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HELLFEST 2017 - Jeff on the road
Par JEFF KANJI le 16 Juin 2017
Publié le 9 Juillet 2017 Consulté 7481 fois

Nous concernant Chapouk et moi, arrivée la veille pour prendre possession des lieux. Peu de changements à signaler par rapport à mon précédent Hellfest, si ce n'est un accès VIP revu et corrigé, permettant de se rendre dans l'antre de la bête avec une aisance appréciable et de sortir carrément de l'enceinte du festival en un rien de temps. L'espace est vaste, et devant la tente presse sous laquelle on retrouve les responsables de l'orga (entre autres Ben Barbaud et Roger Wessier, le bus Gibson a été abandonné, au profit d'une sorte de préau en U où un écran et un retour console des mainstages nous attend, la deuxième maille à angle droit étant le bar VIP, le tout donne sur une petite terrasse ouverte qui donne sur un bassin alimenté par une cascade ; on se croirait à Center Parks, et c'est un peu l'impression qui se dégagera samedi après-midi, quand le soleil sera à son zénith.



Premier jour

Après une nuit blanche, avec l'impression d'avoir la tête qui va exploser à cause de la migraine et nos voisins au creux de l'oreille dans la tente (dont Mag et Ben, qui ont couvert le Wacken 2016 à ma place), en route pour accéder au Hellfest ! La cathédrale nous attend et le système de bip installé sur les bracelets fluidifie sacrément le trafic, de sorte que les longues files d'attente ont disparu ! Un accès via le VIP sera toujours plus rapide, mais pour le plaisir de pénétrer dans l'enceinte sacrée pour démarrer un pèlerinage de trois jours, y a pas mieux.

Il est 10h30 quand les rockeurs d'INGLORIOUS ouvrent les hostilités sur la Mainstage 2 avec ce Hard bluesy tout en nuances, nuances hélas pas mises en valeur par une sono qui compresse à mort. Le Hard Rock de l'ancien vocaliste du TRANS SIBERIAN ORCHESTRA est accrocheur, dans l'esprit d'un WHITESNAKE mais plus généralement de toutes ces formations seventies qui aiment les mélodies et Nathan James prend toute sa dimension en live. Le colosse a de la puissance à revendre et il nous permet de digérer un peu l'annulation de JØRN… Comme beaucoup de groupes de Hard à l'ancienne, INGLORIOUS se vit davantage sur scène que sur disque.

Vient ensuite le moment de jumper un peu avec SIDILARSEN. Les Français, qui ont tourné à l'automne avec MYRATH, ne mettent pas longtemps à imposer aux présents leur Teuf Metal aux relents de MASS HYSTERIA. Premiers à faire asseoir le public du Hellfest pour un moment de conclusion, on se quittera au refrain ultra fédérateur de son tube de 2014 "Des Milliards". Curieux de voir ce genre de groupe à 11h qui balance la sauce comme il le faut avec un son plus convaincant qu'INGLORIOUS.

Ensuite viennent les Tunisiens de MYRATH, qui délivrent un set compact arque-bouté sur son dernier opus "Legacy" même si à mon grand bonheur deux titres de "Tales Of The Sands" viennent conclure ce set de bonne facture mais pas exceptionnel, la faute à des chants pas forcément mis en valeur et un Zaher qui assure mais s'avère bien moins étincelant que lors des trois dernières prestations des Tunisiens à ma connaissance.

Setlist : Jasmin – Believer – Storm Of Lies – Nobody's Lives – Get Your Freedom Back – Madness – Merciless Times – Beyond The Stars

Après un BETRAYING THE MARTYRS convaincant et bien moins insupportable que dans mes souvenirs J'avoue ne pas comprendre grand-chose à cette nouvelle scène Prog Metal, assez largement mise en avant aujourd'hui sur les Mainstages avec ANIMAL AS LEADERS et TEXTURES, qui me semble moins content pour rien que les premiers, mais propose une musique pas vraiment digeste sur scène. Je vais tenter sur album en tout cas.

Séparation des équipes, le Hellfest sera largement couvert par Fenryl, Chapouk et moi-même. L'affiche très éclectique est à même de satisfaire un grand nombre d'auditeurs et à titre personnel je suis de plus en plus fan de la programmation de la Temple. Direction le set des Suédois de VALKYRJA, cette formation Black Mélodique, découverte par le biais de l'ami Mefisto, qui avait placé "The Antagonist's Fire" en sélection du site. Avec un son qui le met bien en valeur (une constante sous la Temple, le set d'EQUILIBRIUM notamment sera édifiant de ce point de vue), et le groupe propose un set carré, puissant, pas très éloigné de ce qu'avait proposé SATYRICON il y a deux ans dans des conditions similaires. Si le Black des Suédois n'est pas aussi accrocheur que celui des Norvégiens, on passe un très bon moment, et il ne faut se cacher, un peu d'ombre ne fait pas de mal vu le cagnard.

