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Metalleux. Les secrets d’une adoption réussie.
Par BAST le 15 Juillet 2011 Consulté 7861 fois

Enfin ! Après plusieurs années d’attente, balloté entre espoirs et désillusions, à deux doigts parfois d’abandonner la poursuite du dossier, votre demande d’adoption a enfin abouti ! Vous êtes heureux ou heureuse, mais après avoir refermé la porte de votre coquette maison sur votre nouvelle progéniture, une question vous assaille, vous tenaille, vous oppresse : comment s’occuper du fruit de votre adoption ? Comment contenter au mieux votre metalleux ?

De toutes les espèces, le metalleux est probablement celle qui nécessite le plus grand soin. La diversité de sensibilités qui la caractérise impose une préparation minutieuse et la moindre erreur a toutes les chances de s’avérer fatale.
Pour vous aider, Monsieur Christian-Jacques « Fist In Your Face De Rat » De La Motte, sociologue-philosophe-psychothérapeutologue, spécialiste de l’adoption du Metalleux, lui-même père de quatre hardos, un doomos et un thrashos, tous adoptés, a accepté de confier quelques clés à nos lecteurs. De quoi ouvrir assez de portes pour parvenir au bonheur, monsieur de La Motte ?


Appelez-moi Chris.

D’accord monsieur Chris. Nous le savons, l’adoption d’un metalleux n’est pas aisée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est vrai. L’adoption d’un metalleux est semée d’embuches. Certains, forts d’une expérience du metalleux, estiment disposer d’assez d’informations et de bon sens pour se lancer dans une nouvelle adoption. La plupart du temps, ils ont tort. Un élément déterminant est souvent ignoré : il n’y a pas un mais plusieurs metalleux. De facto, on dénombre autant de méthodes d’éducation qu’il y a de metalleux. Hardos, blackos, déssos, doomos, speedos ou encore grind-os, les points communs dans l’éducation à leur prodiguer sont finalement moins nombreux que les spécificités qui les séparent.
Il n’y a pas un seul jour où je ne reçois un patient déçu par la tournure prise par son adoption. Dans la plupart des cas, c’est l’éducation que je mets en cause.

Alors il n’y a pas de mauvaises adoptions, juste de mauvais adoptants ?

Bien que triviale, cette expression n’en est pas moins fausse, en effet.
Hier matin encore, madame Isabelle « Fuck Me Jésus » Courtois est arrivée, totalement abattue, à mon cabinet. Son metalleux adoptif, alors qu’il montrait des signes encourageants d’adaptation à sa nouvelle famille, s’est soudainement précipité sur le caniche de madame Courtois, Raclette, qu’il a dépecé, démembré avant d’ordonner scrupuleusement les os, extraits à la pince à épiler, par taille, dans le troisième tiroir de sa commode Ikea. Madame Courtois avait déjà adopté trois hardos, avec succès, et avait voulu s’essayer au grind-os. Son erreur, vous l’aurez compris, est d’avoir gardé son chien. Pourtant, n’importe quel spécialiste vous le dira, la cohabitation entre un grind-os et un animal de compagnie ou un bébé de moins de trois ans est dangereuse !

Comment expliquer que l’on puisse s’en sortir honorablement avec un hardos et si mal avec un grind-os ?

Il n’y a guère que le hardos dont l’éducation est sans risque. Bourrin mais finalement peu violent, gueulard mais refusant rarement un gros câlin sur le canapé Conforama, il sait s’adapter à une grande majorité d’environnements. Pour s’initier à l’adoption de metalleux, j’encourage vivement les adoptants à débuter par cette espèce. Puis, si l’adoptant souhaite prolonger son expérience du metalleux par l’intermédiaire d’une autre espèce, il doit garder à l’esprit la nécessité d’une totale remise en question. Changer d’espèce cela revient, dans le cadre de l’adoption d’un metalleux, à un nouveau départ. Hormis le hardos, donc, facilement modelable, l’adoption d’un metalleux doit s’accompagner d’un traitement précis, adapté et gradué.

Par exemple ?

Première chose, certaines périodes sont plus propices à l’adoption. Un doomos, par exemple, doit absolument intégrer une famille en hiver.

