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MOTOCULTOR 2019 @Saint Nolff
Par VOLTHORD le 15 Août 2019
Publié le 24 Août 2019 Consulté 8658 fois

Le MOTOCULTOR cette année, on en a bavé mais on s’est pris de belles claques.
Première fois pour ma part que je me rendais en Bretagne, et pour résumer très rapidement l’expérience de cette édition 2019 je dirais les choses suivantes :
Partir le jeudi matin des Alpes et espérer voir des groupes avant 21h, ça tenait réellement de l’optimisme forcené (j’en tirerai une leçon),
Une fois installés tout baigne, les surprises musicales étaient au rendez-vous, et pas forcément là où on les attendait.
Le son globalement bon (on m’a dit qu’en comparaison au Hellfest, c’était du caviar, ça me donne quand même envie d’éviter le Hellfest, du coup)
Et en tant que Black Metalleux, j’ai été servi.
Oui, on était bien dans la boue et sous la pluie.


Crédit photo : Gael Mathieu


L’intro où je me plains



Donc l’arrivée était un peu laborieuse, quasi 45 minutes de bouchon pour se garer, une grosse quinzaine de minutes de marche, une file d’attente immense pour le camping (qui s’est brusquement débloquée). Bref, on est arrivés à 18h à Saint Nolff, on entrera dans le festival qu’aux alentours de 21h pour EXCALIBUR. En folkeux notoire, autant je me doutais un peu que j’allais pas vraiment pouvoir être là à temps pour voir CORVUS CORAX (que j’avais quand même trèèèès envie de voir) et STILLE VOLK, autant je me mords les doigts d’avoir loupé ALAN STIVELL, programmé à 19h40 (heure à laquelle on était dans un bouchon de l’enfer avant le parking).

Ce sera le bémol de cette édition : la logistique du premier jour vraiment loin d’être optimale. Pour le reste du festoche, on aura de la bouffe variée (le plat du jour vegan était top), des chiottes sèches bien entretenues et un enchaînement ultra fluide entre chaque scène. On pourra toujours rager sur le fait qu’on avait pas de quoi se faire du café avec un réchaud le matin, que les files d’attentes étaient longues, et que voir des militaires qui patrouillent sur le campement, c’est quand même abusé… on pourra difficilement mettre tout sur le dos de l’orga. En tout et pour tout, ce festoche valait l’aller retour.


Crédit photo : Gael Mathieu


Le reste où je me plais



Alors pour faciliter les choses, je vais vous faire un petit top plutôt que de tout faire jour par jour. Si vous ne voyez pas certains groupes, c’est soit que j’y étais pas, soit que j’ai rien à en dire.

Les moments de grâce



CARPENTER BRUT (Synthwave)
Alors là c’est un peu prendre le truc par la toute fin, comme la synthwave des français sera le dernier concert que je ferais.
Et bordel quelle branlée. J’ai encore le final "Le Perv" / "Maniac" dans la tête et je m’en débarrasserai pas de sitôt, tant la montée en puissance de l’un et la communion ultime (quoique fastoche) que crée le second aura définitivement mis tout le monde d’accord. Déjà vu à Lyon avec un son plus cradingue que ça, dès lors que CARPENTER BRUT est bien sonorisé comme c’était le cas ce dimanche soir, c’est un enchaînement de tubes tous aussi accrocheurs les uns que les autres. Pas totalement convaincu par "Leather Teeth", les titres que le groupe joueront de cet album permettront en fait des variations rythmiques ou des apports de chants bienvenus (l’invisible Garm sur "Cheerleader Effect", titre que je trouvais plutôt bof jusque là).

HENRI DES AND ZE GRAND GAMINS (Chansonnettes métallisées)
Sans doute le concert "rare" qui a cette année fait la différence pour de nombreuses personnes : voir une version rock de Henri Dès dans une ambiance alcoolisée de festival metal. Alors la bonne mine bienveillante du Henri le plus acclamé de tous montrait parfois qu’il était assez peu à l’aise avec la nouvelle donne de gens qui slamment et de chenilles / pogos d’une foule assez peu attentive aux paroles. Par ailleurs, commencer le set par "Mélasse, quand je mets les doigts" constituait un pied de nez assez dangereux vue la boue que GRONIBARD s'est littéralement pris dans la tronche la veille.
Le Motocultor était conquis d’avance, ou simplement prêt à tout pour se trouver une excuse à une débauche gentillette mais généralisée. Je me rends compte pour ma part qu’hormis deux trois trucs ("Les Bêtises", "La P'tite Charlotte"...) je me rappelle assez peu des chansons du Dès le plus Henri. Je préfère me laisser porter par le pogo-calin et écraser par les "wall of dès". Une expérience si intense qu’il était absolument impossible pour moi de reconfigurer mon cerveau devant IHSAHN, à qui je préfèrerai un sandwich fromage chips au camping.