Vient ensuite le set de l'un de mes groupes de cœur : EVERGREY. Déjà vus en première partie de DELAIN pour Halloween, je retrouve une setlist similaire, bien qu'aujourd'hui ce soit "Leave It Behind Us" qui ouvre les hostilités, enchaîné avec le tubesque "Passing Through". Idéalement placé, je profite à fond des interactions des musiciens avec le public. Je ne crois pas avoir déjà vu Henrik Danhage sourire autant, lui qui est plutôt du genre taciturne. Jonas Ekdhal headgangue comme un dingue, et Tom Englund est en très grande forme. La prestation des Suédois est survoltée et l'accueil chaleureux que leur fait le Hellfest est apprécié à sa juste valeur par les musiciens, qui ne relâchent pas la pression, l'enchaînement final "A Touch Of Blessing"/"King Of Errors" est d"une efficacité redoutable, et je ressors du set avec la sensation d'avoir déjà l'un des concerts de mon Top 5 du festival. Je remarque néanmoins que l'emplacement joue beaucoup dans l'appréciation d'un concert Hellfest, en tout cas en ce qui concerne les Mainstages. De derrière la tour, le son semblait pas forcément équilibré (un peu le problème de leur date avec DELAIN, le son était moyen), alors que devant au troisième rang c'était vraiment proche de la perfection. J'aurai la chance d'interviewer Jonas Ekdahl peu après ce qui à mon grand désarroi me fera manquer le DEVIN TOWNSEND PROJECT…

Setlist : Leave It Behind Us – Passing Through – Distance – Broken Wings – Black Undertow – A Touch Of Blessing – King Of Errors

TÝR. Pour Chapouk la découverte sera du côté de Devin Townsend plus tard sur la Mainstage, pour bibi c'est tout de suite avec cette formation Heavy nourrie au Viking Metal vieux norrois des Îles Féroé. On m'a vendu ce groupe comme extrêmement communicatif sur scène et je ne peux qu'approuver. Sans aucun artifice, avec deux guitares, une basse et une batterie, TÝR peut compter sur l'organe séduisant de son frontman et sur les renforts de ses acolytes pour des chœurs guerriers et planants qui donnent une majesté dingue aux vikings sur scène. Les lights sont sublimes, le show parfaitement géré, Heri Joensen prend le temps de nous présenter les mélodies Folk en précisant d'où il les tire, avec une délicatesse pour les créateurs que n'ont pas tous les artistes. Encore une formation qu'il va me falloir découvrir sur disque. L'une de mes plus agréables découvertes du Hellfest 2017.


Le temps de rejoindre Chapouk et mes comparses à l'arbre Hellfest et déjà QUEENSRŸCHE ouvre les hostilités avec un extrait de "Rage For Order". La formation, amputée de son batteur Scott Rockenfield (qui pouponne) est renforcée par Casey Grillo (KAMELOT), avec moins de groove à la clef (flagrant sur "Eyes Of A Stranger"). Malgré les conditions, on ne peut s'étonner de voir le groupe défendre aussi peu les deux derniers opus sortis avec la formation actuelle… Todd LaTorre est certes imprenable en live (contrairement à Geoff Tate) mais malgré le plaisir d'écouter des "Take Hold The Flame" et "Queen Of The Reich", j'ai la désagréable impression de déjà-vu, là où le groupe m'avait soufflé en 2014. Presque la sensation d'écouter un tribute band avec les membres d'origine… Bon à leur décharge, la chaleur commence à avoir raison de mes ardeurs !

Et le moment attendu pour moi c'est POWERWOLF ! Du genre long à la détente, ce n'est que depuis l'an dernier que j'ai enfin pénétré l'univers burlesque des Allemands, et ce grâce à "The Metal Mass Live". Rattrapage effectué sur les albums et mes favorites en tête j'attends le show pour passer mon rattrapage. Et là je passe un moment fabuleux. Attila Dorn est un vrai frontman, qui sait parler à une masse de gens en même temps, surtout que le bougre se débrouille très bien dans notre langue ! C'est une avalanche de classiques qui sont enfilés comme des perles par le combo germain et on en redemande. Attila est visiblement motivé par nos voix sur "Werewolves Of Armenia". Il faut profiter de ces sets Heavy comme le Hellfest n'en a rarement autant proposé (l'affiche est peut-être la plus équilibrée des éditions du Hellfest dont j'ai eu connaissance pas en répartition sur les trois jours mais en termes de styles.

Setlist : Blessed And Possessed, Army Of The Night, Amen & Attack, Coleus Sanctus, Armata Strigoi, Resurrection By Erection, Sanctified By Dynamite, Werewolves Of Armenia, We Drink Your Blood

Direction les RAMONEURS DE MENHIRS, une revanche pour moi car la foule dense et la poussière m'ont empêché de les voir il y a deux ans. Pour cela, merci aux organisateurs d'avoir entièrement revu les accès et la configuration de la Warzone. Mais j'ai beau ne pas craindre la bombarde au bout d'une heure ça commence à gonfler. Bonne ambiance au programme et anarchie bien organisée au programme. Même si ce n'est à la base clairement pas ma came, j'aurai enfin écouté "Porcherie" en concert par une des têtes pensantes de BÉRURIER NOIR.

Je veux être parfaitement placé pour SABATON et pour cela je me place en face de la scène aux portes du futur pit pour profiter de la fin du show de DEEP PURPLE. Comme j'en avais l'impression en rejoignant la Warzone plus tôt, le vétéran du Hard Rock semble en forme (le set s'ouvrait sur le single du dernier album), ce qui n'est plus hélas une garantie. Mais Gillan est convaincant (belle version de "Space Truckin'"), et le spectacle est surtout du côté de Roger Glover, qui occupe toujours aussi bien la scène, avec son sourire caractéristique et de Don Airey qui abat un boulot absolument fabuleux. Un dernier duel flamboyant avec Steve Morse sur "Hush" et c'est terminé.

