Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme un Janus solitaire le critique musical a un double visage : celui qui écoute et celui qui écrit. Mais ce serait se mentir que de le concevoir seulement dans cette antique entité. À vrai dire il y a plusieurs visages à la critique.

Pédagogue, incisif, érudit, lyrique, romantique, dépressif, enjoué, possédé, ravagé, haineux, amant, le critique musical peut être chacun de ces adjectifs et davantage encore. Il n'y a après tout pas assez de mots pour définir ce qu'est un Homme.

Qui sommes-nous face à la musique ? D'où venons-nous ? D'où parlez-vous, diraient les révolutionnaires soixante-huitards. Et finalement, comment écrivons-nous ?

Wagner a dit que la musique commençait là où s'arrêtait le pouvoir des mots. Et de fait, comment ne pas parler de l'angoisse de la page blanche lorsque nous évoquons le travail du critique musical ? Que puis-je dire pour vous transmettre mes réflexions sur cet album ? Comment dire l'indicible face à un chef-d’œuvre par exemple ? Quel est le pouvoir des mots et dans quelle mesure apercevons-nous sa limite aussi bien que sa puissance ?

À vous qui suivez NIME j'ai tenu, en accord avec l'équipe, à lancer un projet de réflexions sur l'écriture et la musique.

Aussi, sur une base bimensuelle, nous mettrons en avant le texte théorique d'un chroniqueur de l'équipe. Chacun développera son rapport à la musique, sa conception de l'écriture, ses angoisses, ses joies dans ce travail, ses moments forts au cœur de cette expérience et plus largement son approche personnelle de la critique.

Ce sera l'occasion de comprendre davantage des auteurs que vous appréciez dans l'équipe et c'est un moyen comme un autre de créer un lien plus profond entre vous et nous, qui saura, nous l'espérons, vous plaire et vous instruire.