Crédit photo : Gael Mathieu


ANATHEMA (Rock plus si mou)
Pour digérer la journée pluvieuse du samedi, ANATHEMA me paraissait un meilleur choix de clôture que MARDUK-sous-la-pluie. Bien que j’avais baillé aux corneilles la dernière fois que je les avais vu (pour la tournée de "Distant Satellites"), les Anglais ont, grâce à "The Optimist", redynamisés leur set : la triplette "Can’t Let Go", "Thin Air" et "Springfield" me donne plus que jamais envie de me replonger dans ce dernier opus. Les frères Cavanagh étaient non seulement content d’être là, mais également dans une forme et une ouverture vers le public qui ne m’avais pas frappé auparavant. Entre quelques tempos soutenus (notamment un "Fragile Dream" bienvenu), les moments plus calmes taperont dans leurs plus beaux exploits des dernières années : "A Natural Disaster", "Closer" ou encore "Untouchables", simplement merveilleux à entendre.

VAMPILLIA (post-black)
Post-metal extrême japonais, épaulé sur scène de Neige d’ALCEST, j’ai eu le malheur de manquer 10 minutes de ce mélange d’émotion et de furie, de délicatesse et de brutalité, d’idiotie et d’état de grâce. VAMPILLIA a un jeu de scène complètement déstructuré où chaque membre semble vouloir jouer dans un groupe différent (notamment le chanteur, en mode "hardcore" même dans les passages les plus aériens), et c'est étrangement ça qui rend le spectacle d'autant plus hypnotisant.
Un live Youtube de 50 minutes vaut mieux qu’un long discours, et essayez d’imaginer la présence d’une chanteuse soprano et les interventions de Neige par dessus, et vous aurez une idée de ce que le Motocultor a vécu ce jour-là :




Les excellents moments



LES RAMONEURS DE MENHIR (Punk)
Après quelques minutes de NOFX (qui étaient très funs mais d’autres besoins se faisaient sentir), je me suis rabattu après un long vagabondage sur les RAMONEURS DU MENHIR. Tout le monde semblait avoir déjà vu au moins 5 fois le Punk celtisant des Bretons, moi c’était la première. C’est amusant, souvent cliché, mais ça rentre bien dans la tête et l’énergie que ça dégage est revigorante. Avec une sonorisation franchement correcte et peut être une petite déception que le groupe n’ait pas de vraie batterie sur scène, ça reste le meilleur moment du Vendredi.


SOLSTAFIR (Post-chose)
Attitude à la fois branchée et évasive, les Islandais planaient au-dessus de nous et si j’ai décroché depuis le "mi-figue mi-raisin" "Ótta", l’enchaînement de titres accrocheurs et d’ambiances prenantes rendait le show enivrant et rêveur.
Le prix du voyage le moins cher du festival.


Crédit photo : Gael Mathieu

NYTT LAND (Pagan folk)
Le duo sibérien avait le difficile rôle de commencer une journée du samedi qui s’annonçait rude. Envoûtant et tribal, c’est surtout la voix de Natasha Pakhalenko qui appelait à un moment intense d’introspection.
Sans doute bien aidé par la Hype que créent WARDRUNA et HEILUNG, NYTT LAND en est une version à la fois plus sobre et allégée, tout aussi rituelle, peut-être plus pointue et plus rébarbative. Toujours est-il que l’heure passée en leur compagnie aura fait mouche, et que dans tous les cas,quand il y a du Nyckelharpa (ou assimilé) et des tambours, je pars déjà très très loin.


THIRD MERIDIAN (Post-rock)

Convaincu au dernier moment d’aller devant la Massey Ferguscène, je remercie mille fois la personne qui m’aura traîné devant ce show. Le post-rock des vannetais n’avait pas d’équivalent sur ce festival : il convoquait de belles images en tête, en projetait de toutes aussi belles sur scène.
Sans réellement révolutionner le genre (que je connais assez peu), le set m’a malgré tout paru bien trop court tant je m’y plaisais, baigné dans un rêve éveillé bourré d’émotions et de nuances.

TRIBULATION (Death goth)
Sans bénéficier d’un son incroyable (globalement, la Supositor avait tendance à crachoter), le Death vampirico-gothique de TRIBULATION était une révélation.Côté scène Jonathan Hultén, guitariste androgyne survolté porte une grosse partie du show sur ses épaules. Côté son, on est proche des premiers MOONSPELL ou PARADISE LOST, avec un vernis heavy modernisé mais jamais formaté, tout juste ce qu’il faut de mélodie et d’énergie, les Suédois ont des compos ultra solides sur le coude (l’entrée en matière "Melancholia", le très doom "Strange Days Beckon" font particulièrement mouche).