Introduction vidéo et arrivée sur son tank, aux couleurs du dernier album des Suédois, SABATON débarque et nous assène le rouleau-compresseur "Ghost Division" d'entrée. La foule devient dingue et les pogos valent bien ceux de KREATOR. Le groupe est en forme et délivre son Heavy taillé pour ce genre d'évènement avec une maîtrise impressionnante. J'observe d'ailleurs le changement de statut du groupe, aujourd'hui leader d'une scène, et gros outsider il y a encore cinq ans. Le groupe n'a plus cet élan juvénile qu'il avait sur la tournée "Carolus Rex", mais une assurance de vieux loup de mer. Joakim Brodén est toujours un frontman excellent, et la tâche n'est pas aisée car POWERWLF a mis la barre haute. Mais SABATON est encore une fois une bête de scène et pioche habilement dans ses différents albums anciens (ahh ce "Screaming Eagles") comme nouveaux ("Sparta" et ses Uh! Ah! Qui font un malheur), et Joakim Brodén ne se défait pas de son sens de l'humour quand il évoque l'ultime sacrifice lié à son temps de jeu et qui consiste à fermer sa propre gueule. Et il le fera au sens propre quand le gagnant du concours Metallian, Laurent, montera sur scène, ému, pour entonner "Swedish Pagans" dont les oh oh résonnaient déjà dans la foule depuis deux ou trois morceaux. SABATON est clairement une formation live de premier ordre, comme l'était encore HAMMERFALL avant son break.

Setlist : The March to War – Ghost Division – The Art Of War – Carolus Rex – Screaming Eagles – Sparta – The Last Stand – Winged Hussars – Swedish Pagans – Night Witches – Primo Victoria – Shiroyama – To Hell And Back

Rob ZOMBIE débarque sur la mainstage avec un show des plus soignés. L'Américain, bien entouré (de John 5 notamment) vient nous jouer l'intégralité du dernier album de WHITE ZOMBIE, sa précédente formation, l'occasion d'apprécier ce Metal Indus qui vient répondre à MINISTRY sur un mode plus visuel et branché film d'horreur. J'avoue que la fatigue m'assomme, et malgré ses qualités, "Astro-Creep 2000" avait ses moments de flottement, même s'il est évident que "More Human Than Human" reste un grand moment, qui s'accorde à merveille avec les "Living Dead Girl" et "Dragula" que l'ami Rob ne manque pas de décocher sur la fin de show.

C'est exténué que je me rends sous la Warzone pour le set des DAMNED. La légende du Punk qui ouvrait en 76 pour les SEX PISTOLS a toujours une classe folle, surtout concernant son vocaliste qu'on croirait réchappé de STEPPENWOLF et d'un Captain Sensible, Gibson SG en main (c'était sa trogne qui ornait le premier album référentiel du Punk sorti en 1977) qui fait le show... à la Punk, en se jetant partout, et en criant des conneries random au micro. Je suis malheureusement trop mort pour apprécier la performance du quintette à sa juste valeur...


Deuxième jour

Ce sont les DEAD DAISIES qui vont ouvrir les hostilités me concernant, la courte nuit, la chaleur et le sommeil absent de la nuit d'avant formant un cocktail explosif. Cette formation américaine, dont étrangement je n'entends pas plus parler que ça, est un supergroupe impressionnant dans la maîtrise de son Hard Sleaze qui sent bon la Californie, profitant des talents de Brian Tichy et Doug Aldrich (ex-WHITESNAKE), John Corabi (ex-MÖTLEY CRÜE), Mark Mendoza (un peu tout le monde, TWISTED SISTER). Autant dire que ça joue, que le feeling est au rendez-vous ! Une formation dont il faudra vous parler de toute façon, vu qu'elle a déjà trois albums et un live au compteur !

Ensuite, comment ne pas assister au show à la maison des allumés d'ULTRA VOMIT ! La foule est conséquente à cette heure matinale, et les quatre membres qui saluent avec fierté la foule au son du générique de Fort Boyard depuis la Mainstage 1 vont enchaîner les moments de rire ! Entre la politique revue et corrigée version "Pipi Vs Caca" et "La Ch'nille" façon "Une Souris Verte", des tubes absolus comme "Les Bonnes Manières", "Quand J'Étais Petit" ou encore "Boulangerie Pâtisserie" ou encore "Un Chien Géant", le jour où TAGADA JONES doit jouer sur la Warzone. Le final constitué de "Je Collectionne Des Canards" (avec la complicité du complice d'ANDREAS & NICOLAS), "Kammthar", "Quand J'Étais Petit" et "Évier Metal" nous achève et il ne sera pas rare d'entendre résonner des "Évier Metal" pour le reste de la journée. 40 min de set, 16 titres, Veni, Vidi, Vomi !

Direction ensuite la Temple pour assister au show visiblement attendu d'IGORRR, l'artiste multi-facettes que j'ai découvert sur le dernier sampler de Rock Hard. Je fais confiance à Chapouk qui connaît depuis des années. Comment vous dire ? Avec une chanteuse lyrique aux accents rugueux, pas très éloignée de ce que ferait une Agnete Kjølsrud (DJERV), un batteur et un DJ, et un vocaliste à mi-chemin entre le panda corpse-painté à la WATAIN et l'homme de Cro-Magnon. C'est assez hypnotique, mais pas comme un concert de Doom, plutôt déstabilisant en fait, vu le mélange un peu improbable mêlant furie Black, chant lyrique d'inspiration renaissance et Electro pure.

Sans bien comprendre ce qui vient de m'arriver, petit tour au VIP. J'aperçois sous la tente Gibson la fin du set de The TREATMENT et je me dis que j'aurais bien aimé voir leur set, car outre un vocaliste impliqué les mélodies sont accrocheuses. Et là deuxième grosse découverte après TÝR : EREB ALTOR. Présentés comme les héritiers du BATHORY viking, les trois Suédois pratiquent un Viking Metal (étrange non ?) à la fois guerrier, atmosphérique et planant. Le mélange voix claires et planantes, associé à de plus rares salves black m'a séduit, clairement un groupe (à la discographie déjà étoffée) que je dois creuser.


