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IRON MAIDEN - Dance Of Death (2003)
Par JANE THE FUCKIN JURIST le 15 Septembre 2003          Consultée 41927 fois

(Avertissement : cette chronique est très longue. Je l'ai voulue la plus détaillée possible. Pour ceux qui n'auraient pas le courage de la lire en entier, rendez-vous directement à la troisième partie marquée d'une étoile (*) où je donne un avis global sur l'album. Voilà, bonne lecture, et surtout bonne écoute !!!)



I - Avant - Propos :


Un nouvel album de Iron MAIDEN est toujours un évènement dans le petit monde du heavy metal. Et comme tout évènement, il suscite des réactions diverses.

Un peu à l'image de "Brave New World", le précédent effort du groupe qui, bien que renforcé par les retours au bercail de Bruce Dickinson et Adrian Smith avait néanmoins essuyé quelques critiques. Celles-ci reprochaient principalement au groupe d'être tombé dans la facilité, d'avoir composé un album minimaliste, notamment au niveau des refrains jugés simplistes et trop répétitifs.
De telles critiques avaient-elles pour autant remis en question la qualité de l'album ? Pas le moins du monde, les déçus du virage mélodique pris sur "Brave New World" se comptant seulement par poignées...

Cependant, et comme pour chaque album, Iron MAIDEN était attendu au tournant en 2003, après avoir littéralement inondé le marché de produits secondaires et/ou discutables l’an passé : un énième mais néanmoins très bon live ("Rock in Rio"), un beau coffret plein de raretés ("Eddie's Archive"), ainsi qu'une compil' totalement inutile ("Edward the Great").

Autant dire que les fans attendaient avec impatience un nouvel album, impatience décuplée par les méga-shows de la tournée "Give me Ed'..." cet été (Remember Bercy !).





II - Chronique détaillée de l’album :


Le voilà enfin ce "Dance of Death".

L'album débute par le single "Wildest Dreams", joué en avant-première pendant la tournée de cet été. On est d'emblée séduits par la grosse production de Kevin Shirley, désormais rôdé pour travailler avec le groupe; le son des guitares étant beaucoup plus lourd que sur "Brave New World".
Bien qu'efficace, et possédant un break instrumental bien léché (voir le solo de Smith), ce titre ne restera pas dans les annales. Il devient lassant après quelques écoutes, encore une fois à cause d'un refrain trop répétitif. MAIDEN retomberait-il dans les travers de "Brave New World" ? Ce qui pouvait passer sur un album pourrait bien devenir franchement agaçant à la longue...Soit, passons...

"Rainmaker" surprend par la manière dont elle démarre, et à la première écoute, on se trouve totalement stupéfaits par les différentes parties de la chanson, et surtout par le refrain pas du tout métal, mais tirant plutôt vers le hard FM.
Elle est à la fois puissante avec ses accords plaqués sans retenue, mais aussi joyeuse, dans le refrain enjoué que l'on sent travaillé. Un solo impressionnant de Murray (comme d'habitude...) nous ramène vers un terrain plus connu, un passage où la mélodie repose sur des guitares à la tierce, ingrédient incontournable dans la recette Iron MAIDEN. Finalement, ce titre frais et entraînant tient assez bien la route.

Les premières notes de "No more Lies" retentissent et une forte impression de déjà-entendu vient à l'esprit. La suite ne démentit pas. En étant un peu sévère, on pourrait dire que ce titre n'est qu'une vulgaire resucée de "The Clansman" (sur Virtual XI, 1998). Bien que les guitares soient ici efficaces et les soli dantesques (petit sweeping de Murray au passage...), l'impression de redite commence à devenir agaçante. Quel est l'intérêt de proposer une telle chanson ? Donc malgré quelques bons passages, ce titre laisse un goût amer à cause de ce sentiment de réchauffé...Dance of Death ne serait donc qu'un album inutile, une vulgaire répétition des albums précédents ?

