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SYLAK OPEN AIR Day III par Steve
Par WËN le 5 Août 2018
Publié le 19 Septembre 2018 Consulté 5274 fois

Après une nuit réparatrice, il est temps de revenir sur les terres du stade Régis Perrin pour l’ultime journée de cette huitième édition. Petite anecdote, on a doublé le tour-bus d’ALESTORM sur l’autoroute. On se gare et on se rend vite compte que la fraîcheur n’est toujours pas au rendez-vous. Déjà, le soleil cogne.

BLOODSTORM :

L’autre chose qui cogne, c’est le premier groupe. BLOODSTORM fait lever son petit vent pour bien nous réveiller avec son Death Mélo. Ça commence sur de la déconnade ("Youhou Syyylaaaaak"), ça poursuit sur de l’énervé avec quelques boutades de temps en temps – présenter un titre qu’on ne va pas jouer, voilà qui est original. C’est juste assez pour montrer que la scène locale a de quoi investir de grandes scènes.



VOICE OF RUIN :

Après un passage à la zone VIP, un verre, je reprends ma traversée de l’enfer dans la chaleur et la poussière – passant à côté d’un marchand de chaussettes proposant aussi une contre-soirée, à la nuit tombée, un photomaton, un stand de glaces… –, alors qu’au loin, des grondements se font entendre, m’indiquant que le calme ne va pas revenir tout de suite.

Arrivé sur place, le réveil brutal se poursuit avec VOICE OF RUIN. Le groupe envoie la sauce comme il faut, grâce à son Death mâtiné de Hardcore, histoire de briser quelques colonnes vertébrales. C’est bon, ça se permet des mélodies bienvenues, ça fait son effet et, malgré l’heure et la température, le public est déjà bien présent. Une petite preuve de la qualité de la formation helvète. Avant de les quitter, il me reste à ajouter une mention spéciale au guitariste venu aider le groupe en urgence. Le gars a appris à jouer les morceaux en deux jours. Une jolie performance qui peut donner envie à n’importe quelle formation de l’intégrer, surtout qu’il ne semblait pas mal à l’aise du tout.

BROKEN TEETH :

Tandis que je me prends un hot-dog pour me sustenter, un verre d’eau parce que c’est toujours aussi obligatoire, les coreux se préparent au centre de la fosse, en plein cagnard, prêts à en découdre.
Pas étonnant quand on pense au nom de la formation qui suit. BROKEN TEETH, ça n’invite pas forcément à faire des câlins tout doux (quoi qu’une photo prise en compagnie d’un Kiki laisse croire le contraire). Et l’arrivée des Anglais ne dément pas, avec du son direct qui part pour ne jamais retomber. Dale Graham aux hurlements complètements habités, nous prouve qu’on peut convaincre même en venant sur scène vêtu d’un simple short de pyjama. Petit bémol cependant : un festivalier a cru malin d’utiliser un pistolet à billes sur ses camarades. Il y en a qui ne comprennent visiblement pas que la bagarre dans le Hardcore, c’est pas pour de vrai. C’est quoi la prochaine étape ? Des pogos avec des battes de baseball ? Heureusement, la sécu a pris les choses en main et le rigolo a rapidement été reconduit à la sortie.

MANTAR (pardon, EIGHT SINS) :

Heureusement d’ailleurs, parce que les choses, si elles se calment un peu, ne vont pas pour autant devenir tendres. Oui, on continue dans le défouraillage avec EIGHT SINS remplaçant MANTAR au pied levé (ndlr : #LaTristesse). Suite à une intoxication à la pizza au Wacken, ces derniers ont en effet dû annuler leur prestation la veille, ce qui n’a pas manqué de faire naître quelques vannes dans la bouche de Loïc, au micro, vrai showman. « Bonjour nous somme MANTAR ! » ou « On remercie notre ami Gino Pizza pour nous avoir rendu service. » ne sont que quelques exemples d’un type visiblement content de fouler encore une fois les planches du fest.
Dans mes souvenirs de leur précédente prestation au Sylak, le mot « efficacité » résumait assez bien le groupe. Eh bien ce n’est pas aujourd’hui que je démentirai. C’est peut-être l’effet de la grande scène, mais je les trouve encore meilleurs que la fois précédente. Et mes collègues de foule ne semblent pas vouloir me contredire. Bon, entre mosh pits, circle pits, pogos, slams, ils n’ont pas forcément le temps de le faire, mais les gestes en disent déjà bien assez et en tout cas, la canicule ne semble pas les refréner.