Mais la date d’arrivée d’un metalleux dans une famille n’est pas maitrisée par l’adoptant !

Oui, je vous le concède. En général, l’adoption intervient au terme du processus administratif, sans que l’on puisse décider de la date d’arrivée du metalleux. Et il s’agit là d’un dysfonctionnement de l’Etat français.
Pourtant, accueillir un doomos en plein été, lui ôter ses habits noirs pour le mettre en maillot de bain et le tartiner de crème UV par-dessus, voire par-dessous, son maquillage comporte de grands risques. Déjà, vous le soumettez au ridicule, ce que le doomos, qui accumule les moqueries depuis sa plus tendre enfance, a du mal à endurer. Ensuite, vous risquez de lui brunir la peau, ce que le doomos ne comprendrait pas, lui qui passe sa vie à entretenir un teint blafard. Enfin, vous le plongez dans un élément qui lui est inconnu, le soleil, les filles en bikini et les gens par paquets de membres au mètre carré.
Je vous rappelle que le doomos nourrit un rapport attirance / répulsion particulièrement complexe à l’égard de ses semblables. L’adage du doomos n’est-il pas « Ôôôôô je haiiiis les humaiiiins, oôôôôôô maiiis pourquoiiiii suis-jeeee si seuuuuul [solo] » ?
Le plus important, c’est que le doomos a d’incroyables tendances suicidaires. Mal s’en occuper, c’est risquer de le perdre. Des études montrent qu’accueillir un doomos hors période hivernale, c’est augmenter son risque de suicide de 1%.

1% ? C’est très peu, non ?

En êtes-vous si sûre ?

Alors… Euh… Oui. Enfin, laissez-moi deux secondes de réflexion. Si mes souvenirs du primaire sont bons, 1 est certes plus grand que 0,5 ou 0,2%, par exemple, mais il est surtout grave plus petit que tous les nombres compris entre 2 et 100.

Eh eh eh… Avant d’émettre ce genre de conclusion, il faut savoir que le taux de suicide chez le doomos est de 98% avant l’achèvement de la puberté. Vous le feriez donc grimper à 99% ! A ce niveau catastrophique de survivance, vous compromettez gravement les chances de reproduction. CQFD : adopter un doomos dans des circonstances défavorables, c’est mettre en péril la survie de l’espèce !

Vous m’avez convaincue. Mais les leviers pour garantir un accueil du metalleux adéquat existent-ils quand on sait que l’Etat français est le seul à maitriser le planning adoptif ?

J’en appelle à la débrouillardise. J’ai d’ailleurs écrit un livre sur ce thème où je décris toutes les phases du processus d’adoption sur lesquelles l’adoptant peut jouer afin de retarder l’accueil du metalleux. Grosso modo, tout revient à mettre à profit les lourdeurs administratives. Produire un document plus tard que prévu, par exemple. C’est un travail à double tranchant car il faut retarder l’adoption sans pour autant la mettre en péril.

Quelles sont les périodes d’accueil du thrashos ?

Le thrashos peut intégrer une famille toute l’année. Toutefois, pour lui permettre un épanouissement optimal, l’idéal reste début juin, c'est-à-dire juste avant les festivals d’été. Si vous le conduisez, quelques jours après son arrivée, à deux ou trois festivals, c’est dans la poche. Son apprivoisement en sera facilité et il vous en sera reconnaissant dans la plupart des cas. Seuls échecs connus à ce jour, un festival donné sous la pluie. La pluie a tendance à plaquer le cheveu sur le crâne du metalleux, ce qui l’empêche de headbanger dignement. Un headbanging mal effectué porte la honte sur le metalleux. Et d’un épisode de honte vécu à un moment crucial peuvent rapidement découler d’intenses frustrations. Une frustration chez un metalleux, je vous le rappelle, se traduit souvent en fusillade au lycée, voire au collège pour les cas les plus lourds.

Vous évoquez les cheveux. Il semble que cela soit un élément particulièrement important dans l’adoption d’un metalleux ?

