S’il ne devait en rester qu’un, ce serait sûrement celui-là. Tel le Highlander et son quickening spectaculaire, la chaise électrique de "Ride The Lightning" constitue une entrée en matière puissante avec le logo mythique lumineux sur camaïeu de bleu. "Fight Fire With Fire" démontre une certaine musicalité dès son introduction où guitares acoustiques se mélangent avec délicatesse avant que les thrasheurs furieux de "Kill ‘Em All" ne fassent leur grand retour. Le morceau n’a pas spécialement de sens mais demeure jouissif et son rôle d’ouvreur lui va comme un gant.

Car il y a du très lourd avec le Thrash "Ride The Lightning" et ses multiples soli de guitare où Kirk Hammett affirme sa dextérité. Du puissant avec "For Whom The Bell Tolls" où le bassiste fou Cliff Burton nous ravit les oreilles avec sa ligne mélodique de basse qui donne toute son âme à l’introduction. James Hetfield y affiche de nets progrès, et bien que manquant encore un peu d’épaisseur, sa voix a mué, même si ce sera encore plus flagrant sur "Master Of Puppets" deux ans plus tard. On y trouve les germes d’une certaine colère empreinte de fatalisme qui contribuera à l’aura d’un "… And Justice For All". Tout ce que METALLICA a entrepris par la suite découle de "Ride The Lightning". Le sens de l’efficacité et de la mélodie apparait, bien qu'"Escape" ne constitue qu’un pâle brouillon face à "Enter Sandman" ou "Fuel". Les arrangements prennent de l’ampleur également, et la finesse sonore d’un "Load" peut trouver sa source dans le raffinement des guitares de "Fade To Black" ou la justesse des ambiances de "The Call Of Ktulu".

Et puis l’album est concis mais rempli de tubes. METALLICA, qualifié encore de Speed Metal à cette époque (sans doute à cause de cette facette mélodique qu’il est le seul de sa catégorie à développer pendant que SLAYER affine ses machettes et que MEGADETH peaufine sa première bombe à fragmentation) enchaîne les réussites artistiques, techniques et esthétiques. Comment ne pas s’extasier devant la pertinence de "Creeping Death" sur fond de texte biblique et au pont mid tempo dévastateur sur fond de « Die! » scandés (qui prennent une ampleur phénoménale en concert) ?

Si son faux-jumeau de successeur sera plus abouti, et mérite la note maximale grâce à des seconds couteaux bien mieux aiguisés qu’ici, "Ride The Lightning" dégage une aura particulière que seul "… And Justice For All" parviendra à retrouver mais avec une âme bien à lui.