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ENSIFERUM / ULTRA VOMIT @Plane'R Fest (69)
Par VOLTHORD le 7 Juillet 2018
Publié le 15 Juillet 2018 Consulté 4752 fois

Petit festival sans prétention dans la banlieue de Lyon et non loin de son aéroport, le Plane’R Fest aura décidément essuyé les plâtres jusqu’au bout : une première annulation de ICED EARTH, qu’il aura fallu assez rapidement remplacé par LES TAMBOURS DU BRONX (rien à voir, certes, m’enfin comment remplacer ICED EARTH sereinement ?), l’annulation de son groupe interplateau FOSS à la dernière minute… et c’est ENSIFERUM qui aurait pu, suite à la perte de ses instruments à l’aéroport, décider de baisser les armes et venir nous faire des câlins à défaut de jouer un set. Mais ce ne fut pas le cas. Spoiler alert : ENSIFERUM a joué un set acoustique improvisé et simplement UNIQUE.

Pour cela et cela seulement ce festoche qui ne mangeait pas de pain a joué son moment de gloire.


(note : je n'ai pu mettre la main sur un réflexe que pour ENSIFERUM, délectez-vous de ces maigres pixels !)

Machine arrière et retour sur le début du fest : Ayant un certain seuil de tolérance avec le punk et le metal "engagé", je ne me suis pas tenté à venir le Vendredi, qui mettait bout à bout des groupes que je n’ai pas spécialement dans mon coeur (sans animosité cependant, merci de ne pas rager) : TAGADA JONES, NO ONE IS INNOCENT et les gogolesques LUDWIG VON 88.

J’arrive donc le samedi sous le stoner de GOATFATHER, dont je ne capterai que la fin du set. TITANS FALL HARDER, jeune groupe de metalcore Grenoblois avaient également foulé la scène avant eux : groupe énergique mais tombant dans les grands automatismes d’un genre que je connais tellement que j'ai déjà l'impression d'en avoir fait le tour, j’avais déjà pu voir une prestation scénique ma foi tout à fait correcte en première partie de FLESHGOD APOCALYPSE un petit mois avant.

Sous la chaleur étouffante, je profite des petits filets d’eau brumisatrice pour ne pas totalement mourir, des chiottes sèches tout à fait bien entretenues, et passe sur les quelques stands de merchandising et de bouffe, dont un Syrien un peu cher mais ma foi fort aimable pour l’estomac. L’espace restant assez restreint, je me contenterai de dire que l’orga était au top, avec un système de monnaie interne sans minimum d’achat, des gens conciliants et souriants, bref, le seul petit souci était assez commun à beaucoup de petits fests : des balances qui parfois s’éternisent.



ZE GRAND ZEFT
Trois blondinets décolorés en t-shirts blancs ayant à peu près la tronche des mecs qui te bolossaient au lycée. Des grimaces dans tous les sens, une attitude “Crunk” qui appelle à la provocation la plus primaire.
Ca sue le néo des 90s, avec des phases dance hall qui rappellent SKINDRED, des refrains proches de LINKIN PARK, des couplets fusion proto-LIMP BIZKIT et un titre (dont je n’ai pas le titre) avec une vibe BEASTIE BOYS pas dégueu. Les Toulonais jouent avec courage entre le percutant et l’agaçant (le B-A BA du Crunk), n’hésitent pas à balancer le beat electro indécent pour taquiner le puriste. Déso pas déso.

On nous indique à ce moment là qu’ENSIFERUM ne jouera pas ce soir. La nouvelle est triste, le groupe n’a pas d’instruments, ils resteront néanmoins là pour dire bonjour au public.

LES TAMBOURS DU BRONX

Première fois que je voyais les tapeurs de bidon en vrai, je dois admettre que, comme un haka australien, le seul jeu de percussions pose ses couilles et sa sueur testosteronée dans le tympan avec briaud.
Alors certes, je ne suis ni fan de LOUDBLAST ni de LOFOFORA, du coup aucun des deux chanteurs devant les percussionnistes ne m’étaient particulièrement sympathiques. Le répertoire est d’ailleurs très metal français, même si on reconnait un peu de ROB ZOMBIE par-ci et de SEPULTURA par-là.

Le très attendu "Roots Bloody Roots" est un bon exemple d’un show avec le cul entre deux chaises : les TAMTAM DE RIO déjà présents dans la version originale sont ici décuplés, ça tapage comme on l’aurait souhaité. On sent les trépignements tribaux s’annexer au titre. Et c’est là que le bât blesse : il manque SEPULTURA et l'approche est trop respectueuse pour amener de la folie. Jamais une phase rythmique vient réellement prendre l’espace. Stéphane Buriez n’est pas Max Cavalera et on sent que la formation peine à s’approprier l’énergie et la ferveur de l’original.

