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DEMILICH + SPECTRAL VOICE @ Backstage (75)
Par POSITRON et T-RAY le 17 Septembre 2018
Publié le 29 Octobre 2018 Consulté 4230 fois

DEMILICH + SPECTRAL VOICE @ O’Sullivan’s Backstage by The Mill

T-Ray - L’événement de la rentrée Death Metal à Paris n’était autre que le show de DEMILICH, bien entendu. La formation nordique, auteur d’un seul mais séminal album, technique comme pas possible, "Nespithe", s’est offert une tournée européenne pour fêter les vingt-cinq ans de l’opus. Naturellement, Positron, fan absolu du disque et du combo, a répondu favorablement lorsque je lui ai proposé de m’accompagner, le lundi 17 septembre dernier, à l’O’Sullivan’s Backstage by The Mill, pour apprécier ce concert événement.



Finalement, à peine 200 personnes étaient au rendez-vous dans la petite salle au plus fort de la soirée, certaines d’entre elles ne s’étant d’ailleurs pointées que pour DEMILICH. Comment leur donner tort ? D’autant que la prestation, en première partie, du prometteur SPECTRAL VOICE, venu promouvoir son remarquable premier album, "Erroded Corridors Of Unbeing", n’a pas été du tout à la hauteur de l’événement… Malgré tous les efforts des musiciens ! Le quartette de Doom Death, en effet, fut la proie de problèmes techniques tout au long de sa prestation, alors que tout semblait devoir se passer comme sur des roulettes.

Le soin apporté à la mise en scène n’avait évidemment rien à voir dans l’affaire. Sur une musique de fond hypnotique, à base de basses fréquences, évidemment, les premières volutes de brume (artificielle) enveloppaient déjà les instruments lorsque les quatre Américains débarquent sur scène afin d’allumer les chandelles nécessaires à poser l’ambiance funèbre de sa musique. Mais il faudra attendre quinze bonnes minutes supplémentaires pour les voir revenir empoigner leurs instruments et envoyer le pâté.



Car c’est du gros pâté, goûtu, que le Doom Death lourd et menaçant des quatre gaillards de Denver. Enfin, goûtu, en temps normal. Car d’emblée, la chape de basses laisse peu échapper des autres fréquences pourtant nécessaires à la bonne appréciation du style du groupe. Difficile, dans ces conditions, de reconnaître les morceaux qui, pourtant, se détachent parfaitement les uns des autres sur album. D’autant plus difficile, même, que le batteur et vocaliste, Eli Sendler, est tout à fait inaudible derrière son micro !

Voilà la plaie dont a souffert SPECTRAL VOICE durant toute sa première partie : l’absence presque totale de son en sortie de micro voix. Le premier titre, "Visions Of Psychic Dismemberment", est ainsi apparu comme un long tunnel de Doom Death caverneux sans issue. Pas de quoi empêcher le public de headbanguer, lentement mais sûrement, mais de quoi le priver d’une musique de qualité. Parce que, croyez-moi, le premier album de SPECTRAL VOICE vaut le coup d’oreille ! Il faudra attendre les cris les plus aigus du chanteur pour distinguer enfin sa voix, perdue au loin derrière le flot de notes de guitares, de basse, de coups de baguette et de pédale.



À l’occasion d’une pause entre deux titres, la formation aura bien tenté de corriger les éventuels problèmes de branchement du micro ou d’amplification… Mais rien n’y a fait. Une vraie voix spectrale que celle de Sendler, finalement ! Et comme un clou sur le cercueil du concert des Ricains, lorsque le groupe s’est décidé à éteindre les chandeliers qui les entouraient pour installer une ambiance encore plus sombre, un rai de lumière venu du côté de la scène est venu casser l’ambiance. Et la casser pour de bon car l’un des deux guitaristes, chargé par ses compères de tirer le rideau séparant le backstage pour rétablir l’obscurité, n’est pas parvenu à débloquer ce foutu bout de tissu… Résultat, c’est un groupe énervé qui a mis fin à son show au bout d’une quarantaine de minutes, remballant son matériel en quatrième vitesse afin de faire place nette pour les stars de la soirée.

Setlist (partielle faute de mieux) de SPECTRAL VOICE : Visions Of Psychic Dismemberment - Lurking Gloom - Dissolution



Positron - J'ai mal à la nuque.