La chevelure, c’est comme la soutane chez le curé ou la raie sur le côté chez l’énarque. Vous l’ôtez et vous sapez les trois quarts de la personnalité de l’individu. En revanche, il y a des règles à respecter au niveau de son entretien. J’insiste particulièrement sur le fait qu’il s’agit là d’un domaine sur lequel vous ne devez pas intervenir. L’un des premiers conseils que je donne aux adoptants est le suivant : « le metalleux fait ce qu’il veut avec ses cheveux. » La manière dont le metalleux va traiter sa chevelure fait partie de l’inné.
Certains adoptants ne comprennent pas pourquoi leur metalleux ne se lave pas les cheveux, par exemple. Mais vous avez adopté un grungeos m’écrié-je dans la plupart des cas. Le grungeos attache une importance singulière à l’état graisseux de sa chevelure.

Ce qui n’est pas le cas du gothos, il me semble.

C’est vrai. Le gothos est propre et, parmi les cultes qu’on lui connait, l’odeur dégagée et l’aspect soyeux de ses cheveux (qu’il brunit au besoin) arrivent au premier plan. Souscrire un abonnement dans un salon de beauté constitue un merveilleux investissement sur le bien être d’un gothos. Vous veillerez toutefois à communiquer un pseudo auprès de l’esthéticienne et à mettre une perruque sur la tête du gothos afin que personne dans la rue ne puisse l’identifier. Le gothos, lui aussi, tient la moquerie en horreur.
Vous l’aurez compris, vous devez laisser le metalleux adopter le comportement qui lui sied quant à l’état de sa chevelure. Et cela peut même s’étendre à tout le corps. Si votre grungeos ne se lave pas les cheveux, cultive des restes de Crispy Tenders KFC dans sa barbe ou laisse moisir ses aisselles, sachez que ce qui vous semble un odieux laisser-aller est en fait la manifestation d’un parfait épanouissement.

Pour en revenir au gothos. Certains estiment que la différence entre doomos et gothos est ténue, appuyant notamment cette affirmation sur des taux de suicide assez proches. Qu’en est-il ?

Les chiffres sont trompeurs. Le gothos attente certes à ses jours, il s’agit d’ailleurs là d’une occupation qu’il apprécie car il la trouve raffinée, mais, au contraire du doomos qui ne se rate quasiment jamais, le gothos fait en sorte d’en survivre. Les gothos morts par pendaison relèvent souvent de l’assassinat ou de la débilité du suicidé qui a mal anticipé son sauvetage.

Ainsi, le gothos fait en sorte d’être sauvé ?

Exactement. J’appelle cela la technique du « cri au loup mais cette fois c’est vrai ». En général, le gothos appelle sa mère et lui dit « je vais me tuer, tu vas voir, tu vas être triste, j’aurai le visage tout bleu et tu pleureras beaucoup même si tu m’aimes pas ». La mère lui répond qu’ « on verra ça quand tu auras fini tes devoirs », avant qu’un soupçon d’incertitude l’assaille. Dans une grande majorité des cas, elle arrive à temps pour cisailler la corde.
Cela me rappelle une anecdote qui va vous permettre de mieux comprendre ; un gothos sauvé in extremis a dit à sa mère, juste après qu’elle l’eut sauvé, je cite : « t’as mis le temps, salope ! ». Cela démontre bien que l’aboutissement de l’acte morbide n’était pas voulu.

Cette propension aux suicides est inquiétante. Ne risque-t-elle pas de refroidir les futurs adoptants de gothos et de doomos ?

Un metalleux est par essence une personnalité complexe et qui nécessite une surveillance appropriée. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui pousse les adoptants à se tourner vers les metalleux ; le goût du risque, le besoin d’épicer une vie ratée, une disposition soudaine à aider son prochain… Pour en revenir aux gothos ou aux doomos, il existe de toute façon quelques astuces afin de se prémunir des mauvaises surprises. Vous pouvez par exemple laisser trainer des cordes dans la maison que vous aurez pris soin d’entamer au couteau. Ainsi, le mettaleux ne pourra se suicider convenablement et vous saurez rapidement s’il a essayé en contrôlant la présence ou l’état des cordes.

Que faire lorsque l’on surprend une tentative de ce genre ?

