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Le critique est un vampire
Par ISAACRUDER
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Les vœux de la team
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Le 2 Janvier 2017

Le critique est un vampire
Par ISAACRUDER le 3 Février 2017 Consulté 4503 fois

Pascal Quignard a dit qu'écrire c'était disparaître, mais je serais tenté de dire qu'écrire c'est faire disparaître.

J'ai un souvenir précis des conversations avec un ami du nom de Nicolas. On se fréquentait à l'Université, et on passait notre temps à boire du vin, manger du fromage, ou sortir dans un bon pub irlandais de Poitiers dans lequel on pouvait courir sur les tables en chantant les plus beaux airs des antiques chansons estudiantines. Le tenancier se marrait en chiquant, avec sa gueule de ravagé par son passé de soixante-huitard et sa bonhomie du type qui aime voir que les générations n'ont pas perdu le goût du rire. Avec cet ami on festoyait pas mal donc, mais surtout, on parlait de Metal, pendant des heures. Céline nous aurait pris pour des talmudistes du Metal tant on enculait les mouches à attraper chaque détail d'un disque pour le commenter, compiler nos réflexions dans l'espace avec la projection de nos voix, comme si le moindre écho pouvait faire matière. Et désormais il ne reste rien de ces conversations, elles sont du souvenir, rien ne les a immortalisées si ce n'est mon esprit nostalgique.

Mais écrire sur la musique c'est différent. Écrire c'est de l'amour que l'on explique, c'est une preuve de romance que l'on veut délivrer à autrui. Une romance que l'on a avec un album précis par exemple, et qui nous ronge de l'intérieur, tant et tant qu'on se sent le besoin de dire.

Néanmoins je constate, avec les années qui passent à écrire sur la musique, qu'une fois la réflexion posée avec violence sur le papier bien trop blanc, la vie quitte l'album rapidement.

Le difficile mais délectable exercice de la critique implique ce fait étrange et effrayant. Écrire sur un disque c'est l'effacer de sa mémoire.

Pourtant le début de cette lune de miel est parfait. Il y a dans l'écoute d'un album une perfection qui atteint l'âme. La découverte, la recherche, le lent déshabillage de sa personne sont un soupir. Il nous obsède pendant des jours et des nuits.

Je passe des semaines à boire sa vitalité, j'absorbe ses souvenirs, je souris aux moments d'extase qu'il m'offre. Certaines victimes sont douces, données. D'autres résistent, le désir est plus grand, mais à la fin je bois toujours. Et alors d'amant fou je deviens vampire. Et le vampire est, ne l'oublions pas, une figure ultime du donjuanisme : il a besoin de se raconter. Alors il me faut partager ce nectar avec le reste du monde. Qui me lira saura ce que j'ai connu au contact de cette victime précise, il connaîtra un moment de douceur, il partagera mes émotions. Et c'est bien là le piège.

Car une fois que cette passion est posée, du noir sur du blanc, elle disparaît chez moi. Je passe de l'amant au vampire. Je constate que mon amour pour l'album était vorace. L'objet est mort par mon trop plein de désir. J'ai aspiré la moindre goutte de son vermeil. Je me vide moi-même de sa substance par l'écriture. Je relis le déjà-trop-tard et je fais une descente de moral, comme un drogué de la Nouvelle Amérique.

Aveuglé par l'amour mis dans l'échange, j'ai fini par tuer ce qui m'attirait dans l'objet : la confrontation, le dialogue, le mystère.

A vouloir partager j'ai enterré tout cela et j'ai entériné ma lecture, j'ai immortalisé cette relation. Et désormais il ne reste plus rien à en dire. La saveur n'est plus la même. Revenir vers l'objet musical n'a plus le même panache. On se complaît dans ce qui a déjà été écrit, on revient vers ses propres pensées. Le texte est là, il est définitif, il est du noir sur du blanc comme disait Mallarmé. C'est une tâche lancée sur le Paradis.