ROTTEN SOUND :

Et bizarrement, ce n’est pas la même pour ROTTEN SOUND. Un groupe qui porte tout de même bien son nom, pour une violence qui prend une nouvelle ampleur. Musicale tout du moins, car si au niveau de la scène, les membres mettent toute leur ferveur dans leur jeu, avec du riff tranchant, niveau foule, ça se montre plus calme qu’auparavant. Peut-être le Death Grind est-il moins dansant que le Hardcore ? Ou alors, l’absence de quelques arbres, abattus en cours d’année, restreignant les zones d’ombre en est-elle la cause ? En tout cas, on évite de bouger et on se contente de suivre le rythme.

CARNIFEX :

Et ça, CARNIFEX (que j’appelais jusqu’alors CARNIFLEX, peut-être à cause des Corn Flakes) ne le veut pas. Les Américains désirent deux choses : c’est nous voir bouger, nous voir nous remuer et péter des cous. Ça, le chanteur, Scott Ian Lewis, nous le fait bien savoir en multipliant les appels. « Circle Pit! », « Finger in the air! »… En face, par contre, mis à part quelques slammeurs au taux de résistance plus élevé, on a une certaine tendance à l’apathie, la faute à cette maudite chaleur. Nul doute qu’avec quelques degrés de moins, l’ambiance aurait été tout autre. Qu’ajouter, sinon que scéniquement, ça bute ? Que c’est du sauvage, du violent et que ça ne nous apporte pas une seconde de répit ? Rien. Ça suffit.

Ah si : vraiment, dommage que la chaleur ait fait fondre les ardeurs.

TERROR :

Heureusement, la donne change. Il est plus de 18h, le soleil fait comme dans l’infanterie, la soirée se profile petit à petit, l’air devient plus supportable. Et surtout : TERROR. C’est bien simple : leur Hardcore, c’est exactement ce qu’on attend du style en live. C’est efficace, ça ne s’encombre pas de subtilités et ça bute. Sec. Le public devient enfin réceptif, bien aidé par un Scott Vogel qui se la donne et entraîne ses auditeurs avec lui. Une certaine folie s’empare des lieux, et Vogel se permet même d’accueillir un jeune ado au micro, pour une jolie scène où le frêle jeune homme impressionne. Ça pogote, ça slamme et ça arrive même à convaincre les réfractaires du genre. Si c’est pas un compliment ça ?

MUNICIPAL WASTE :

Et la pression ne retombe pas. Mieux, même, elle s’intensifie grâce à MUNICIPAL WASTE et son Thrash énervé. Mais quand je dis énervé, le mot est là. C’est rapide et hargneux comme jamais le genre ne m’avait semblé. Les gars arrivent à nous foutre un bordel monstre qui ne fait qu’empirer tout au long du set. Mention spéciale au "Wave Of death", moment pendant lequel le groupe demande aux spectateurs de slammer un maximum. Résultat, un véritable raz-de-marée de personnes surfant sur la foule, presque ingérable pour la sécurité et inphotographiable pour moi, mais un moment d’anthologie dont je me souviendrai longtemps.

DEAD KENNEDYS:

Malheureusement, la pression retombe un peu avec le premier et dernier groupe un peu plus calme de la journée. La différence est peut-être trop importante, je ne sais pas. En effet, les DEAD KENNEDYS font dans le Punk, mélangé à un soupçon de Rockabilly (ce qui me saute le plus aux yeux) et autres joyeusetés (Punk Hardcore, paraît-il, mais je n’en ai pas trop ressenti). C’est dansant et assez tranquille, mais le public manque un peu d’énergie, même si quelques fans chantent en chœur les paroles qu’ils connaissent sur le bout des doigts (pardon, de la langue). Les autres, par contre, remarquent un peu trop bien le manque d’énergie revenant de la foule. M’enfin bon, c’est pas parce qu’on s’appelle les DEAD KENNEDYS, que l’ambiance doit être morte ! Alors après un petit discours – nombreux sont les interludes second degré du groupe – pendant lequel Ron 'Skip' Greer, au micro, menace d’arrêter le concert, le set reprend et change du tout au tout. Bon, East Bay Ray et Klaus Flouride (guitare et basse, respectivement) restent concentrés sur leurs instruments, le show étant assuré par le chanteur, mais les morceaux se font plus rapides et nerveux, la foule suit et le tout ne va qu’en progressant pour finir sur une note on ne peut plus positive. Dommage pour ceux qui n’ont pas tenu jusqu’à cette seconde partie.