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il faut l’encourager. Pour le doomos, par exemple, un suicide est comme une œuvre qu’il lègue au monde. Le mettre face à son échec, c’est à peu près aussi maladroit que vomir après qu’un enfant vous a montré ou offert un dessin. Il faut donc le rassurer, lui apporter votre soutien, lui montrer que vous croyez en lui. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à l’encourager à recommencer afin de bien montrer que cette fameuse œuvre léguée au monde ne vous laisse pas insensible.

Je vous propose d’apporter un peu de gaité à une interview qui sent le cadavre. Rassurez-moi, il existe des metalleux aux dessins plus… joyeux ?

Oui, bien sûr. Il y a le speedos. Mais ne croyez pas pour autant que l’adoption d’un speedos soit une partie de plaisir.

Quels sont les risques avec le speedos ?

Il y en a plusieurs. Tous tiennent au fait que le speedos saute partout et tout le temps. Dans la rue, au supermarché, en voiture… Même sur un vélo.

C’est très gênant. Il n’existe aucun moyen de l’empêcher de sauter ?

Certains ont essayé. Pour eux, les sauts du speedos s’apparentaient au classique pipi au lit ; ils finiraient bien par s’arrêter moyennant quelques remontrances culpabilisantes et des mesures contraignantes.
Par exemple, j’ai souvenir d’un couple d’adoptants qui avait pris soin d’abaisser d’un centimètre par jour la hauteur de plafond dans la chambre du speedos. Le résultat n’a pas tardé, double fracture du crâne.
La blessure n’a pas pour autant empêché le speedos de continuer à sauter. Même dans le coma, il a défoncé le toit du SAMU, a mis un violent coup de boule au chirurgien chargé de l’opérer puis a emmêlé le cordon de sa perfusion autour des seins de l’infirmière tandis qu’elle cherchait une veine dans son poignet. Celle-ci a d’ailleurs porté plainte pour tentative de viol, pensant que le pauvre garçon en voulait à ses protubérances mammaires alors que les sauts avaient tout simplement redoublé d’intensité après que sa mère adoptive lui avait offert une photo dédicacée de Luca Turilli !

Il faut donc vivre avec les sauts du speedos ?

Oui. Même amputé des jambes, il réussirait à trouver le moyen de sauter. En premier lieu, il faut lui confectionner une chambre capitonnée ; cela lui évitera les blessures et à l’adoptant des insomnies dues aux nuisances sonores. Pour les sorties, privilégiez les concerts, évidemment, ou les matches de football. Mais attention aux risques de confusion ! Un speedos a un jour été pris à partie par des supporters du PSG parce qu’il sautait après que l’équipe parisienne eut pris un but. Les supporters ont aussitôt assimilé l’adolescent à un supporter de l’équipe adverse. Ils l’on attendu à la sortie du stade et s’en sont violemment pris à lui. Heureusement, les sauts du speedos lui ont permis d’éviter certains coups et il a pu s’enfuir. Aujourd’hui, il vit dans la plaine australienne où il passe quasiment inaperçu.

Vous êtes une mine d’anecdotes toutes plus croustillantes que les autres. Quel est le fait le plus marquant de votre carrière ?

J’exerce une profession qui réserve son lot de surprises, c’est vrai. Le fait le plus marquant ? Ce doit être lorsque j’ai reçu un blackos à mon cabinet. Il était très amaigri. Sa mère adoptive m’avait expliqué qu’il refusait de s’alimenter. Le problème avec le blackos, comme avec le déssos du reste, c’est la communication. Le blackos est très intelligent mais il s’exprime à renforts de hurlements, comportement qui a d’ailleurs tendance à mettre très mal à l’aise ses rares interlocuteurs. Ce que beaucoup ignorent, c’est que le blackos dispose d’un autre moyen de communication, ultrasophistiqué : la poésie. J’ai donc demandé à Bertrand (c’était son prénom) de m’écrire la raison de son refus de s’alimenter, après lui avoir tendu une feuille A4 que j’avais extirpée de mon imprimante Denon. Il ne s’est pas fait prier et a rédigé ces vers :

La peau glabre sur sa chair crue.
Les plumes dépouillées d’un blanc écru.
Tout me dégoute, tout me repousse.
Alors mère ingrate, je dis pouce.