Après être plutôt bien rentré dans SPECTRAL VOICE malgré les menus inconvénients narrés par T-Ray, le reporter de l'extrême qui prend des notes entre les concerts comme un vrai pro tandis que je tente sans succès d'obtenir une bière sans perdre ma place, il y a le plat de résistance, le clou du spectacle, le cœur de l'affaire, bref, le la tête de liche, DEMI-AFFICHE.

Euh, la tête d'affiche, DEMILICH

Donc, bon. DEMILICH. Le patron du Death finlandais. Quelques démos, un album (qui tue plus que tes albums favoris) et c'est tout. Un hiatus très, très long et puis une reformation uniquement pour jouer en live (et aussi cette histoire de compilation anniversaire). Autant dire que le suspense sur le choix des morceaux est un peu limité. Et pourtant on aura la surprise de "Two Independent Organisms" issue de la démo "The Four Instructive Tales ...Of Decomposition" pendant le set.



Si vous avez lu, l’an dernier, mon Live Report sur CRYPTOPSY qui jouait "None So Vile" en entier, ne vous fatiguez pas c'est à peu près la même chose. Album qui tue + groupe en forme + son pas trop dégueu = grosse, grosse branlée. Voilà j'aurais peut-être manqué IRON METALLICA dans la fougue de leur jeunesse et je ne verrai jamais MANILLA ROAD mais j'ai déjà pris deux des dix meilleurs albums de Death Metal de l'histoire dans ma face de gamin fourré aux nachos au fromage (légère déception quant au manque de guacamole), comme quoi j'ai pas la vie si difficile.

Quelques points particuliers néanmoins sur ce live-ci : tout d'abord Antti (Boman, gratteux-vocaliste) qui fait des blagues pendant tout le set (« And now for something different.... not really », « This is death metal! We don't smile! »), récoltant, à côté de ses points légende vivante, un capital sympathie considérable. Deuxième point, et malgré l'éternel manque de clarté du son dans ce genre de salle (ce qui n'est pas tant un problème quand on connaît le disque par cœur), c'est la putain de puissance de feu. L'écoute de "Nespithe" à la production boueuse ne peut préparer à cette déflagration sonique. Certaines des meilleures compositions du Death Metal se retrouvent allaitées aux stéroïdes et encastrées dans un exosquelette sorti de vos fantasmes de nerds qui jouent à w40k, et ça te plie en deux.



Les blasts scient en deux comme des tronçonneuses, les ralentissements s'effondrent au milieu de la fosse comme des Balaenoptera musculus (plus connues sous le nom de baleines bleues) s'effondrant dans l'océan, tout ça avec une technique millimétrée presque désinvolte dans sa perfection métronomique. La voix est un peu sous-mixée quoique que pas autant que pendant le set de SPECTRAL VOICE mais, et malgré mes besoins quotidiens en bruuuuuurggglll, comment faire attention au rot d'un éléphant quand celui-ci te piétine allègrement la colonne vertébrale (pas de référence à TORSOFUCK je vous prie) jusqu'à l'enchaînement "When The Sun Drank The Weight Of Water"/"Raped Embalmed Beauty Sleep"/"The Echo", c'est-à-dire de quoi séparer la salle en deux : ceux qui tiennent debout, et ceux qui ont vraiment profité.

Et pour le reste c'est un grand concert de Death Metal – quoique pas tant mouvementé dans la fosse – le chanteur gueule, la foule gueule, tout le monde est content, que demander de plus ?

Voilà j'ai vu DEMILICH en live. Et j'ai mal à la nuque.



Setlist de DEMILICH : Inherited Bowel Levitation - Reduced Without Any Effort - The Sixteenth Six-Tooth Son of Fourteen Four - Regional Dimensions (Still Unnamed) - The Cry - The Planet That Once Used To Absorb Flesh In Order To Achieve Divinity And Immortality (Suffocated to the Flesh That It Desired...) - (Within) The Chamber Of Whispering Eyes - Two Independent Organisms → One Suppurating Deformity - And You'll Remain… (In Pieces In Nothingness) - The Putrefying Road In The Nineteenth Extremity (...Somewhere Inside The Bowels Of Endlessness...) - When The Sun Drank The Weight Of Water - Raped Embalmed Beauty Sleep - The Echo (Replacement)



             



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