Le critique est un éternel amant, car, sorte de Madame Bovary de l'écriture, il est sans cesse à la recherche de l'Album. Et quand il tombe sur un de ses avatars, il ne peut s'empêcher de brûler la relation par sa flamme. Alors il délaisse la chose, et retourne chasser.

Avec la même soif intense qui régit la vie de cette créature.



Le 15/02/2017 par POSITRON

Il se pourrait que ça se fasse en quelque sorte mais chut c'est un secret.


Le 15/02/2017 par MEGATHERION

Tout d’abord, pardon d’avoir pris un peu de temps pour répondre à ta question.

En tous cas, je suis heureux de voir que ton édito a suscité quelques réactions intéressantes, notamment celle de OUSTITI HURLEUR, qui évoque très justement cet effet « d’overdose », terme qui ne m’est pas venu à l’esprit mais que j’aurais pu employer.

Ensuite, pour tenter d’y répondre, je dirais ceci :

Même si il est difficile de mettre sur un même plan l’écriture critique et l’écriture créatrice, la première m’apparaissant n’être qu’un sous-genre par rapport à la seconde, le chroniqueur qui cherche à décrire une œuvre musicale le plus parfaitement possible peut, à mon avis, éprouver aussi à un moment ou à un autre, un sentiment de rejet de son article.

Une fois la chronique écrite, il m’est difficile d’y revenir parce que j’ai l’impression d’avoir tout dit, tout donné, et de ne pas pouvoir en rajouter. Elle est comme tu l’as dit brillamment dans ton édito « définitive ». Ainsi, non seulement on peut se détourner de l’œuvre que l’on a trop longuement analysée, mais aussi de l’écrit qu’elle nous a inspiré.

C’est pourquoi j’admire ceux qui sont capables d’écrire plusieurs chroniques différentes sur une même œuvre sans s’auto-plagier.

J’aurais aimé lire d’autres commentaires des membres de l’équipe de Nime sur ton édito, mais peut-être tout le monde n’éprouve pas ce sentiment paradoxal que nous partageons.


Le 10/02/2017 par DARKCAMPUS

Je rejoins le post de l'ami Soldat de l'Enfer concernant l'avis qu'il émet sur le commentaire de Baazbaaz comme quoi ceux qui aiment le chant de Kiske ont l'oreille irradiée ou une bêtise du même nom. C'est d'une méchanceté gratuite et on peut regretter l'absence de modérateur sur les posts des admins eux-mêmes. Ca reste cependant une insulte digne d'une cour de récréation et je ricane d'autant plus en consultant son profil et ses groupes de référence avec certains gugusses qui officient au micro sous l'étiquette 'chanteur'.


Le 09/02/2017 par GM1968

Très belle plume ! Je suis tout à fait d'accord avec le fond de l'article... Ce sentiment peut également s'appliquer à tout objet ou personne : c'est la marque du passionné ! Et comme disait un fameux bassiste récemment disparu : the chase is better than the catch !


Le 07/02/2017 par HELLSOLDIER

JEFF : il y a une différence entre POSITRON qui donne son avis, et BAAZBAAZ qui est irrespectueux envers les fans du groupes.

ISAACRUDER : En tout cas ton texte est vraiment beau et très bien écrit ça fait plaisir.


Le 06/02/2017 par ISAACRUDER

Chers lecteurs,

Merci pour vos commentaires sur ce billet d'humeur. Comme tu le dis dans ton magnifique commentaire MEGATHERION, c'est un drôle de paradoxe que j'ai voulu partager, je te cite : "celui de ne plus pouvoir ou vouloir écouter une œuvre dont on s’est épuisé à extraire la substantifique moelle !" (merci pour la référence à Rabelais). "D’ailleurs, dans le domaine de l’art par exemple, n’est-il pas si rare de voir des artistes renier leur création après avoir passé un temps infini à la parfaire ?" : cela s'appliquerait à l'écriture selon toi ? Je parle de l'écriture critique. L'écriture créatrice est évidemment concernée, de nombreux auteurs ont renié leurs premiers écrits (André Breton par exemple, ou Rimbaud).
C'est un plaisir de lire des compliments, surtout venant de quelqu'un qui partage le plaisir de la bonne plume, merci encore pour ton commentaire.