Il m’a fallu trois semaines pour en comprendre le sens caché. J’avais entendu parler d’un genre de pierre de rosette, vous savez cette stèle sur laquelle étaient rédigées trois versions d’un même texte et qui avait permis le déchiffrement des hiéroglyphes. Bref, certains médiévistes un peu drogués avaient évoqué devant moi l’existence d’un artefact similaire permettant de déchiffrer les poèmes des blackos. Après avoir glané des indices au Louvre, à Saint jacques de Compostelle ou encore au Stade vélodrome de Marseille (j’en profite d’ailleurs pour remercier le professeur Robert Langdon de son aide précieuse), j’ai fini par dénicher la pierre de rosette dans les catacombes de la basilique Sainte Elisabeth De La Longue Damnation. Enfin, après avoir gruté la pierre jusqu’à mon cabinet (j’en profite également pour remercier Kiloutou pour son aide précieuse) et avoir déniché le sens du texte (j’en profite cette fois pour remercier le soleil de juin grâce aux rayons duquel j’ai pu éclairer la pierre selon l’angle de 43 degrés nécessaire à son déchiffrement), j’ai enfin compris ce que le garçon avait voulu me dire.

Le texte, une fois traduit, donnait ceci :

Mère, fais cuire le poulet.

Bien sûr ! La mère adoptive du blakcos s’était laissé berner par de vieilles légendes urbaines mentionnant le blackos comme se nourrissant exclusivement de charognes. Alors, à chacun de ses repas, elle lui portait un poulet égorgé et un verre empli du sang de l’animal. Mais le blackos est comme tout le monde ! S’il aime faire croire à de mystiques pratiques le concernant, il se nourrit de la même manière que les jeunes de son âge. Sitôt l’énigme résolue, j’ai enfilé mon imper C&A, enfourché mon vélo électrique et lui ai apporté un copieux Big Mac agrémenté de frites bien grasses. Puis j’ai vidé sa chambre des poulets morts qui avaient fini par former un monticule pestilentiel, jeté les cassettes de SATYRICON que sa mère lui passait en boucle et mis Piwi, la chaine des enfants. Repus et apaisé, le blackos a fini par s’endormir sur la paille couvrant le sol (je n’avais pas eu le temps de lui acheter un lit), devant la collection de chouettes empaillées que sa mère avait cru bon de lui monter.

Ohhh, c’est saisissant ! Vous lui avez sauvé la vie !

Sur le moment, oui… Hélas, sa mère adoptive avait du mal à accepter que son blackos puisse être un adolescent comme les autres. Elle avait l’impression d’avoir été trompé sur la marchandise, voyez-vous. Alors, désireuse de maintenir l’illusion d’avoir recueilli sous son toit un véritable sataniste, même amoindri, elle n’a pu s’empêcher d’assaisonner copieusement ses repas de ketchup Heinz. Le blackos est allergique à tout ce qui ressemble à du sang. Il n’a pas survécu.

Vous ne pouviez pas savoir… Il ne faut pas vous en vouloir.

Je sais, je sais, mais…

Allons professeur ! Stop à la sinistrose ! Et si vous nous parliez du mode de communication du déssos ?

Tomate…

Pardon ?

Déssos tomate… Ketchup… Si seulement elle lui avait mis de la sauce américaine, tout cela ne serait peut-être pas arrivé…

Allons bon… Et si vous nous parliez du mode de communication du déss… enfin du metalleux qui écoute du Death ?

Oh ben lui il cogne. Si c’est un brutal-déssos, il cogne fort et si c’est melodic-déssos, il cogne tout en sautant comme un speedos.

Et derrière ses coups, il veut dire quelque chose ?

Sans aucun doute, oui.

Mais encore ?

Qu’il veut vous faire mal.

Il y a finalement peu d’intérêt à adopter un déssos, alors ?

Il y a toujours un intérêt à adopter un metalleux…

Je vous coupe. Même un NSbémos ?

