1993 aura vu l’arrivée dans les bacs de trois albums live d’IRON MAIDEN. Steve Harris se moquerait-il du monde ? Oui et non.

Oui car le timide bassiste profite avec ces sorties à répétition du départ de Bruce Dickinson. Il se dit que le fan peut bien se délester de quelques livres sterling pour fêter comme il se doit ce départ et rendre hommage à celui dont la popularité n’est pas loin de dépasser celle du petit brun aux doigts agiles. L’apothéose viendra lors de la commercialisation du dernier concert des anglais avec Bruce comme chanteur (avant la reformation et ses raisons douteuses), ce "Raising Hell" dont le seul intérêt réside dans les tours de magie de l’illusionniste Simon Drake.

Non car ce disque est plutôt bon, meilleur à mon sens que "A Real Dead One" et "A Real Live One" au son parfois approximatif. De plus, ce Live a l’avantage de ne capturer qu’un seul concert (au contraire de ces derniers). Ayant toujours écouté un album live comme la reconstitution d’une performance en public dans mon salon, cela constitue pour moi un avantage de taille face à ses deux concurrents. De plus, le festival de Donington est peut-être la plus grande manifestation Metal de l’année et voir sur un disque apposées ces neuf lettres a un côté fort sympathique. Je rappellerai que la Vierge de Fer (le fer immaculé sonne un peu mieux, non ?) s’est produit en tête d’affiche dans ce lieu mythique pas moins de trois fois (en 1988, en 1992 mais aussi tout récemment le premier juin 2003).

Les morceaux présents sur ce double album (ou triple vinyle pour nos amis dj’s et collectionneurs) ne révèlent pas de véritable surprise, mis à part peut-être "Wrathchild" et "Sanctuary" (et encore). À ce propos, une question me hante l’esprit : pourquoi les cinq papys du Metal (six aujourd’hui) ne jouent pas plus souvent des reprises. Ils ont tout au long de leur carrière enregistré pas mal de celles-ci ("Women In Uniform" des SKYHOOKS, massacre des mythiques THIN LIZZY, "Doctor, Doctor" de UFO, "I Can’t See My Feelings" de BUDGIE, et plus récemment "My Generation" des géniaux WHO) mais leur exécution devant un public est plus rare qu’un bon fois gras en conserve (beurk !). Chacun ira de son commentaire sur l’absence de son titre préféré, sur la sur-représentation du dernier LP en date, "Fear Of The Dark" et sur l’unique porteur de l’étendard "Somewhere In Time", le classique "Heaven Can Wait". De toute manière, aucune setlist ne fera jamais l’unanimité.
Bruce est assez volubile et aucune de ses interventions parfois un peu longues n’est coupée. Son petit discours annonçant la diffusion radio du show et la présence de caméras est un peu pénible comme ses remerciements à rallonge durant "Running Free". Les trois minutes entre les dernières notes de "Iron Maiden" et le rappel sur "Hallowed Be Thy Name" ne nous sont pas non plus épargnées. Certains regarderont la trotteuse de leur montre défiler, d’autres resteront plongés dans l’ambiance, cette restitution intégrale ayant l’avantage de la sincérité.

Moi qui exècre les innombrables parutions inutiles d’IRON MAIDEN (best of, live…), cet objet bénéficie de bien plus que de mon indulgence.
Dommage pour ceux qui ont déjà acquis les "A Real Live One" et "A Real Dead One", car il y aurait redite à l’achat de ce disque d’une qualité pourtant supérieure.