C’était l’époque où METALLICA était en pleine bourre : tout le monde écoutait le "Black Album" la bouche en cœur, les gonzesses portaient des T-Shirts METALLICA et même FUN RADIO passait « The Unforgiven » aux heures de grande écoute. Et moi je faisais de la résistance, sans savoir bien évidemment (l’histoire de ma vie). Je détestais « Nothing Else Matters » par exemple, on aurait dit du SCORPIONS moderne, du Metal pour gonzesses. Même ma mère haussait le son de l’autoradio quand cette putain de ballade passait. Fuck METALLICA. Le « vrai » Metal, c’était MAIDEN, HELLOWEEN, MOTORHEAD… et pas cette espèce de guimauve de deux accords. En plus, tout le monde adorait, alors ça m’énervait encore plus.

Y avait un de mes potes en classe qu’était fan. Il arrêtait pas de me dire que « METALLICA c’était pas seulement no-finger- mateurce », « que les vieux albums déménageaient », « que même MAIDEN à coté c’était des tarlouzes ». Comme j’aimais bien son T-Shirt « Don’t tread on me », j’ai consenti à ce qu’il me mette deux morceaux au bout de ma BASF 90 Chrome après m’avoir copié le Keeper 2 de HELLOWEEN. Il avait choisi « Fade to Black » enchaîné sur « Creeping Death ». Je me rappelle très bien la première fois que METALLICA a résonné dans mes oreilles. Ce putain d’arpège, cette mélancolie, cette puissance contrôlée, cette harmonie incroyable qui donnait envie de tout péter. Que dire encore de « Creeping Death » ? Ce riff impitoyable, ce son puissant, incisif. METALLICA, c’était incroyable. J’ai passé le Week-end entier à écouter ces deux morceaux, au bord de l’évanouissement extatique.

Restait la question de fond : comment expliquer le Black Album ? Les espèces de mièvreries qu’on entendait partout ? C’était pas le même groupe, pas possible. Et comment les radios pouvaient passer du « Nothing Else » alors que le même groupe avait pondu un truc aussi ultime que "Fade to Black" ? Il y avait quelque chose de pas logique la dedans. Le lundi matin, j’ai déboulé sur mon pote et lui ai supplié de me copier / prêter / vendre / louer / échanger les albums en sa possession. Sa devise, c’était « moi je prête qu’un album à la fois » et je lui avais toujours pas rendu son « Ace of Spades ». Merde. Je l’ai harcelé, suivi jusque chez lui après les cours. Mes doigts tremblaient en découvrant que METALLICA avait sorti 4 albums avant. J’aurais tué sa mère et violé sa sœur pour tout emporter. C’est finalement son père qui m’a foutu à la porte avec ma pauvre MAXELL 60 Ferro et "Ride" enregistré dessus (avec deux morceaux de "Kill"). J’ai écouté cet album à en user la bande en moins de 15 jours. METALLICA, c’était incroyable. Tous ses riffs qui me tombaient dessus. C’était à la fois beau, violent, évident et magique. Forcément le plus grand groupe de Metal de tous les temps.