C’est au final sur un titre hérité de l’électro, l’excellent "The Day Is My Enemy" que les percus sont tellement folles qu’elles nous font oublier la prestation passable des deux chanteurs (ils se battent avec un sample minimaliste il faut dire). Car c’est cela qu’il manque : des percus qui nous enveloppent jusqu’à la transe, le côté décadent et Mad Maxien des spectacles originaux du groupe (que je connais peu, je dois l’admettre) manque à l’appel.
Les percussions décuplent la rythmique (c’est un peu "l’effet SLIPKNOT"), mais n’arrivent pas à faire du répertoire metal leur propre terrain de jeu.


ULTRA VOMIT

Toujours égal à lui-même, le Nec vomitif le plus ultra s’amuse dès les balances (même si elles sont un peu longuettes) pour tirer des titres de "Objectif: Thunes" autant que de "Panzer Surprise". Il attendra néanmoins la fin du show pour jouer ses deux tubes récents : "Kammthar" dont le jeu scénique va jusqu’au bout de la parodie RAMMSTEIN (certes, le feu en moins, pour le coup), et "Evier Metal".

La "minute Manard" sera particulièrement émouvante comme le batteur viendra prendre le micro de Fetus pour rendre hommage à Monsieur Corbier. "Le nez de Dorothée" sonne avec lui un poil rustre et faux, comme un émouvant karaoké de village. Instant premium, tout simplement.

Le public s’enjaille toujours sur un défilé de tubes un peu trop connus, ce qui demeure la qualité des Nantais : toujours aussi frais, toujours aussi souriants et déterminés, même après (sans doute) la cinquantième fois qu’ils séparent le public en un “clan pipi” et un “clan caca”. Ne jamais être vieux pour ses propres conneries, c’est sans doute leur motto.

Au début du set des Nantais on nous avait donné la bonne nouvelle : ENSIFERUM va jouer quand même. Certes, ils auront des grattes acoustiques, mais ils joueront quand même, parce qu’il n’y a pas de mot pour “annuler” en finnois.

ENSIFERUM

Du coup forcément la mise en place prend plus de temps. La batterie est rapatriée au devant de scène, trois chaises sont installées. ENSIFERUM unplugged, je ne savais même pas que ça avait été imaginé. Le groupe nous le dit tout de suite : il y aura peut être quelques couilles, cela fait deux ans qu’ils n’ont pas joué certains titres, mais on peut se consoler sur le fait que ce show soit le premier en son genre en dehors de Finlande.

Ayant déjà vu la troupe l’année dernière (sur un set qui allait sans doute être très similaire au nouveau), je trépigne d’impatience et bénit ces glands de bagagistes de Lyon St Exupéry d’avoir rendu cela possible. M’ayant paru relativement cliniques lors de leur passage à Lyon il y a trois ans, le visage détendu des Finlandais, à un stade où ils n’avaient finalement plus grand chose à prouver, les rend plus sympathiques. Ils auraient presque jouer plus longtemps, c’est d’ailleurs à cause du couvre-feu qu’ils s’arrêteront, après le rappel "Burning Leaves", titre déjà superbe et complètement transformé : on passe d’un titre plutôt sombre sur album à une ode à la joie. Car ENSIFERUM en acoustique sonne plus western que Viking Metal (ou même folk dans l’acceptation européenne du terme). La cover de "Breaking The Law" de JUDAS PRIEST sonne étrangement Bluegrass. Quant à moi je vais d’orgasmes en orgasmes, dès le second (?) titre, ENSIFERUM en est déjà à jouer le meilleur de tout leur répertoire : "The Wanderer". Ils auraient pu finir là que ça m’aurait suffit.



L’absence de Netta Skog se fait tout de même ressentir dans mon petit coeur, son chant aurait sans doute était un intéressant contrepoids à la triplette de bourrus que formaient Markus, Petri et Sami. Le chant introductif en Finnois qui ouvre "Lai Lai Hei" devient un chant de taverne qui a le charme du brut de décoffrage et de l’impro du Dimanche. La version champêtre de "In My Sword I Trust" est étrangement un très beau moment, et ce malgré l’aspect rudimentaire des riffs, et "Ace Of Spades" m’a nettement plus emballé que sur sa version album (et même live saturé)... Bref, carton plein pour ma part, avec en plus un public emballé, et une fosse qui garde la bougeotte même si le pogo est lui aussi unplugged et sans écorchures.

Le festoche, sans prétentions au départ, devient pour moi un instant sacrément unique.
Une date qui restera en mémoire.




             



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