J'avais un pote à convaincre. PRETTY MAIDS il se disait pourquoi pas… Mais comme une bonne frange des amateurs de Heavy Speed, la formation danoise semble avoir tout pour plaire a priori, de l'hommage rendu fin des nineties par HAMMERFALL, des titres Speed accrocheurs et des mid-tempi mélodiques qui le sont tout autant, au charisme de Ronnie Atkins qui occupe la scène avec envie et rage. Pourtant, la facette plus FM qui ressort sur "Little Drops Of Heaven" a tendance à déstabiliser. Je reconnais être particulièrement friand de la versatilité de PRETTY MAIDS et pour autant il opte aujourd'hui pour un set Heavy, compact et sans fioriture, à l'image de l'ouverture "Mother Of All Lies" enchaîné à "Kingmaker", soit la dose qu'il faut de claviers et de riffs puissants actuels, avant que les chœurs de Carmina Burana ne débarquent pour servir de rampe de lancement à "Back to Back" pour un retour en arrière puisque sur neuf titres joués aujourd'hui, quatre sont extraits des deux premiers opus. Je suis ravi d'avoir droit à "Pandemonium", l'un de ces disques qui ont contribué à remettre PRETTY MAIDS définitivement dans le jeu. Je ressors enchanté par la prestation du quintette.

Setlist : Mother Of All Lies – Kingmaker – O Fortuna/ Back To Back – Red Hot And Heavy – Rodeo – Pandemonium – Bull's Eye – Little Drops Of Heaven – Future World

Et voilà l'un des moments que le Hellfest attend : le retour des allumés de STEEL PANTHER ! Ayant durablement marqué l'édition 2012, je dois dire que le cocktail chaleur écrasante, baratin interminable et baisse de qualité des derniers disques ne plaident pas en faveur des Américains. Leur jeu de scène et leur univers très Sunset Strip avec son lot de clichés plus ou moins élégants n'amuse plus grand-monde, même si écouter Michael Starr scander "Nichon, nichon, nichon!" est tordant, le défilé de filles topless n'excite plus grand-monde, et les membres du groupe ont de plus en plus de mal à contenir les petites françaises qui s'avèrent bien entreprenantes. Le groupe, quand il se met à jouer est toujours aussi redoutable, Satchel un guitar hero, et Michael Starr un chanteur toujours régulier dans ses performance ("Death To All But Metal", "Gloryhole"). On remue gentiment sur les tubes de la bande, mais je dois reconnaître que la sauce ne prend plus chez moi.

Autant vous dire qu'avec DEE SNIDER ça va pas être la même ! Voilà incontestablement une des grosses claques de la journée, avec un frontman impressionnant de physique et de charisme, sans parler de cette voix rageuse jamais prise en défaut. Il faut savoir que je n'ai jamais vu la Sœur Tordue en live. Il était hors de question que je rate ce set, plus qu'un lot de consolation pour moi, vu que j'ai eu la chance de voir WASP déjà deux fois (même si la première des deux prestations était calamiteuse). Dee sait comment tenir un public de festival entier, sachant quoi dire en permanence, si bien qu'on ne peut que boire ses paroles, tendre un Fuck! Avec lui, se marrer quand il dit qu'il ne préviendra pas quand il jouera des titres récents, pour éviter que les mecs n'en profitent pour aller pisser. Je n'ai pas écouté son album solo avant le Hellfest (mais je me suis bien rattrapé depuis), et en 45 courtes minutes qu'il va remplir à donf, nous aurons droit à un hommage à Chris Cornell, prétexte à saluer les disparus, AJ Pero, Ronnie Dio… deux covers de TWISTED SISTER.

J'adresse d'ailleurs un coup de gueule, comme je l'ai fait le jour même dans la fosse, aux abrutis qui dès le deuxième morceau croient intelligents de brailler "We're not gonnnaaaa takke it". Je n'arrive pas à encadrer ce mépris du travail de l'artiste au profit de sa petite satisfaction d'écouter un classique absolu que l'artiste jouera forcément à un moment donné pour ce genre de mouton. Si bien qu'en ce qui me concerne, le "I Wanna Rock" final sera une méga bonne surprise, après un "So What" extrait de "We Are The Ones" incarné à 200% par Dee ! Un set monumental, Rock'N'Roll et mené de main de maître par ce frontman qui depuis quarante ans met régulièrement la branlée à tous ses collègues dans ce domaine.

Vient un autre grand moment pour moi… Du moins pensé-je… La légende du Hard français, TRUST investit la Mainstage II sous un soleil de plomb. Bernie débarque habillé façon campeur, bob vissé sur la tête, Nono tout sourire chemise ouverte et Iso dont la Les Paul semble toute riquiqui au vu du gabarit du bonhomme. On y voit un groupe animé par un état d'esprit résolument Punk, et tant dans l'exécution que la façon de gérer son concert, TRUST aurait davantage eu sa place sur la Warzone… Mais bon, avec une renommée pareille… Le groupe, qui s'apprête à enregistrer un successeur à "13 À Table" en conditions live nous livre deux nouveautés, avec "Le Temps Efface Tout", au refrain accrocheur ("le temps efface tout, c'est dégueulasse") et le bluesy et plutôt chiant "Démocratie" qui rappelle que Bernie a vendu son cul au système lui aussi, loin de "La Grande Illusion" de 81. M'enfin, malgré ça, la voix est toujours là, le jeu de Nono aussi, et entendre le premier brailler "Ni Dieu Ni Maître" avant de réellement entrer dans le dur avec "Marche Ou Crève" c'est tout de même un peu exaltant. Mais malgré un set qui revisite une grosse partie de la discographie (avec même un "Surveille Ton Look" assez ironique, vu la touche de Bernie), TRUST ne m'a pas transcendé, ignorant la plupart des classiques (personnellement je me réveille quand "L'Élite" se pointe et là j'avoue prendre un pied monstrueux) et montrant un groupe qui a toujours les crocs mais plus la rage, les seuls stances de Bernie n'y suffisant pas.

