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ABDUCTION
Par STORM le 26 Février 2024
Publiée le 26 Février 2024 Consultée 987 fois

Après un début discographique palpitant et un album très remarqué autour de la pucelle d’Orléans, ABDUCTION nous a gratifié d’un album abreuvé de mélodies splendides marquant au fer rouge l’originalité de ce groupe parisien. Rencontre avec Guillaume Fleury, guitariste et compositeur du groupe.

Après un album tel que "Jehanne" dense complexe et œuvre artistique complète dont on ressent le travail acharné, comment as-tu relancé ton processus de création pour ce nouvel album ?

Cela a été un peu plus difficile que d’habitude justement parce qu’il y a eu "Jehanne" avant en fait. En général, j’ai plusieurs coups d’avance. Quand je fais un album, je sais déjà à peu près ce que sera celui d’après, et j’ai même déjà quelques idées de côté. Mais là nous avons tellement tous mis dans "Jehanne" tous les quatre, nous avons vraiment bossé de manière acharnée. C’est un concept album qui nous a demandé un travail de recherche et de documentation. Nous étions tellement bien avec "Jehanne" que nous avons eu un peu de mal à la quitter et à passer à l’étape suivante, et pour la première fois nous n’avions pas d’idées très précises de ce que serait l’album suivant, si bien que nous avons pris quelques mois où nous n’avons pas vraiment composé. Nous sommes alors repartis de presque rien pour la première fois, hormis quelques idées. Je ne voulais pas refaire un concept album, et que l’on devienne un groupe à concept. Pour faire progresser et évoluer le son du groupe, je me suis fixé un défi qui était de faire des morceaux un peu moins alambiqués, un peu moins à tiroirs et longs. Cela fait des années que je fais des albums pour lesquels j’assemble beaucoup d’idées ensemble car j’aime beaucoup que mes morceaux racontent des histoires comme des romans ou des films et comportent des sortes des chapitres. Mais là je me suis donné comme ligne de conduite de tirer d’une idée mélodique le maximum en la gardant centrale et cela a été le point de départ. Et ensuite pour compléter ta question, je dirais que j’ai beaucoup besoin pour pouvoir travailler d’avoir le visuel assez vite sous les yeux. J’ai besoin d’avoir la pochette et l’idée générale car c’est elle qui guide la musique et a un impact sur l’écriture.

Justement ce tableau d’Hubert ROBERT tu l’as découvert comment et pourquoi l’avez-vous choisi et quel est l’incidence et la coloration qu’il a pu donner sur votre musique ?

Je savais que je voulais un album plus organique, un album avec un esprit plus « forestier », et Hubert ROBERT est un artiste que j’ai étudié lors de mes études d’histoire de l’art et que j’ai beaucoup apprécié. C’est un des maîtres de la peinture romantique et en tombant sur ce tableau qui n’est pas son plus connu, ce dernier collait exactement avec ce que j’avais envie de raconter. L’image qui y figure permet d’imaginer une femme qui au détour d’une promenade tombe un peu par hasard sur un vestige, un vieux mausolée, une pierre en ruines et que la nature a rattrapé. Des gens semblent avoir érigé quelque chose en souvenir d’un événement fort et ancien, mais qui finalement a été quand même oublié et rattrapé par la nature et par l’usure. Des interrogations semblent surgir sur le temps qui passe mais aussi sur le sens qu’on donne aux actes et à sa vie. Ce tableau une fois que nous l’avons eu sous les yeux a débloqué pas mal de choses en termes de composition. Il nous a permis de structurer un plan musical.

J’ai été sensible à cette peinture qui m’a beaucoup fait penser au recueil poétique et romantique des « Filles du Feu » de Gérard DE NERVAL où il écrit ses pérégrinations enfantines et ses découvertes romantiques mystiques dans le pays de Valois. Et Hubert ROBERT a aussi peint la sépulture de Jean-Jacques ROUSSEAU à Ermenonville dans ce même Valois, et cela colle à l’ambiance de votre album. D’ailleurs j’ai une question concernant Mathieu Taverne, le bassiste mais aussi qui écrit les textes. J’ai été très sensible à ses écrits, car au-delà de la valeur poétique il y a une vraie construction littéraire. Sais-tu quels auteurs littéraires il apprécie ou plus généralement celles du groupe ?

Pour le morceau "Carnets Sur Récifs", Mathieu s’est inspiré des écrits des grands explorateurs et il a notamment relu « Vol De Nuit » de Saint-Exupéry et des ouvrages de Charcot. Mathieu puise ses inspirations davantage dans la vieille chanson Française de la fin du XIXème début du XXème siècle. Nous nous sommes aussi inspirés du « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand pour le morceau "Contre Les Fers Du Ciel". Nous aimons beaucoup les historiens du XIXème siècle ainsi que les auteurs de cette époque qui ont un sens de description avec beaucoup de style.

Pour revenir un peu sur ABDUCTION et comprendre sa genèse, je voulais te poser la question sur le choix de ce nom : ABDUCTION ?