Crédit photo : Gael Mathieu

GRONIBARD (Grind terreux)
Ayant loupé dix minutes de show, j’arrive au moment où le groupe s’insurge "qui est l’andouille qui m’a jeté de la terre". Alors il faut comprendre : il s’était un peu arrêté de pleuvoir, il y avait des gros bourrelets de paille, et il y avait GRONIBARD sur scène. Un peu en arrière, je voyais de loin virevolter la terre, qui atteignait la scène assez souvent pour que le groupe conclut "Vous êtes quand même des bons gros mongols".
Et quand c’est GRONIBARD lui même qui demande à son public d’être un peu plus mature, autant dire qu’on a passé un cap.
Bon sinon musicalement c’est toujours plutôt nul, mais allez, ça nous rappelle les années Lycée.

KADAVAR (Stoner)
Attitude 70s amusante, le stoner de KADAVAR m’a fait tenir de bout en bout. Des titres variés, un son excellent et une présence scénique incroyable : les Suédois sont bons, et c’est à peu près tout ce que ma maigre connaissance du genre peut dire.

MGLA (Black Metal)
Sous une pluie fine et à découvert sur la Supositor Stage, le show des Polonais gagnait en mystique. S’il était parfois difficile de discerner les riffs dans le vrombissement basse / batterie, la puissance et la posture statique mais impressionnante du groupe suffisent à assurer le show : furieux et hypnotique comme toujours, la nuit et la pluie en plus pour rajouter à l’ambiance. Il me semble bien avoir entendu "Age Of Excuse II" tiré de leur prochain album. Un aperçu des réjouissances à venir.


Les bonnes petites choses



HARAKIRI FOR THE SKY (post-Black)
Bien curieux de voir enfin les Américains sur scène, je n’ai pas été déçu : "Funeral Dreams" a été une révélation incroyable (comment avais-je pu passer à côté d’un tel titre bordel !), et le final "Calling the Rain" m’a laissé tout éperdu et diablement serein (ce que le post-black a tendance à très bien faire). Petit bémol sur le chant, nettement moins viscéral que sur album et presque étouffé. Rien qui n’empêche pleinement d’apprécier les compos.


Crédit photo : Gael Mathieu

AVATAR (Headbang facile)
J’avais jusque là du mal à comprendre l’engouement pour AVATAR, qui propose un metal moderne mélangeant des tonnes de machins (indus, heavy à refrain, gimmick burlesque…). Une fois au centre d’une foule survoltée connaissant tout par coeur, et devant un spectacle un peu poussif mais excellemment scénarisé, je dois admettre que le "plus vraiment" Death suédois fonctionne à merveille.


AU-DESSUS (Black metal)
Les Lithuaniens m’avaient parus nettement plus "post-black" sur album, mais on était la plupart du temps plus proche de MGLA que d’ALCEST. Tombé à un moment assez peu opportun, j’écoute d’une oreille pas des plus attentives, mais finirai tout de même par passer du côté du merch tant que ce que j’en entendais me plaisait.


MUSTASCH (Heavy Metal)
Je ne sais pas trop quoi faire de ce groupe. C’est le seul moment que j’ai passé à entendre des refrains heavy ultra calibrés et des riffs mélodiques classieux. Rien de révolutionnaire mais le groupe s’éclatait et le fait de n’avoir quasiment rien vu d’autre du genre faisait que j’allais pas bouder mon plaisir.

PENSEES NOCTURNES (Black Metal de carnaval)
Pas toujours sonorisé au mieux pour qu’on comprenne ce qu’il se passe, les longues compos burlesques et décalées de PN sont tout de même un sacré truc à voir en live. C’est pour le plus aéré et mélodique "Le marionnetiste", que j’aurais été le plus hypé, justement parce que les blasts assez systématiques des autres titres avaient tendance à noyer le reste.
Je retourne de ce pas me replonger dans leur ambiance de foire du trône apocalyptique, simplement unique dans le paysage black français.

Les Petites Couilles dans le potage



GAAHLS WYRD (Black Metal)
Gaahl avait l’air plus présent que les autres fois où j’ai eu l’occasion de le voir sur scène. Son chant surplombait tout le reste et les morceaux de GOD SEED et GORGOROTH s’enchaînaient, parsemés également de titres de l’album "Gastir - Ghost Invited" (notamment le furieux "From The Spear"), avec une sorte d’éminence que pour le moment le personnage n’avait pas réussi à me transmettre (je pige enfin l’aura que ce type a, il est jamais trop tard). Alors que j’attendais avec impatience d’entendre le captivant et plus éthéré "Carving The Voices", la pluie commençait à mettre la régie à rude épreuve et le concert a du être stoppé. Une énorme frustration.