Il est hors de question que fasse l'impasse sur SAXON, même s'il s'agit sans doute du groupe de Metal que j'ai le plus vu en concert (avec GAMMA RAY et SONATA ARCTICA). Je sais que le show sera efficace, puissant et que le charisme de Biff fera le reste. Je sais également que d'une fois à l'autre, le groupe disposant d'une grosse palanquée de hits sur l'ensemble de sa carrière, j'aurais droit à d'heureuses surprises, et ce soir ce sera la présence unique de "Battering Ram" qui masque la faiblesse de l'album qu'il représente et surtout de mon titre favori de SAXON, qui débarque sans crier gare : "Battalions Of Steel". Biff est un frontman charismatique, anglais jusqu'au bout des ongles, dégageant à la fois un flegme et une prestance impressionnants. "20 000 Feet" et le surpuissant "Sacrifice" sont aussi de la fête, de même que "Power And The Glory". Pas de "To Hell And Back Again" aujourd'hui mais comment s'offusquer quand un "747 (Strangers In The Night)", un "Dogs Of War" ou un "Princess Of The Night" définitif s'invitent à la fête. Biff Byford nous nargue d'ailleurs, puisqu'avant "Crusader", il nous demande de choisir entre quatre morceaux et, regardant sa montre, nous disant qu'il devrait normalement avoir le temps de tous les jouer… Sauf que "Wheels Of Steel" s'invite et que nous n'aurons du coup pas de "Strong Arm Of The Law". SAXON est taillé pour les festivals et sa réputation ne sera encore en rien usurpée.

La journée du samedi, à peu de choses près est la journée des Mainstages me concernant, mais ayant déjà vu AIRBOURNE, je décide de me plonger dans PAIN OF SALVATION qui s'apprête à commencer sous l'Altar. Le temps de voir les Australiens jouer des tours à la sono (la musique d'intro est particulièrement assourdissante) et à leur ingé-son, puisqu'en débarquant en plein sprint sur scène, les frères O'Keefe, David Roads et Justin Street ont visiblement pris tout le monde de court, tous les éléments n'étant pas encore allumés au moment où Joel entonne "Ready to Rock".

Ma claque de la journée elle va se passer donc sous l'Altar. Je connais très mal la discographie sinueuse de PAIN OF SALVATION et j'ai découvert pour tout dire le groupe avec "Be", suite à la participation de Daniel Gildenlöw au "01011001". Donc hormis les extraits de "Remedy Lane" (que le groupe a remixé l'an dernier), je découvre réellement le groupe. Daniel, nimbé de lumières intenses et entouré de musiciens aussi talentueux que lui (tant au chant qu'à leur instrument) va littéralement me transporter. Je ressors de ce set complètement remué, profondément ému. C'est exactement ce que doit susciter la Musique, avec un grand M comme l'écrit très souvent notre ami Mulkonthebeach, pas les conneries d'un STEEL PANTHER qui n'ont rien à voir avec les préceptes d'Euterpe. Un regard complice avec mon poto… Pas besoin de mots.
Heureusement qu'il y a vingt minutes de battement avant la grosse tête d'affiche et que les psalmodies planantes de WARDRUNA vont me poser pendant que nous sympathisons avec deux metalleux franc-comtois (et oui c'est aussi ça le Hellfest).


Mais j'attends avec une immense impatience le set d'AEROSMITH! Chapouk me nargue depuis un bail car elle les a déjà vus en 2014. Et contrairement à elle pas de "Toys In The Attic" pour moi. En revanche, je suis enchanté de ce show. La scène est monumentalement éclairée, les USA brillent de mille feux sur scène. Et AEROSMITH n'usurpe pas non plus sa réputation de groupe live, qu'il s'est forgée dans tous les rades américains au début des années 70. Derrière la mécanique bien huilée, il y a du Rock'N'Roll, de la spontanéité, et du talent ! Joe Perry s'éclate sur FLEETWOOD MAC, Steven Tyler est toujours un frontman et chanteur hors-normes, à la hauteur de la légende. Sa connivence avec Joey Kramer (qui balance carrément la double pédale sur "Young Lust") est assez évidente. Tom Hamilton a retrouvé le sourire (et ses cheveux) et Brad Whitford semble nettement plus classe que l'image de vieux sale qu'il a souvent dégagé. La setlist est Rock'N'Roll est très axée années 80 en fait. Le début de concert qui voit l'enchaînement "Young Lust" – "Cryin'" (quel enchaînement !) – "Livin' On The Edge" souffle tout le monde sur place. Le groupe prend le temps de s'amuser (il ne manquera pas de reprendre le "Come Together" des BEATLES, après la première incartade des Fab Four dans le set des DEAD DAISIES avec "Helter Skelter") et après un départ de scène en fanfare après un duo "Dude (Looks Like A Lady)" – "Train Kept A Rollin'", le piano blanc est installé et ça y est, je vais vivre "Dream On" en direct et Steven Tyler est décidément inhumain ; toutes les vibes y passent, les notes imprenables également, au service d'une expression toute en feeling dont il a le secret. Et le groove contagieux de "Walk This Way" finira de faire remuer les derniers popotins statiques du Hellfest. AEROSMITH n'a pas failli à sa réputation, et plutôt que de céder au best of facile (de très nombreux hits des seventies sont absents, et aucun représentant de "Music From Another Dimension"), il se fait plaisir, incluant pas moins de quatre reprises à son set. AEROSMITH est grand assurément.

