Je n’ose imaginer la réaction des Metalleux rôdés de l’époque à la première écoute de "Ride". Consécrateur, épiphanique, anthologique, tous les titres (allez, hormis "Trapped Under Ice", injustement sous-coté, et surtout "Escape") sont des hymnes de concerts qu’aucun auditeur de la scène ne peut renâcler ou minimiser.

La voix d’Hetfield n’ayant soufflé qu’une bougie de plus est encore loin d’avoir atteint son potentiel paroxystique, la production et le mixage sont encore brouillons, mais la maturité de composition et d’écriture a fait un bond dans l’espace-temps, culminant à des niveaux à l’époque quasi divins, et encore aujourd’hui n’ayant pas pris une… ride.

De l’agencement des titres (l’ouverture coup de poing avec "Fight Fire With Fire", la ballade digestive "Fade To Black", ou encore "Ktulu" en outro et ses presque neuf minutes planantes), aux constructions tantôt incisives ("FFWF", "Trapped") tantôt crescendo ("Fade To Black", "Creeping Death, "Ktulu"), jusqu’aux signatures sonores qui deviendront des détonateurs de public dès la première seconde (la cloche de "For Whom The Bell Tolls", aussi culte que le dialogue introductif d’un certain "Number Of The Beast"), les Californiens avaient tout pour eux, et l’on compris en condensant tous ces éléments de réussite dans trois quarts d’heure qui, inévitablement, bâtiront l’histoire.

A mon sens, et cela n’engage que moi, il faudra pour autant attendre deux petites années de plus pour qu’une symbiose entre les orchestrateurs Ulrich/Hetfield et Burton n’opère réellement. On sent ici l’influence du regretté bassiste, mais ponctuellement et sur des endroits où l’espace lui a été banalisé. Ah oui, et Kirk fait des soli aussi. Mais des chouettes, hein !

Encore trop roots pour être universel comme l’est encore aujourd’hui "Master", il n’est toutefois pas étonnant pour deux sous que "Ride The Lightning" truste systématiquement le top 3 des albums favoris des Californiens, voire des albums favoris tout court des magazines de Metal mainstream.

Mais évidemment que la note maximale est méritée, what else ?

Bonus pour les guitaristes : il s’agit d’un des albums les plus gratifiants lors de l’apprentissage de l’instrument, avec des titres à la fois rapidement abordables, et foutrement addictifs à jouer !

Morceaux préférés : "Creeping Death", "The Call Of Ktulu", "Fade To Black", le spiderchord de "Ride The Lightning" (merci Dave).