FANGE (Sludge de fin du monde)
Etrangement, c’est sur la mainstage que le sludge / post-hardcore apocalyptique de FANGE passait étrangement sur la mainstage… on pouvait difficilement y échapper. Quelque part, le show était assez fascinant, avec un vocaliste qui aura quand même réussi à péter deux micros en l’espace de dix minutes à force de les faire tournoyer autour de son cou et aura même foutu une belle balayette à son pauvre bassiste sans défense. Finalement assez bien sonorisé, FANGE sonnait moins dégueulasse que ce que je craignais, mais juste à point pour nous laisser ses tripes bien à vue. Ca n’a pas non plus été une révélation, chose que j’attendais un peu, vu la bonne réputation que commence à se traîner le groupe.
Bref, le moment demeurait complètement anarchique et le déchaînement de violence malgré tout assez dingue. Je dois admettre que je restais davantage pour voir si le vocaliste allait pas finir par montrer sa bite ou s’éclater directement le crâne sur l’ampli. Curiosité malsaine, parfois tu as du bon.

ELUVEITIE (Death Folklo Mélo)
Sonoriser 9 musiciens n’est pas chose aisée, et ELUVEITIE en a quelque part un peu fait les frais (beaucoup moins que KORPIKLAANI le dimanche par ailleurs). Le chant de Fabienne Erni avait, de là où j’étais situé, une réverb pénible, et les instruments étaient une mayonnaise foirée où on entendait plus ou moins tout mais difficilement une vraie cohésion d’ensmble. Tout de même heureux d’entendre les titres de l’excellent nouvel album en live (il manquera "Slumber", mais je prends quand même), j’en ressors à la fois satisfait mais un peu mitigé. ELUVEITIE a fait le job, mais pas de grosse claque non plus.


PRIMORDIAL (Pagan Metal)
J’ai vu "Where Greater Men Have Fallen" en live, et je suis content.
Mais sinon, plus on avance et moins j’aurais de chance de voir le PRIMORDIAL que j’adorais sur scène(celui de "Gathering Wilderness" et "To The Nameless Dead"), et les titres joués ce soir, principalement tirés des deux derniers opus, m’auront amusé mais pas vraiment subjugués.



Je lâche tout de même une petite dédicace à MIDNIGHT, qui était tout à fait fun avec son black’n’roll old school (je n’ai regardé que quelques titres), à HYPOCRISY que j’ai trouvé immonde mais aussi faut dire que j’avais faim, à SOILWORK qui a été une bonne bande sonore lorsque je bouffais un ersatz de Tartiflette, à ABORTED que j'ouïs durant un de ses longs passages aux toilettes comme on les redoute en festival, à UNDEAD PROPHECIES qui avaient des costumes marrants, à WOLVENNEST qui avait l’air super chouette mais la mauvaise idée de jouer en même temps que GRONIBARD, et enfin à BLOODBATH qui arrivait en tout tout dernier groupe du festoche, et que du Death en costard, bah, bof bof.

La déception



EXCALIBUR
Je ne sais pas si c’était réellement une déception mais il y a quand même une grosse partie du jeudi qui était dédié au show "anniversaire" du groupe de prog rock d’Alain Simon : deux heures de live extrêmement mal sonorisée (les instruments solistes s’entendaient mal, le résultat était globalement brouillon), des titres parfois bien, parfois extrêmement kitsch (le chanteur d’Ange est venu faire un titre aux consonances africaines qui n’avait absolument rien à voir avec le reste). Se succèdent des noms sans doute prestigieux mais qu’à mon avis le public du Motocultor dans sa majorité n’était pas en mesure d’apprécier (j’ai aimé voir la chanteuse de PENTANGLE, mais elle avait pas l'air du tout à l’aise et son morceau était un peu moisi), et on se demandait vraiment comment c’était possible de chier à ce point la sonorisation.
Bref, je suis resté une petite demi heure pour finalement aller me requinquer au camping.




Il n’y a pas de conclusion à ce Live Report. Supportez la scène locale, mangez équilibré, craignez à tout moment la chute de la civilisation en attendant l’été prochain ! Au plaisir de croiser vos tronches !


Le 25/08/2019 par BARTLEBY

HARAKIRI FOR THE SKY est un groupe autrichien.



             



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