Mes collègues cèdent, mais je suis, comme beaucoup, tiraillé entre la machine de guerre KREATOR que j'ai vu trois fois avec le même plaisir à headbanguer et à libérer cette hargne comme Mille Petrozza le fait avec toujours autant d'intention ce soir, ou assister au show des SUICIDAL TENDENCIES sur la Warzone, alléché par le report de Chapouk paru plus tôt dans l'année. Mais ce sera KREATOR pour moi, et malgré la fatigue je ne regrette absolument pas. Cette fatigue elle est présente dans une bonne partie de la foule, le pit s'avérant moins vif que celui de SABATON la veille (!!!) et la foule étant composée de pas mal de vieux thrasheurs stoïques, veste à patches de sortie et crinière au vent. Pour autant, KREATOR ne fait pas semblant, et sa mise en scène qui donne l'impression qu'il joue dans une église, est parfaitement adaptée aux thématiques de son dernier opus qu'il met très vite à l'honneur, après un "Hordes Of Chaos" qui met tout le monde d'accord dès les premières minutes et la déflagration d'un "Phobia" indétrônable parmi les classiques des Allemands. La paire "Satan Is Real" – "Gods Of Violence" fait grave le boulot, la seconde s'avérant un nouvel hymne live déjà repris par la foule (l'album est sorti il y a quelques mois) mais j'avoue que je n'aurais pas craché sur un petit "Totalitarian Terror". La réédition des premiers albums du groupe l'ayant sans doute encouragé, KREATOR dégaine "Total Death" où Mille se saisit d'un pistolet fumigène pour arroser les premiers rangs. Je vais céder pendant "Fallen Brother", l'idée de la queue pour la douche et du sommeil en retard ayant raison de ma volonté. Je rate la fin d'un set affûté qui va, dans un déluge de classiques, achever d'asseoir KREATOR comme LA référence actuelle du Thrash Metal.

Setlist : Hordes Of Chaos – Phobia – Satan Is Real – Gods Of Violence – People Of The Lie – Total Death – Mars Mantra/Phantom Antichrist – Fallen Brother – Enemy Of God – Hail To The Hordes – Civilization Collapse – The Patriarch/Violent Revolution – Pleasure To Kill


Troisième jour

Je ne sais pas comment c'est possible, mais la proximité de nos voitures serait tout de même pratique pour plier les affaires et éviter le stockage dans les tentes (même si le service de casiers semble performant), mais la perspective d'une nuit de camping supplémentaire et d'une queue interminable pour sortir de Clisson lundi matin, sous les températures écrasantes annoncées nous décide à tout remballer de bon matin. Revenus juste à temps, je peux assister au set des Sibériens de WELICORUSS, dont le Black Sympho assez guerrier propose une très belle alternative à un DIMMU BORGIR époque "Enthrone Darkness Triumphant". Je suis les aventures d'Alexey Boganov depuis quelques années et c'est une juste récompense pour eux de les voir enflammer la Temple en ce dimanche matin où l'on nous annonce des températures de 38°C à 17H.

D'ailleurs, les projets initiaux du dimanche seront grandement chamboulés avec des impasses imprévues et des renoncements forcés rageants. Ainsi c'est The VINTAGE CARAVAN qui fera l'affaire sous la Valley voisine (j'avais initialement prévu d'aller voir PRONG), que j'investis pour la première fois. Régulièrement blindée en ce dimanche, la scène, qui va accueillir nombre de pointures du Hard/Psyché/Doom/Stoner voit le trio islandais développer son Hard Psyché très summer of love, entre BLUE CHEER, HENDRIX et CREAM. On y retrouve aussi les vibes de formations équivalentes comme BLUES PILLS (étrangement absent d'ailleurs), voilà ma dose de Hard Psyché (puisque je ne verrai pas HAWKWIND, concurrencé par CORONER).

Ensuite, il faut déjà manger car on a déjà fait cinq bornes à pied ! Je resterai posé devant SKINDRED sans pouvoir réellement prendre la mesure du Teuf Metal des Gallois, dopé aux riffs Neo à l'ancienne. N'héritant pas du meilleur horaire, ils nous donneront l'occasion de profiter pour la première fois de flow Hip-Hop avant le set de PROPHETS OF RAGE, clairement la grosse attente du jour avec celle plus inquiète de LINKIN PARK que j'hésite toujours à aller voir car cela me priverait d'EMPEROR et de CORONER, que j'avais déjà raté à Wacken lors de ses concerts de reformation. J'avoue j'ai eu la flemme de me lever pour aller tenter HIRAX qui jouait en même temps.

Un petit tour du côté des BLACK STAR RIDERS qui délivrent leur Hard Rock teinté de groove, mais manquant de la Soul qu'insufflait THIN LIZZY à ses morceaux. L'ex The ALMIGHTY, guitare en main fait un gros boulot pour tenir la scène, et le set ne vaut hélas pas tant pour les compos que pour les performances vocales de Ricky Warwick et les soli de guitare, clairement de toute beauté. Pendant une bonne partie du set, je serai sous la tente Rock Hard à écouter Philippe Lageat nous parler d'AC/DC dans l'envers du décor comme il sait si bien le faire.