@OUISTITI HURLEUR : ton terme de "désintox'" me parait fort à propos, il y a quelque chose d'effrayant pour les personnes externes quand elles observent un passionné passer des semaines à se plonger dans un album. La phase de désintox est nécessaire dès lors mais la prochaine prise aussi, c'est bien là le problème et le charme de ce rôle.

@OLIV51 : Je ne dirai jamais assez que cela compte pour nous tous de lire ces compliments. Se savoir lu est une chose, mais se savoir reconnu par des lecteurs en est une autre.

Merci pour vos commentaires.


Le 06/02/2017 par JEFF KANJI

Hellsoldier,

Je pense que tu n'as absolument pas pris en compte la réponse que t'a fait Fenryl...

Je te défie de trouver un seul commentaire argumenté parlant d'un album qui n'ait pas été validé par nos soins.

En sus, tous tes messages de protestation et autres spams sont transmis aux membres concernés, mais sache que Baazbaaz s'en contrefiche de ce que tu peux penser de lui. Ses avis peuvent être provocants, caricaturaux ou opposés au tiens, ça ne les rend pas illégitimes pour autant même s'il me fait parfois bondir, comme Positron avec son rapport aux "Keepers..." ou Pinpin avec son incompréhension de "Master Of Puppets", ce sont des avis qui n'engagent que leurs auteurs, et tu n'as aucun droit de les juger pour ça.


Le 06/02/2017 par MEGATHERION

Cher Isaacruder,

Si je me décide aujourd’hui à commenter ton édito, c’est que sa qualité d’écriture et sa pertinence ne peuvent rester à mes yeux sans réaction ni commentaire. Quoi de plus frustrant pour un auteur que l’absence de réponse à un texte pour lequel il a passé du temps et qui attend un retour ? Quoi de plus angoissant que le vide du silence quand on espère partager des idées ou des sentiments avec les autres, et de demeurer dans le désert de l’indifférence ?

Je pense avoir saisi le fond de tes propos mais j’estime que seuls ceux qui se sont livrés au difficile exercice de la critique et à l’accouchement d’une chronique sont en mesure de comprendre ce dont tu parles.

Pour pouvoir décrire une œuvre musicale avec le plus de justesse possible, traduire avec des mots les émotions qu’elle nous procure ou pas, il faut l’écouter inlassablement pour pouvoir en décrire les multiples aspects, les moindres contours. Écouter, réécouter de nombreuses fois, puis écrire…

Cela demande beaucoup d’efforts et d’abnégation pour parvenir à une « maîtrise » de l’œuvre, si tant est que nous puissions y parvenir vraiment. À force, on peut s’user à l’écouter et à l’analyser. À force de disséquer, sous toutes les coutures, l’album que l’on souhaite faire partager au reste du monde, on arrive à en discerner les limites.

Une fois la chronique achevée, les mots distillés avec précision pour l’expliquer, la sueur et les larmes dépensées pour démontrer sa magnificence, l’intérêt que nous y portions et la passion qui nous animait, tendent à se diluer et à disparaître…

Cela aboutit effectivement à ce drôle de paradoxe que celui de ne plus pouvoir ou vouloir écouter une œuvre dont on s’est épuisé à extraire la substantifique moelle ! Chroniquer une œuvre, surtout chroniquer ce que l’on aime par-dessus tout, c’est finalement prendre le risque de s’en lasser et de s’en détourner.

