà ce qu’on était venu chercher ce soir au Zénith. Huit ans après mon dernier concert de JUDAS PRIEST dans cette même salle, et avec un membre historique de moins en la personne de Glenn Tipton, le groupe anglais ne paraît aucunement usé par l’âge, les deux membres-clefs que sont Ian Hill et Rob Halford apparaissant plus en forme aujourd’hui qu’alors. La preuve : "You’ve Got Another Thing Comin’" passe comme une lettre à la poste (comme toujours, en réalité) puis quand le vrombissement de la moto du Metal God retentit backstage et que le bolide et son pilote apparaissent, c’est enfin l’heure d’un "Hell Bent For Leather" du tonnerre ! L’excitation est à son comble et ça n’est pas fini, puisque vient enfin le moment pour Scott Travis d’annoncer, au micro puis avec ses patterns de batterie typiques, l’inévitable "Painkiller". L’occasion de voir quelques images de Glenn performant le solo du morceau, même si ça n’est pas lui qui l’interprète sur scène ce soir.



L’heure du rappel arrive sans même que l’on s’en rende compte puisque le groupe n’a quasiment pas quitté la scène au moment où les notes de "The Hellion" retentissent, prélude au déboulé d’un "Electric Eye" parfaitement exécuté, qui emballe le Zénith. Le gros œil projeté sur l’écran, avec son regard perçant, semble observer avec attention si chacun des présents chante en chœur avec Rob, prêt à foudroyer les récalcitrants. Mais plus encore que ce morceau-là, c’est l’enchaînement des trois tubes de "British Steel", envoyés en guise de conclusion, qui emportent le plus l’adhésion de la foule. "Metal Gods", tout d’abord, old school bien comme il faut, fait marcher tout le monde au pas avant qu’un "Breaking The Law" bien tranchant ne lui succède. Et c’est sur une note de fête, et paradoxalement plus de deux heures avant minuit, que le concert s’achève, avec un "Living After Midnight" réjouissant, que les notes du "We Are The Champions" qui retentit dans la sono une fois le rideau retombé ne sauront effacer.

Certes, le Zénith de Paris n’était pas plein ce soir, mais les cœurs des fans du PRIEST, eux, l’étaient sans aucun doute après une soirée haute en couleurs qui aura vu JUDAS faire l’impasse sur certains albums ("Stained Class", "Ram It Down") et trop peu piocher dans ses énormes classiques ("Screaming For Vengeance", "Defenders Of The Faith", "Painkiller") mais défendre avec force son dernier-né et ce disque désormais quadragénaire qu’est "Killing Machine". En 2019 et en Live, JUDAS PRIEST envoie encore et toujours du bois.


Setlist de JUDAS PRIEST : War Pigs (bande sonore) – Intro (bande sonore) – Firepower – Running Wild – Grinder – Sinner – The Ripper – Lightning Strike – Desert Plains – No Surrender – Turbo Lover – Killing Machine – The Great Manalishi (With The Two Prong Crown) – Night Comes Down – Guardians (bande sonore) – Rising From Ruins – Freewheel Burning – You’ve Got Another Thing Coming – Hell Bent For Leather – Painkiller

Rappel : The Hellion (bande sonore) – Electric Eye – Metal Gods – Breaking The Law – Living After Midnight – We Are The Champions (bande sonore)



             



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