Je rejoindrai sans conviction le set des américains A DAY TO REMEMBER, dont la musique facile d'accès, affublée du style Easycore, se rapproche d'un mélange curieux entre GREEN DAY et SIMPLE PLAN, certains titres lorgnant clairement sur la Pop, et d'autres affichant des côtés Punk à roulettes déroutants, le tout parsemé de temps à autres de screams aléatoires.

Je file sous la tente pour le retour d'ARKHON INFAUSTUS. L'entité française, que je découvre, s'est reformée l'an dernier, après un hiatus de sept ans. Son Black velu envoûte, mais il est difficile d'y adhérer totalement sous cette chaleur et sans connaître un minimum la musique des Franciliens je pense. Je vais par contre retenter sur album, à coup sûr. J'avais prévenu que ce dimanche serait décousu.

Et la sieste c'est pour maintenant sous la Valley, avec la légende du Doom Trad PENTAGRAM. Je voulais voir la légende Bobby Liebling. Et le trio ne faillit pas à sa réputation (malgré la caisse claire qui ressemble à s'y méprendre aux toms) mais honnêtement, heureusement que l'ensemble du set n'avait pas la consistance des deux longues premières pièces Doom délivrées. On assiste là à un show 100% Doom trad, avec cette sensation que le temps ne s'écoule plus à la même vitesse, comme si toutes les pistes refusées sur l'éponyme de BLACK SABBATH avaient trouvé refuge chez les Américains. Ainsi le Heavy des origines est toujours présent et la désespérance qui émane des plaintes de Bobby avec. Honnêtement je pourrai dire que je les ai vus, mais CANDLEMASS m'avait davantage transporté.


En revanche, je vais être pleinement réveillé par les éclairages clinquants de la Temple qui s'apprête à accueillir EQUILIBRIUM. La foule est incroyablement dense sous ma tente favorite et la traversée est épique, et c'est finalement par le biais de l'Altar que je me fraye un chemin pour finir relativement bien placé je dois dire. Le Folk Metal dopé au gros son marche admirablement et les Allemands proposent un set festif et surpuissant. J'ai sans doute eu à faire avec la meilleure prod live de tout le festival. Robse est un bon frontman et il a une manière très sympathique d'échanger avec l'auditoire qui rappelle un peu les shows d'ALESTORM. Piochant dans sa courte mais qualitative disco, EQUILIBRIUM met l'ambiance sous la Temple et je ne les en remercierai pas assez tant la déconvenue qui m'attend va me frustrer au vu des vidéos qui fleuriront sur la toile après le Hellfest.

Car là je ne comprends pas… Comment BLUE ÖYSTER CULT, une légende vivante du Hard Rock se retrouve sous une Valley inaccessible avec l'impossibilité totale de suivre le concert sur écran, à cause du boucan de NOSTROMO sous la Altar voisine, et des insupportables OF MICE AND MEN (inconnus au bataillon) qui nous pourrissent les oreilles avec un Deathcore certes bien agressif, mais extrêmement fatigant ? Je suis vert, et pas le seul, car de l'avis de beaucoup, Buck Dharma et ses acolytes ont assuré et développé cette aura presque ésotérique qui entoure le groupe depuis sa création.

Heureusement, c'est maintenant le grand moment. Le Hip Hop va s'inviter au Hellfest. CYPRESS HILL et PUBLIC ENEMY (et même les BEASTIE BOYS) retentissent ce soir sur la Mainstage, aux côtés du morceau qui a donné son nom au collectif PROPHETS OF RAGE, dont l'album est attendu à l'automne. L'absolue majorité est là pour entendre les ¾ de RAGE AGAINST THE MACHINE réciter ses tubes Fusion et on va avoir droit à un show de Hip Hop, dominé par le flow de B-Real et Chuck D où un medley de gros standards de CYPRESS HILL et PUBLIC ENEMY (avec bien entendu "Bring The Noise") se fera une place de choix avant un petit clin d'œil à AUDIOSLAVE (Chris Cornell RIP) et une avalanche de tubes de RATM pour nous achever. Si le début de set est difficile à appréhender pour moi, "Bombtrack" manquant notamment de cette agressivité de roquet que Zack De La Rocha impulse avec ténacité, "Guerilla On Radio" étant loin de faire partie des titres que je kiffe ultimement, le collectif se montre de plus en plus conquérant au fil du set, avec notamment la générosité scénique d'un B-Real aux avant-postes. Les "Bulls On Parade", "Know Your Enemy" et "Bullet In The Head" vont permettre aussi de se rappeler à quel point Tom Morello a révolutionné l'utilisation de la guitare électrique au début des années 90, sans réel successeur (même si un Matthew Bellamy lui doit beaucoup par exemple). Il est peut-être le dernier à avoir autant innové sur notre instrument fétiche. Mais je suis sûr que ce militant diplomé d'Harvard est un alien : il ne prend pas une ride, tout comme son jeu. Clairement un très bon moment qui semble s'imposer à tous comme le show du jour.