Oui, le NSBémos constitue un excellent défouloir. Le conspuer chaque matin ou lui expliquer pourquoi ses idées sont crasseuses vous permettra de rendre plus cléments vos rapports avec votre patron, plus amusantes vos disputes avec votre conjoints. Avoir chez soi un metalleux de ce genre offre l’inestimable privilège aux adoptants d’améliorer sensiblement leur rapport à la vie.

C’est entendu. Pour en revenir au déssos ?

Sachez que le déssos est très prisé par les soirées SM. Si vous me permettez une petite référence culturelle, je dirais que le déssos est au pugilat érotiquement orchestré par Maitresse Domina ce que le Ferrero est aux réceptions de l’ambassadeur.

Mmmmhh. Voila qui devrait mettre en appétit certains de nos lecteurs. Amis sado-masos qui nous lisez, vous savez ce qu’il vous reste à faire, uhuh.
Professeur, je crois qu’on a fait le tour de la question. Nos lecteurs tiennent entre leurs mains, j’en suis certaine, assez d’éléments pour adopter en toute quiétude. Un dernier mot ?


Ne croyez pas que, dès lors que votre metalleux montre des signes d’apprivoisement, tout est gagné. Il ne faut jamais baisser sa garde. Le metalleux est pétri de ressources insoupçonnables. Il peut annihiler des années d’éducations, jeter à bas tous vos efforts, d’un seul coup. Bref, l’adoption d’un metalleux est un travail de longue haleine, jamais totalement achevé.
Mais vous pouvez me croire, avoir un metalleux chez soi réserve avant tout d’extraordinaire moments.
C’est une aventure physique et humaine que je conseille à tous, pourvu que toutes les précautions soient prises.

Professeur, merci. J’ai pour ma part un speedos à la maison. J’en suis très contente. J’ai d’ailleurs très envie de passer au stade suivant.

Un blackos ?

Par exemple.

Alors de la moutarde, de la mayonnaise, voire de l’américaine. Mais jamais de Heinz. Jamais.



Le 24/07/2011 par DM

Excellent, un vrai petit manuel du metalleux ! J'en suis déjà à ma troisième lecture... Il faudrait toutefois dans une seconde partie évoquer les autres familles et sous-familles qui ne sont pas passées sur la table chirurgicale de Christian-Jacques De La Motte (Indussos, Folkos, Hardcoros, Heavylos, Metalcoros, Néolos, Progressos, etcos...) et ces articles deviendront des références !


Le 22/07/2011 par MASTCARD

C'était un vrai plaisir à lire!


Le 16/07/2011 par DEEPOW

Un guide à mettre entre toutes les mains !

Merci.


Le 16/07/2011 par JEF DE LA LUNE

Très bien écrit et vraiment drôle, j'ai adoré la description du gothos en particulier...Mais il manque d'autres catégories comme le hardrockos de base ( il se nourrit de graisse de moto et de bière ), le truelos ( ne jure que par la hache ), le neolos ( lui aussi il saute ou plutôt il jump dans son baggy ) ou le heavymetalos ( père du truelos, il lui a appris à chasser le dragon et à garder son slip en peau de bête en toute circonstance ), l'industros ( parfois pote avec le gothos quand ce dernier rn'est pas trop craignos, il dort dans des usines désaffectées et connait par coeur les dialogues de Blade Runner ), le hardcoros ( il passe son temps à dénoncer la société qu'est pas bien pour les bogoss des cités en choeur avec ses potos et jump parfois avec le neolos, quand il le démolit pas dans un wallofdeathdebadgoss ) et le progressos ( très fort en maths, il se prend souvent des dérouillées à la récré par le neolos, le hardcoros ou le hardrockos )...


Le 15/07/2011 par THE CLAIRVOYANT

Félicitation pour cette jolie "interview" !

Faut que j'adopte un Gothos pour m'occuper pendant l'été !
Quoi que... un Gothos en été... ça risque de mal tourner !

Encore bravo ! J'ai ri tout du long !)


Le 15/07/2011 par PITCH

Merci pour cet agréable moment, j'ai adoré.

Et merci aux clichés et aux étiquettes, sans quoi le métal ne serait pas ce qu'il est, un ensemble hétéroclite au service d'une même passion.

Live Metal \w/



             



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