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RHAPSODY REUNION @Brise Glace, Annecy
Par VOLTHORD le 26 Avril 2017
Publié le 28 Avril 2017 Consulté 8401 fois

RHAPSODY REUNION : "le dernier élan de Luca pour gratter les fonds de poche des fans et capitaliser une dernière fois sur la nostalgie de la grande époque !"
Voilà ce que je me disais lorsque j’ai découvert l'événement. La première date, et seule date en France, se déroulait dans l’excellente salle du Brise Glace d’Annecy, alors vous imaginez que dans la foulée j'ai réservé ma place, car cette carotterie ne pouvait se faire sans moi, c’est très certain.




Maintenant que je viens de prendre ma claque et de voir des musiciens sincèrement joyeux et débordants d’énergie, je retire toutes ces mauvaises pensées, d’autant plus que mon érection n’est toujours pas redescendue depuis les derniers notes d’un "Holy Thunderforce" aussi facile que dévastateur. Je la cajole, cette érection, car c’est la dernière fois qu’on aura l’occasion de les revoir ensemble sur scène, les franco-allemano-français, si les dires du groupe sont vrais (ce qui n’est peut-être pas le cas, des excuses de reformation, ça peut se trouver).

Par "ensemble", je veux bel et bien dire "sans Alex Staropoli", qui dans son coin a réenregistré avec son tout nouveau groupe, ONE-PSODY, les titres qui ont fait la gloire de son ancienne formation (et qui sera sans aucun doute une purge innommable, mais je ne vais pas tuer la peau de l’œuf avant de l’avoir cuit).

On va devoir se contenter de samples, de réadaptations et bricolages divers ou de euh… bah de personne d’autre. Le clavier enchanté se jouera tout seul ou ne se jouera pas. Et ça ira pour le mieux dans le meilleur des mondes, sans ironie aucune.


crédit photo : Alexandre Coesnon (Shoot em all)

La foule se remplit du public d’inadaptés habituels (moi y compris hein), on peut plus vraiment compter les fautes de goûts capillaires sur les dix doigts. Bien sûr, l’ambiance est à la gentillesse et à la courtoisie absolue, car la seule chose plus bienveillante et sympathique qu’un fan de speed metal, c’est deux fans de speed metal qui se renvoient la balle pour être le second à la pissotière. On compte ici les 1,5% de français qui ont voté Jean Lassalle parce qu’il avait l’air sympa et que son nez était rigolo. Sincèrement les gars, ne changez pas, avec vos pogos doux et vos embrassades des plus inclusives pour des moments de refrain-yaourts mémorables.

Comme annoncé, RHAPSODY va jouer "Symphony Of Enchanted Lands" en entier. Album acclamé, clé, culte, et pourtant clairement pas mon favori. Mais cela avait le mérite de sortir à la fois le groupe et le fan de sa bulle de confort.
La torchée de tubes débarque de manière presque trop abrupte : "Emerald Sword" en titre d’ouverture, c’est un peu manger le tiramisu avant la salade, mais peu importe. Je craignais un peu que le post "Eternal Glory" (toujours jouissif) soit un peu plus mou, mais le groupe avait fortement anticipé, vu qu’après "Beyond The Wings Of Infinity", morceau pas franchement facile à appréhender mais qui nous sort un peu du “Rhapsody à refrain” généralement favorisé en live, la bande à Luca a quand même intercalé le teutonisant "Knightrider of Doom". A ce moment on dit fuck au concept d’écouter SOEL dans toute sa continuité (je sais pas si Jean Scénario était dérangé par le manque de liant d’un morceau à l’autre). Pour moi le choc est tellement inattendu que je fonce m’intercaler au devant d’une fosse qui s’est instantanément densifiée, sans même la traditionnelle excuse du “je connais quelqu’un devant”.


crédit photo : Alexandre Coesnon (Shoot em all)

Puis Fabio, toujours hésitant entre son français hésitant et son anglais hésitant, nous invite au recueillement et reprend le cours de SOEL. Après la charge du morceau précédent, c’est le seul contexte où ça faisait du bien d’écouter "Wings of Cheesiness" la main sur le cœur. Anecdote : à ce moment, un mec avec le look de rôliste déphasé typique "cheveux longs / calvitie" était en train de se curer le nez et de se battre avec la crotte de nez qui passait de doigt en doigt. Si tu te reconnais dans ces propos, sache que tu n’étais pas discret, mais que la BO de ton combat sera à jamais gravée dans ma mémoire : je n’avais jusque-là aucun souvenir attaché à "Wings Of Destiny", c’est pour moi un angle mort total de SOEL. Chapeau l’ami d’avoir comblé ce manque.

