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Ce sont tout d’abord quelques mots couchés sur un papier. Laborieusement. Et puis, la plume se fait plus fluide, le verbe plus coulant, l’écriture moins saccadée. Jusqu’à donner satisfaction. À chaque écriture d’une chronique, c’est la même remise en question : cet album que je suis en train d’écouter, comment le décrire ? Comment transformer en mots les sentiments, le ressenti que nous procure son écoute ? Car si la musique ne s’affranchit pas des mots, elle touche parfois à l’inénarrable, à l’inexplicable.

L’enjeu est double. Il s’agit non seulement de décrire par phrases la teneur musicale d’un album, mais aussi d’appuyer ses points forts, exagérer ou gommer ses points faibles, pour formuler une opinion définitive, puisque publiée. L’enjeu n’est pas très grand (après tout, la parole d’un critique musical vaut-elle plus que celle d’un éditorialiste ou d’un astrologue ? Je vous laisse libre de votre opinion), mais le rédacteur se doit de faire preuve d’une certaine honnêteté d’esprit, ne serait-ce que pour lui-même.

Au début, c’est du prosélytisme. Lorsque, pour ma part, j’ai proposé mes premiers écrits au site Hard Rock 80 en 2003, l’objectif majeur était de mettre en avant des artistes que j’estimais sous-représentés dans les médias spécialisés et dans les discothèques de mes compatriotes : des grands noms mal-aimés, de jeunes pousses, des découvertes confidentielles, tout un tas de seconds couteaux qui, nostalgiques ou non d’un âge d’or révolu, ont toujours eu à cœur de porter bien haut l’étendard des styles distordus que nous apprécions tous, et de transmettre à travers leur musique un ensemble d’émotions contradictoires, toutes liées par une sincérité qui ne pouvait rester confidentielle.

Mais comment écrire ? Le style descriptif peut rapidement devenir, s’il n’est pas maîtrisé par un auteur de grand talent, particulièrement barbant et laborieux. Quelques tâtonnements, des dizaines de papiers plus tard, un compromis parvient généralement à être trouvé entre une écriture journalistique, à visée purement informative, et un style plus libre, pour certains quasiment littéraire, qui permet au chroniqueur de partager plus librement son avis. L’objectif n’est pas juste de transmettre une opinion péremptoire, mais de faire de la chronique une extension de l’œuvre dont elle traite, un tentacule qui va aller taper sur l’épaule de l’auditeur potentiel et lui glisser à l’oreille un « hey, donne-moi une chance » séducteur. Pour atteindre cet objectif, il n’est d’ailleurs pas nécessaire de parler de musique. Une métaphore, même fragile, peut donner une bien meilleure idée de la teneur d’un album qu’un long et élaboré discours descriptif.

En ce qui me concerne, l’écriture de chroniques est une activité qui m’accompagne donc depuis près de quinze ans. Cela représente, quelques milliers de textes, écrits pour divers supports tels que Metal France, les défunts AntiTethik et VS Webzine, Hard Force, La Grosse Radio, et bien entendu les actuels Forces Parallèles et NIME. Le mode opératoire est sensiblement le même. Quelques écoutes attentives, quelques écoutes discrètes, de préférence dans des contextes variés (en voiture, au casque…), quelques notes jetées sur papier, et débute ensuite le travail de rédaction proprement dit. D’un seul jet, sans retouches. Il s’agit de décrire un ressenti, une impression éphémère, il faut je pense rester dans la valeur de l’instant. L’opinion peut changer demain, dans un mois, dans dix ans, pourquoi lui accorder plus de valeur qu’elle n’en a réellement. J’avoue ne pas toujours en retirer un plaisir. L’écriture, lorsqu’elle n’est pas motivée par une profonde envie de transmission, peut devenir laborieuse, et dans ce cas inutile. Dans ce cas, je préfère renoncer.

Je me rappelle très bien du plaisir originel, du bonheur de recevoir des albums promos, de se sentir le maillon d’une chaîne, de contribuer à la promotion de ces genres que l’on affectionne tant. Au début, j’attendais avec excitation les gros paquets envoyés par les différents labels avec lesquels j’avais établi des partenariats, comme un camé attend impatiemment de s’injecter sa prochaine dose. À cette frénésie du chroniqueur débutant succède finalement, quelques années plus tard, un besoin de favoriser la qualité des écrits sur leur quantité. Après tout, pourquoi se presser ? Le monde de la musique est tellement vaste que, même en écoutant de nouveaux albums 24h sur 24, il serait impossible d’en faire le tour.

Le plus satisfaisant dans cette activité ? Qu’un lecteur vous lance un sympathique « Merci pour la découverte » ou un « tiens, tu devrais jeter une oreille sur cet album du groupe dont tu parles », qui permettent de se débarrasser un peu plus des œillères qui peuvent subsister. Car il est évident que la curiosité est le moteur derrière l’écriture. Celui qui n’aime pas « aller à la pêche », découvrir sans cesse de nouveaux artistes et remettre en permanence sa passion en question, n’est sans doute pas fait pour partager un avis qui, s’il n’est pas motivé par la curiosité, devient forcément étriqué.

Et puis, les réseaux sociaux aidant, quel plaisir de voir un artiste satisfait par un texte élogieux, le prendre comme une récompense et un motif de fierté. De ces échanges entre l’artiste et nous autres qui ne sommes finalement que des porte-voix, peut naître une relation de confiance, voire une amitié, qui nous confortent un peu plus dans le bien-fondé de notre entreprise. À l’inverse, et si partager une déception est rarement un motif de satisfaction, il reste parfois, à travers la dénonciation d’une sortie honteuse, le sentiment du devoir accompli : vous êtes prévenu.

Bien entendu, il s’agit ici de ressenti. Loin de moi l’envie de me poser comme une « autorité » à la manière d’un Christian Eudeline. Si la musique est importante, sa description est futile. Elle capture à un instant donné, un avis éphémère, une opinion changeante. Je m’en suis fait une raison. Mais il faut parler de musique, bien sûr. Pour gueuler plus fort que les politicards pourris, pour étouffer le bruit des pleurs, et pour entretenir une flamme brûlante, comme une raison de vivre. Si la musique est pour moi un moteur, la rédaction de chroniques est un des rouages qui le maintiennent en mouvement.



Le 07/11/2017 par BAPTISTE89

Un plaisir de te lire, aussi bien sur NIME que sur FP. Tu dis beaucoup de choses intéressantes sur le processus d'écriture. De toute évidence, écrire est une de tes passions au même titre que la musique, vu le nombre de chroniques que tu as rédigées, sans parler de ton livre sur SCORPIONS. Ça fait maintenant quatorze ans que tu écris, et la passion de l'écriture, l'envie de transmettre sont toujours là, sont restés intacts ; ça force le respect.

Tu écris pour de bonnes raisons : transmettre des informations sur un groupe et sa musique, et non pas pour étaler ta culture musicale. En retour, certains lecteurs et artistes te remercient, les premiers pour la découverte, les seconds pour la critique positive et la volonté de les mettre sous les feux des projecteurs ; c'est du donnant-donnant.

Merci pour tes chroniques déjà écrites et celles à venir !


Le 31/10/2017 par BORAHKRETH

Très bon édito. Même si nous ne partageons pas (du tout) les mêmes goûts musicaux (à 95%), c'était très agréable à lire, très "juste".



             



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