Le voilà enfin ce premier album, après des années de gestation sous la férule de Steve Harris. Épuisant une foule de musiciens, le bassiste au style inimitable change encore de batteur juste avant cet album. Pour écouter Doug Sampson, direction les "Soundhouse Tapes" sorties l'année précédente avec des tempi plus mesurés.

IRON MAIDEN incarne le vent de fraîcheur qui souffle sur le Metal en ce début de décennie. Il est la flamboyance de la NWOBHM avec son collègue SAXON alors beaucoup plus populaire que lui, qui l'a devancé avec déjà deux albums au compteur. Cet éponyme, dont Steve Harris a toujours regretté la production (je me suis toujours demandé pourquoi, rien de honteux ici, même si les guitares révéleront leur grâce sur les albums suivants, sans doute grâce à un nouveau guitariste aussi…) est un manifeste.

IRON MAIDEN viendra pour révolutionner le Metal et le marquer de son empreinte durablement. Avec l'alliage d'une politique de management dure, imposant une activité infernale aux musiciens et une stratégie marketing largement développée sur la mascotte d'Eddie, qui sous les pinceaux de Derek Riggs deviendra au moins aussi célèbre que la musique du groupe.

Le quintette propose cet alliage de guitares en tierces héritées de WISHBONE ASH et de THIN LIZZY, de rythmes furieux hérités du Punk, de vocaux arrachés et vindicatifs d'un chanteur peut-être limité vocalement, mais plein de ressources au niveau expressivité. Prenez les opposés "Remember Tomorrow" et "Iron Maiden" pour comprendre qu'il peut être à la fois caressant et agressif.

IRON MAIDEN frappe très fort dès son premier album en s'imposant comme un incontournable sans aucun temps mort ni temps faible. De plus, la variété que recèle cet opus restera un fait unique dans l'histoire du groupe. Bien normal en même temps, c'est qu'il y a un paquet d'influences mélangées et recomposées pour arriver au style MAIDEN.

Mais avec autant de réussites dans le Speed Metal à la MOTÖRHEAD ("Prowler"), les réminiscences Punk qui vont avec ("Sanctuary"), l'ambiance planante et presque mystique du PURPLE ("Remember Tomorrow"), l'art de la ballade façon URIAH HEEP ("Strange World"), ou encore le Rock'N'Roll de papa revisité ("Running Free") - what else?

Tout ça filtré par le génie de composition de Steve Harris qui explose littéralement sur "Phantom Of The Opera", le titre le plus emblématique du style que va développer MAIDEN avec l'arrivée de Bruce Dickinson.