D’ailleurs, dans le domaine de l’art par exemple, n’est-il pas si rare de voir des artistes renier leur création après avoir passé un temps infini à la parfaire ?
Tout cela pour dire que les quelques lignes de ton édito ont résonné en moi, comme si tu avais su dépeindre, infiniment mieux que je n’aurai su le faire, cet étrange sentiment que j’ai déjà ressenti une fois la chronique achevée.

Au plaisir de te lire à nouveau.


Le 06/02/2017 par LE OUISTITI HURLEUR

C'est pas faux, il m'arrive aussi d'oublier un disque une fois la chronique écrite.
Seuls quelques rares albums demeurent dans mon champ sonore ensuite, de par leur originalité manifeste ou leur caractère émotionnel exceptionnel.

C'est aussi un phénomène de consommation. En se devant de chroniquer des albums, on se place dans une posture de critique et non uniquement d'amateur de musique. Pour une chronique juste, il faut s'enfiler le disque de nombreuses fois, le faire sien, se l'approprier, jusqu'à une impression d'overdose. D'où cet oubli salvateur par la suite, comme une désintox'...


Le 06/02/2017 par OLIV51

Superbe papier !
D'ailleurs, si je me suis retrouvé sur ce site lors d'une errance nocturne en 2010, c'est moins parce qu'on y cause de ma musique préférée que parce que c'est un formidable vivier de plumes trempées dans une encre inspirée. Allier Metal et écriture, passion et confrontation.


Le 06/02/2017 par HELLSOLDIER

C'est bien de faire un jolie texte sur la critique !
C'est bien écrit etc, mais des mecs comme BAAZBAAZ n'ont rien de critique !

Idem pour la politique de censure de votre site !
Je pense notamment aux commentaires de réponses qu’apparemment CLANSMAN a posté qui n'ont pas été validés et, évidemment, les miens.

J'ai l'impression que chez vous dès qu'on dit une vérité un peu blessante vous censurez immédiatement la personne.
Non seulement vous manquez de respect au travail d'argumentation de la personne (argumentation aux abonnés absentes dans certains commentaires, n'est ce pas Mr BAAZBAAZ), mais en plus vous lui retirez son droit de réponse.

La liberté d'expression ça marche dans tous les sens !
Si BAAZBAAZ a le droit d'exprimer sa connerie, les lecteurs ont le droit de lui répondre et de lui montrer que ce qu'il dit c'est inacceptable.

Parce que oui, affirmer haut et fort que tous les fans d'HELLOWEEN (ou de n'importe quel groupe qu'il a bashé d'ailleurs) ont un problème d'audition, et que seul lui possède l'unique vérité c'est une connerie monumental.

Après la polémique avec IRON MAIDEN je pensais ne plus entendre parler de ce monsieur aux propos irrespectueux et déplacé, mais apparemment NIME préfère valider des commentaires débiles comme celui là plutôt que d'acceptés des commentaires argumentés et construits.

J'ai dit dans mon commentaire qui n'a pas été validé, que je quitterais le site.
Mais en fait non, je vais continué à poster mes commentaires, je n'abandonnerai jamais.
Car il faut dire que des jeunes metalleux en herbe peuvent venir sur ce site pour s'instruire et découvrir, et lire des conneries pareil n'est pas ce qu'il y a de mieux.

Et comme l'a dit un autre commentaire, ce n'est pas parce qu'un membre est pourri que tout le site l'est.
Il y a de très bon chroniqueurs ici, je pense à JEFF KANJI, FREDOUILLE, GEGERS, DARK SCHNEIDER, VOLTHORD ou encore DARK BEAGLE. Alors merci à eux pour leurs excellentes chroniques, même si il arrive que parfois je sois en désaccord avec eux. Mais au moins, leurs arguments sont un minimum construits et ont un sens. Ils ne cherchent pas le "réac" à tout prix et surtout ne cherchent pas à provoquer.

Je ne sais pas si ce message sera validé, j'ai quand même pris du temps pour l'écrire, ça serait donc sympa de l'accepter afin qu'il soit partagé à toute la communauté de NIME.

Bonne journée.



             



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