Je dois bien reconnaître que la journée de samedi pouvait paraître orgiaque en comparaison et que peu de très grosses locomotives lui disputent la timbale. Hors de question de me taper FIVE FINGER DEATH PUNCH. C'est auprès de METAL CHURCH que je vais trouver refuge sous l'Altar. Le Heavy Thrash des Ricains, ex-groupe de Jeff Plate (SAVATAGE, TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA) est puissant, fort (quel volume) mais admirablement porté par Mike Howe, qui a parfaitement repris sa place derrière le micro. 51 ans et quelle voix ! Une puissance incroyable dans les aigus et une justesse dingue. Il fait très bien passer les morceaux parfois assez monolithiques du combo californien avec ce mélange de noirceur typique des groupes de Heavy américain de cette génération, comme peuvent l'être SAVATAGE ou MANOWAR et de riffs puissants qui forment l'ossature des morceaux, comme si les USA avaient toujours plus hérités de BLACK SABBATH que les groupes européens, nourris très vite au sein de la Vierge de Fer et par le Prêtre de Judas. Parfaite est ma préparation, je suis décidé, je bouderai LINKIN PARK dont la difficulté à assumer son côté Pop (je me le suis laissé croire sur "The Hunting Party") m'inquiète.

En face il y a rien de moins qu'EMPEROR, qui revient avec Trym pour célébrer les vingt ans du mythique "Anthems To The Welkin At Dusk". Nimbée de vert, la scène et l'assistance plonge dans les ténèbres au son de "Alsvartr" sur laquelle le groupe fait son entrée, triomphant, entonnant sa marche martiale BATHORY-enne, alors que la fosse clame d'une seule voix "O Nightspirit, I am one with thee, I am the eternal power, I am the EMPEROR". Et c'est parti pour une heure de Black Metal de très grande classe, avec une exécution sans faille. Je remarque tout de même que l'aura d'Ihsahn est telle qu'on remarque très peu Samoth, pourtant impeccable dans son coin. On sera surpris aussi de voir que ce dernier a lâché sa traditionnelle Flying V pour une forme plus traditionnelle. Le son, impeccable pour la musique du combo, va quelque peu se gâter sur la fin du set sur le très inhabituel "The Acclamation Of Bonds" et surtout sur "With Strength I Burn" dont les passages plus mesurés seront un peu flous. Néanmoins, quel plaisir de se sentir partir sur "The Wanderer", avant les rappels. Rappels qui vont débarquer sans prévenir, puisqu'à peine son album terminé, "Curse You All Men!" vient nous asséner une méga gifle, bientôt suivi par "I Am The Black Wizards" avant qu'un ultime "Inno A Satan" toujours aussi libérateur ne vienne conclure un show magnétique, bien plus intense que celui de Wacken qui avait consacré "In The Nightside Eclipse". Le groupe, plus de quinze ans après sa séparation, fait toujours rêver, et en cela je tire mon chapeau aux Norvégiens pour avoir su s'arrêter à temps et ne pas avoir terni leur légende.

Autre légende, mais à l'aura plus confidentielle, c'est au tour de CORONER de monter sur scène. Le trio suisse, dont la reformation n'aura pas été de tout repos, se montre en belle forme. C'est l'occasion pour moi de vraiment découvrir le groupe (je confesse n'avoir que très peu écouté mon exemplaire de "No More Color"). Tommy Vetterli est impressionnant et sans doute le guitariste le plus doué qu'il m'ait été donné d'entendre sur ce Hellfest. La mixture des Suisses n'est pas aussi aisée à décrire que le sobriquet Techno Thrash qui lui est habituellement associé. D'essence Thrash, la musique de CORONER est majoritairement mid-tempo, et axée sur les ambiances. Non pas atmosphériques (malgré la présence d'un clavier, pour soutenir certaines ambiances ou parties de "Grin") mais les harmonies et les riffs parfois tortueux nous plongent dans un état d'esprit particulier.


La perspective de me finir sur SLAYER ne me séduit pas. Déjà vu deux fois, et très honnêtement, le spectacle est davantage dans la fosse que sur scène. Tom Araya semble de plus au bout du rouleau et ses éructations sur "Repentless" ne laissent pas de place au doute, le groupe est rincé.
Ainsi se conclut cette édition 2017, riche et variée. L'extrême diversité des styles proposés était une nouvelle fois une force, mais force est de constater que croulant sous une offre pantagruélique les deux premiers jours, le dimanche s'est avéré une journée plus calme pour nous et peu de grosses têtes d'affiche étaient au programme. Je suis loin de faire partie de ceux qui regrettent le Hellfest plus artisanal d'il y a quelques années, plus "Trve" peut-être, et cet éclectisme est selon moi bien plus en phase avec les tendances actuelles, et pleinement compatible voire complémentaire des festivals plus ciblés qui fleurissent un peu partout, le Sylak et le Fall Of Summer en particulier.


Le 12/07/2017 par DIOSSOUNET

Je me permets une petite remarque, car il me semble avoir lu la même erreur sur le live report de Fenryl quelques jours plus tôt : Rob Zombie n'a pas joué "Astro Creep 2000", le dernier album de WHITE ZOMBIE, en intégralité durant ce show du Hellfest 2017. Il a fait une setlist classique piochant dans tous ses albums solos et dépouissiérant au passage quelques morceaux de WHITE ZOMBIE ("More Human Than Human", "Thunder Kiss 65"...).
Evidemment, promotion oblige, c'est surtout le dernier album studio en date de Rob Zombie (au nom à rallonge que je m'épargne de retranscrire) qui fut le plus mis en avant si on exclu son classique "Hellbilly Deluxe", bien représenté. Métalliquement.


Le 12/07/2017 par BERTRAND

Bon CR, fest bien résumé.
Juste deux choses : Bobby Liebling n'était pas présent pour chanter dans PENTAGRAM, il était retenu aux USA pour violences envers sa mère. C'est donc le guitariste qui s'est occupé du chant.
Et METAL CHURCH (meilleur concert du fest pour ma part) n'est pas de Californie mais ils viennent de l'état de Washington.



             



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