"The Dark Tower of Abyss" (un poil creux avec tous ces samples), "Riding the Winds of Eternity" et "Symphony of Enchanted Lands" (écourté ?) nous donnent droit à quelques moments uniques. Si "Land Of Immortals" était prévisible dans la set-list (mais forcément excellent), autant dire qu’on s’attendait pas à se manger les violons de la Symphonie du Nouveau Monde juste après.
"The Wizard’s Last Rhymes", il fallait ça pour me rendre véritablement fou. Si le scénario avait tourné à la Bataclanerie je serais mort heureux. Il manquait plus que "Queen Of The Dark Horizons" pour m’achever définitivement par le bonheur. Et le PIRE c’est que Patrice Guers, juste après, commence son solo de basse avec en fond un sample tiré dudit titre.
C’est sale de me faire ça à moi RHAPSODY. Car malheureusement, c’est la seule chose que j’entendrais de ce titre. Mieux que rien tout de même, car voir le Patrice slapper son manche est un truc entre le groove, l’érotisme et l’epicness. La technicité dudit moment me passe au-dessus, mais chapeau le mec avec un chapeau !

Bon sinon rien à dire sur le reste à part que ça déboîtait sévère et qu’il n’y avait aucun “faux pas” (comprendre "titres post-Power Of The Dragonflame").

Alors côté ambiance, ben, toujours fantastique de voir différentes générations de Meuporgueux à lunettes se ridiculiser ensemble et avec ferveur dans leur yaourt (et là, plus tu y vas avec assurance, plus ça passe, rien à voir avec la connaissance des textes), les fans de RHAPSODY sont toujours les meilleurs, on vit hors du monde réel, envers et contre tous. Le groupe a toujours l’air de vivre sa musique au premier degré absolu, ce qui intensifie le côté merveilleux de la chose. Une choriste appelée en duo avec Fabio sur "Symphony Of Enchanted Lands" ira même jusqu’à lui effleurer langoureusement la main comme dans une représentation théâtrale niveau collège. Le pied total.


crédit photo : Alexandre Coesnon (Shoot em all)

Les interactions avec le public c’est pas encore ça par contre. Le côté “scène test” est assez (trop) visible. Fabio se sent tantôt chauffeur de salle, tantôt Jacques Martin (“alors c’est quoi ton prénom ? est-ce que tu veux venir chanter ?”). Et sur ce second point, on n'a pas succombé à deux trois petits moments de gêne, où notre charismatique italien a demandé à des membres isolés public de venir chanter avec lui sur scène… mais sur des titres moins connus où la propension de types connaissant les paroles parfaitement était homéopathique. Et lorsqu’il commence à chanter tout seul du Pavarotti (Puccini, un pote me reprend dans l’oreillette), il se sent quand même un poil seul.

Petit message donc : FABIO, PERSONNE ne viendra chanter “Nessun Dorma” en italien avec toi ! Plusieurs raisons à ça : 1/ l’italien, ça met déjà tout le monde en échec, et on n'a pas non plus envie que vous nous jugiez pour notre accent 2/ c’est un putain de morceau d’opéra, pourquoi tu me demandes pas juste de faire “hey hey”, c’est la SEULE CHOSE que les metalleux savent faire, et 3/, dernier point non négligeable : ce titre, tout le monde s'en bat ! a minima, “Lamento Eroico” aurait été une bonne base de départ !
Je me suis demandé pendant un moment s’il n’allait pas dire un truc du genre “Alex Staropoli n’est pas là ce soir, alors qui veut venir exécuter le solo de clavier sur le prochain titre ? Personne dans la salle ? Déception !”. Et une fois le moment de gêne passé, Fabio semble plutôt passer à autre chose que rebondir sur l’aspect amusant de la situation.

Donc si l’interaction avec le public était naturellement joviale et sans prise de tête, elle n'était parfois pas très facile. Peut-être le groupe aura plus de chance en Amérique latine pour les prochaines dates, mais un changement de stratégie s’avèrerait pertinent.
Outre toute cette ironie mal placée de ma part, putain le groupe se faisait plaisir ! Contrairement à la dernière tournée qu’ils avaient faite ensemble en 2011, chroniquée ici même, les musiciens donnaient un vrai sentiment d’unité, et ça c’était beau !

En conclusion, deux heures de concert aux petits oignons pour moi vu que le groupe n’a pas joué un seul titre des albums post “Power Of The Dragonflame”, confirmant ainsi la théorie selon laquelle il n’y a rien de véritablement intéressant après cet album (non, même SOEL 2 n’a pas eu son heure, rien à putain de battre, c’est la tournée rétropsody), avec de l’énergie, du sourire, de l’embrassade de fratrie et un son ma foi tout à fait correct bien qu’un peu trop porté sur la batterie.

20 ans plus tard, RHAPSODY est toujours un des meilleurs groupe du monde, même dans ses derniers instants.


crédit photo : Alexandre Coesnon (Shoot em all)

Set list :

Emerald Sword
Wisdom of the Kings
Eternal Glory
Beyond the Gates of Infinity
Knightrider of Doom
Wings of Destiny
The Dark Tower of Abyss
Riding the Winds of Eternity
Symphony of Enchanted Lands
Solo de poum-tchak par Alex
Land of Immortals
The Wizard's Last Rhymes
Solo de didoum didoum par Patrice
Dawn of Victory

Rappel :

Rain of a Thousand Flames
Lamento Eroico
Holy Thunderforce
In Tenebris



             



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