Une intro très heavy attire à nouveau notre attention quelque peu détournée : "Montségur". Le riff est énorme, bien rendu par une production impeccable, et bien que celui-ci contienne des relents de "Fallen Angels" ("Brave New World"), les mélodies celtiques sur fond de paroles médiévales (les cathares !) permettent à Bruce Dickinson de nous délivrer une magnifique prestation. Commencerait-on petit à petit à rentrer dans cet album ?

Le voyage en plein Moyen-Âge se poursuit avec l'intro de la chanson suivante : "Dance Of Death". S'ensuit une montée classique, le rythme se faisant de plus en plus soutenu. L'auditeur connaisseur s'attend à une entrée des guitares en puissance, mais il n'en est rien. Arrive un beau passage au son clair où Bruce excelle une fois de plus, puis un court passage à la guitare seule, avant que la chanson ne débute vraiment. De superbes orchestrations soutiennent à merveille des riffs majestueux, les guitares s'envolent dans une sarabande infernale de soli ultra-précis, magiques; la partie instrumentale s'achevant sur un tapping réussi de Gers. On y est ! L'inspiration est de retour, ça se sent, et les portes de l'album s'ouvrent enfin après être restées à peine entrouvertes, voire carrément fermées depuis le début du disque.

De porte il est encore question avec la chanson suivante. La très belle intro de "Gates of Tomorrow" nous conforte dans cette bonne impression, avant de laisser place à un chant rappelant la carrière solo de Dickinson, et plus particulièrement la période "Skunkworks" (1996). Le refrain est basé sur une construction en 4 vers n'étant pas sans rappeler ceux de "Can I Play with Madness" ou "The Clairvoyant" ("Seventh Son of a Seventh Son"). Au passage, encore un bon solo de Gers, désormais indissociable de ses deux comparses six-cordistes. Même moins originale, "Gates of Tomorrow" n'en demeure pas moins intéressante.

Fait nouveau sur cet album : Nicko Mc Brain (le batteur) a coécrit une composition, "New Frontier". Steve Harris profite de ce titre pour démontrer à nouveau son merveilleux talent de bassiste. A noter ici encore un refrain très mélodique. Ce morceau propose une cassure intéressante à la moitié de sa durée, le rythme étant relancé par un riff typé "22 Acacia Avenue" ("The Number of the Beast"), puis par des breaks intéressants laissant apparaître toute la maîtrise de Mc Brain sur les changements de tempos. Encore un titre efficace.

Il y a peu, m’interrogeant sur l’avenir de MAIDEN, je me demandais si le groupe allait être capable d’écrire à nouveau des morceaux aussi bons que les récents "Sign of the Cross" ("The X-Factor") ou "Blood Brothers" ("Brave New World"). La réponse m’est parvenue par l’intermédiaire de "Paschendale". Oui, MAIDEN peut faire mieux, beaucoup mieux. Sur des paroles inspirées par la bataille d’Ypres (Belgique, 1ère Guerre Mondiale), où périrent de nombreux anglais, MAIDEN va nous donner une véritable leçon de composition musicale. L’intro, totalement inédite, se développe autour d’un tapping ralenti (inhabituel chez les groupes de heavy plutôt enclins à user et abuser d’arpèges), et c’est tout en douceur que vient se poser le chant, en symbiose parfaite avec la basse. Drôle d’intro, très mélancolique qui laisse transparaître une forte influence progressive, normal quand on connaît l’admiration vouée par Harris à des groupes tels que Yes ou Genesis. Après une cassure, c’est l’arrivée des grosses guitares, puis un retour à la mélodie d’intro. Le morceau repart ensuite sur un rythme lancinant ; les montées en puissance succèdent aux passages d’accalmie, les changements de rythmes sont nombreux, les orchestrations grandioses.
Voilà LE morceau de l’album, un des meilleurs jamais écrits par MAIDEN !
Le travail des guitares est ici pharaonique, et c’est un riff inspiré qui introduit les soli (un petit sweep de Gers) agrémentés d’une batterie énooorme. Les superlatifs manquent pour un tel morceau !
Après une telle claque, on se dit qu’il va être difficile pour le groupe de garder l’auditeur attentif jusqu’à la fin…

Pourtant, "Face in the Sand" avec son intro encore une fois très réussie et ses guitares bien heavy ne dépareille pas après un tel hymne, et même les incontournables "OhOhOh" (les seuls de l’album) de la fin passent très bien. Ces deux dernières chansons sont la plus belle des réponses à tous ceux qui reprochent au groupe de ne pas savoir évoluer : on peut proposer des chansons variées, tout en conservant le même style.