SEPULTURA :

Maintenant que ça, c’est fait, entrons dans le gros de la journée. Ce gros, c’est SEPULTURA. Tête d’affiche encore plus grande qu’ALESTORM, qui conclut pourtant cette édition. Pour les Brésiliens, tout le monde a encore un souvenir douloureux de la prestation des frères CAVALERA de l’an dernier. Et si certains sont restés bloqués à l’époque des deux frangins, leur départ (enfin, surtout celui du père Max) du groupe semble être la meilleure chose qui lui soit arrivée. Après des sorties fluctuantes, SEPULTURA a retrouvé sa hargne avec un "Machine Messiah" qui a l’air d’avoir convaincu ses auditeurs. De toute façon, quoi qu’on pense du groupe, il faut être d’une mauvaise foi assez phénoménale pour dire que, scéniquement, Max Monodread et son frérot ont fait une meilleure impression.

Non… Mais… Quelle… CLAQUE !

En front de scène (parce que Noémie, une collègue photographe m’a laissé son entrée au pit photo, merci à elle), elle est totale. Presque aussi forte que si Derrick Green, tout en muscle et en puissance, me l’avait assénée sur le coin de la gueule. Sa prestation est tout bonnement magistrale, tandis que de son côté, Andreas Kisser nous pond des soli de taré, à tel point qu’on se demande comment c’est humainement possible. Je crois que si j’avais eu l’autorisation, je serais resté dans le pit tout du long, histoire d’en prendre plein les yeux et les oreilles. Malheureusement, ce n’est pas possible, alors je me réjouis tout de même d’avoir eu droit à ces trois morceaux, et je vais me prendre une barquette de frites (un peu chaudes, quand même) pour finir d’assister à cette folie. Là, si SEPULTURA n’a pas réussi à faire taire les sceptiques, seul un professionnel peut leur venir en aide. Et le final, "Roots Bloody Roots", annoncé par un “Now, I want you to totally lose your mind”, ne fait qu’enfoncer le clou qui clôt le cercueil des CAVALERA.

ALESTORM :

Pour beaucoup les Brésiliens ont été le dernier groupe de cette édition. Normal : on est dimanche soir, et tout le monde n’est pas en vacances. Néanmoins, la masse est encore importante pour ALESTORM. Quoi qu’on puisse dire sur le groupe, qu’on aime ou non, c’est pile-poil ce qu’il fallait pour terminer le festival. C'est joyeux, c'est bordélique. Quand on les voit arriver, on ne comprend pas le concept. Alors qu’on s’attend à des gars habillés en boucaniers, on voit un canard en plastique géant, un keytar (chose qui me fera à jamais penser à Denver, le Dernier Dinosaure), des looks tous variés. Le seul élément vestimentaire rappelant un tant soit peu la piraterie, est le kilt de Christopher Bowes, le chanteur. Sauf que… Bah ça n'a rien à voir.

Musicalement et scéniquement, ça fait un job terrible. Tant de bonheur et de déconne, ça fait du bien et ça met le public dans un état ! ... Un peu comme s’il savait qu’il ne revivrait pas ça avant l’année prochaine… On oublie tout. La fatigue, les 25 concerts qu’on a déjà dans les jambes, la soif, la faim… Et le groupe en joue. Interrompre un morceau en plein milieu parce que le Wall of Death n’est pas parti au "GO!" de Bowes, réprimander le public avant de reprendre depuis le début... Tout le monde n’oserait pas le faire. Et le pire, c’est qu’en plus d’être inattendu et fendard, ça marche du tonnerre (je reprends une expression qui va bien avec un keytar). Je peux aussi parler du slam de leur canard géant, d’un bout à l’autre le la fosse pendant plusieurs minutes, et on a l’image d’une fin de festival réussie. À tel point qu'on ne se rend pas compte du quart d'heure de retard que le groupe a pris.


SEA YOU NEXT YEAR :

Voilà. Comme chaque année, le dimanche soir est un peu confus. Tous les sentiments se mêlent pour nous embrouiller l’esprit. On est heureux d’avoir vécu ces trois jours dans une ambiance toujours aussi familiale, malgré une première édition sold out, on est nostalgique de quitter les lieux, alors qu’en même temps, on est épuisé et on a envie de retrouver sa douche et son lit.

Bien qu’un peu terni par une canicule assommante, le bilan de cette année de bouchers est tout aussi positif que celui des années précédentes. Surtout que, quand-même, The Rock Runners a tout fait pour soulager la pesanteur de l’air : entre un brumisateur, des arrosages réguliers du public, un marchand de glaces… Pouvaient-ils en faire plus ? Oui, comme construire un dôme anti-UV autour du site, envoyer un arrosoir dans l’espace pour faire baisser la température du soleil, déplacer le SYLAK en Antarctique. Mais personnellement, je préfère que les gars se concentrent sur les groupes qu’ils font venir, pour une affiche qui me semble toujours plus aguichante.



             



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