Pour le nom, j’ai découvert ce mot pour la toute première fois au dos d’un bouquin complètement nul d’ufologie, car le mot abduction désigne en gros l’enlèvement par une soucoupe volante. Et nous avons trouvé ce mot, avec Guillaume Roquette (ndlr = ancien chanteur du groupe), percussif et assez puissant. Mais abduction désigne aussi l’enlèvement de l’âme par une force spirituelle supérieure. C’est quelque chose qui retire l’âme du corps sans le tuer et la prend pour l’emmener ailleurs. Et cela m’a fait penser aux contes d’Edgar Allan Poe, et nous avons décidé de prendre ce nom-là. Et pour revenir sur la genèse du groupe, je suis un immense fan de DISSECTION qui est mon groupe de Metal extrême favori. Lorsque j’ai appris que Jon Nodtveidt s’était suicidé et que le groupe était fini, cela m’a secoué et je me suis dit que je devais m’y mettre à mon tour. J’avais envie d’avoir mon groupe de Metal et de m’exprimer par ce biais-là. J’ai donc commencé à apprendre à jouer de la guitare et rapidement je me suis dit que lorsque je serai prêt je ferai des compostions et créerai mon groupe.

Je voulais que tu me parles du travail que vous demande ABDUCTION. Comment vous composez avec vos vies respectives ?

C’est parfois un peu compliqué de se retrouver. Mais vu que nous souhaitons faire du live en électrique, nous essayons de répéter au moins une fois par mois et j’en ai parfois un peu souffert. Alors j’ai demandé au groupe de davantage apporter leurs propres idées que ce soit au niveau des lignes vocales ou de batteries par exemple. Et c’est sur cet album que Mathieu a écrit en grandes partie toutes ses lignes. Et ce qui est très intéressant c’est que Mathieu a fait ressortir dans ces découpages mélodiques, dans ces phrasés, le romantisme qu’il affectionne, notamment au travers de ses affections concernant la vieille chanson française de la fin du XIXème, début du XXème siècle. Pour revenir à la question, j’essaie de composer dès que je peux. Malgré une vie professionnelle et personnelle remplie, ma guitare reste toujours à portée de main et en général je suis plutôt prolifique le soir ou la nuit. J’ai une façon assez instinctive de composer. Je prends ma guitare et je laisse vagabonder mes doigts sur le manche et des notes et des riffs m’accrochent et me parlent. Cela crée une ambiance et je me concentre dessus. En tricotant ces idées, cela développe en moi des images, des parfums, des couleurs mais aussi des souvenirs par des flashs.

Est-ce qu’ABDUCTION a des accointances musicales ou amicales avec des groupes de la scène Metal Française ?

Il y a en effet quelques groupes. Je suis ami avec Cervantès le chanteur de DARKENHÖLD qui est aussi un ancien chroniqueur de NIME (ndlr : il s’agit du brillantissime JULIEN, tandis que Guillaume Fleury y a officié sous le pseudonyme de FIGHTFIREWITHFIRE). J’ai eu aussi des contacts de groupe qui sont venus nous voir pour me dire qu’il appréciait ABDUCTION avec une bienveillance qui fait plaisir. Des groupes comme VÉHÉMENCE, ou HOULE qui même si nous ne les avons jamais rencontrés, ont pris contact pour nous dire tout le bien qu’il pensait de l’album. Je communique aussi avec Aharon le chanteur de GRIFFON avec qui je m’entends très bien. On se contacte car l’on a aimé ce que les autres ont fait. On s’encourage et on envisage éventuellement aussi de faire des trucs ensemble à l’avenir. Je suis agréablement surpris du bon esprit qui règne entre tous ces groupes, d’autant plus que l’on a une scène Française qui a une identité assez marquée, assez intéressante et je suis très fier d’en faire partie. J’aime bien l’idée que l’on fonctionne en bonne intelligence et que m’on se stimule les uns les autres.

Quels sont vos projets pour 2024 et surtout que vous souhaitez-vous ?

Pour 2024 nous allons essayer de faire du live, et nous sommes déjà en train de construire le futur album qui m’enthousiasme déjà et nous allons aller vers autre chose encore. Ce que je nous souhaite c’est de continuer d’avoir encore des choses à dire, car le jour où nous n’aurons plus rien à dire nous arrêterons. Nous ne ferons pas l’album de trop. Je n’ai pas envie d’enchainer les albums pour faire des albums, je préfère rester super enthousiasmé par ce que je fais et sentir que ça a du sens dans l’ensemble. Je veux que nos albums aient du sens au global et je ne veux pas que cela soit une succession de collection de titres. Je nous souhaite la santé qui nous permettra de continuer et les idées, l’inspiration.

Je te laisse dire un dernier mot si tu le souhaites à destination des lecteurs de NIME

Merci beaucoup pour l’interview ça me fait plaisir et tout particulièrement parce que j’ai fait partie de Nightall In Metal Earth et que c’est un site qui est très important à mon cœur. J’ai rencontré de nombreux amis sur ce site et j’en ai toujours. Petite pensée pour Bast qui nous manquera toujours, et puis merci pour cette belle sélection du site qui nous va droit au cœur.



             



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