Même les plus grincheux seront bien incapables de nier l’évolution présente sur les deux derniers titres.
"The Age of Innocence" présente un côté ultra-mélodique encore jamais approché par le groupe, avec son refrain typé "hard FM"; et les passages heavy qui jalonnent le morceau sont parmi les plus lourds et agressifs composés par la Vierge de Fer, ce qui donne un contraste saisissant et terrifiant à ce qui devient par là même un des sommets de l’album (aaah ces soli !).

Enfin, et pour clore en beauté un album de haute volée, les gars d’IRON MAIDEN se lancent dans un exercice inédit pour eux : un titre totalement acoustique., morceau magnifique porté par la voix magique de ce chanteur phénoménal qu’est Bruce Dickinson. Beau à en pleurer. Comment cet album pouvait-il mieux se terminer qu’avec ce titre ?
C’est l’apothéose, "Journeyman" vient couronner un album qu’on aurait pu qualifier d’excellent s’il n’y avait pas ces erreurs du début. Dommage.


*
III – Avis global sur l’album :


Donc, pour résumer : non, "Dance of Death" n’est pas le meilleur album de IRON MAIDEN, malgré tous les superlatifs que je viens d’employer. Remarquez, on s’y attendait un peu. Comme tous les « vieux groupes», les plus belles heures de MAIDEN sont derrière lui.
Cet album n’en demeure pas moins très bon, très très bon. Par rapport à son prédécesseur, il jouit d’un son bien plus dense grâce à la technologie Dolby 5.1 (son très massif convenant parfaitement au mariage des guitares avec les orchestrations) ; les 3 guitares ont enfin pris leur pleine mesure, les passages calmes sont encore plus mélodieux, et les passages énervés sont encore plus puissants. Enfin, les refrains sont très travaillés, ce qui n’était pas le cas sur "Brave New World", il faut le reconnaître.

Par contre, et c’est bien là où le bât blesse : "Brave New World" était une innovation totale, ce qui n’est pas le cas de ce "Dance of Death". Leur précédent effort marquait un changement très prononcé de direction musicale, et tout le monde s’était accordé pour y voir une réussite artistique. Quasiment aucun de ses titres ne ressemblait à ce que le groupe avait proposé par le passé. Or avec "Dance of Death", on est loin de pouvoir en dire autant. 5 chansons n’apportent pas grand-chose par rapport aux albums précédents. Pour certains titres, ça passe bien car un minimum de risques a été pris ("Rainmaker" et "Dance of Death"), mais pour d’autres, l’immobilisme s’apparente à de la vulgaire redite, pour rester poli ("No more Lies")…C’est fort dommage et c’est ce qui explique ma note de 4/5, ceci ajouté à une pochette dont nous dirons juste qu’elle est ratée…
Mais "Dance of Death", à défaut d’être l’album ultime de MAIDEN, propose quand même quelques chansons extraordinaires ("Paschendale", "Age of Innocence", "Journeyman"), et d’autres vraiment superbes ("Face in the Sand", "Montsegur"). Enfin, même les morceaux moyens de l’album ("Gates of Tomorrow", "New Frontier") me semblent au-dessus de la moyenne de ce que le groupe a écrit pendant les nineties.
"Dance of Death", le meilleur MAIDEN depuis "Seventh Son" ?

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- Bruce Dickinson (chant)
- Steve Harris (basse)
- Dave Murray (guitare)
- Adrian Smith (guitare)
- Jannick Gers (guitare)
- Nicko Mcbrain (batterie)


1. Wildest Dreams
2. Rainmaker
3. No More Lies
4. Montsegur
5. Dance Of Death
6. Gates Of Tomorrow
7. New Frontier
8. Paschendale
9. Face In The Sand
10. Age Of Innocence
11. Journeyman



             



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