Attention! Cette chronique est plus un avertissement qu’une véritable critique de disque.

En effet, Bay Area Thrashers a été commercialisé sous un prétexte fallacieux. La musique gravée sur cette vilaine galette argentée est censée être le premier témoignage live de METALLICA. Un petit commentaire en début de galette explique que Jimmy Richard Dell, producteur pour CBS, a enregistré ce concert en 1981 pour une émission sur les nouveaux groupes de Rock de la côte ouest des Etats-Unis. Le line-up serait constitué de James Hetfield, Lars Ulrich, Dave Mustaine, ce dernier y allant de quelques vocalises et Ron McGovney. Le problème est que la première apparition scénique du groupe date du 14 mars 1982 à Anaheim, Californie. Cela m’a mis la puce à l’oreille sur l’authenticité de ce document musical. Après quelques recherches, je m’apercevais que ce Bay Area Thrashers était bel et bien une escroquerie. La musique ne serait autre que la démo No Life Till Leather, datant de juillet 1982, à laquelle auraient été rajoutés des bruits de foule et des introductions aux morceaux repiqués sur la vidéo Cliff’Em All. Cette information provient d’Internet, source intarissable mais quelques fois peu sûre, d’où l’utilisation du conditionnel. J’ai moi-même essayé de vérifier tout cela en écoutant No Life Till Leather mais l’authenticité de cette démo étant tout aussi incertaine, l’opération était vouée à l’échec. Sachez simplement qu’à l’écoute des deux disques, il ne fait guère de doutes que la musique provient de la même bande, Bay Area Thrashers ayant été remixé pour donner au son un aspect live totalement artificiel. Sans avoir de certitude affirmée sur la provenance de cette fameuse musique, l’arnaque semble tout de même patente.

METALLICA, par le biais de son avocat Howard King a d’ailleurs depuis 1998 tenté de freiner la distribution de l’objet, apparemment sans résultats probants puisque celui-ci est toujours en vente chez nombre de disquaires physiques et en ligne.

A dire vrai, hormis cette amusante histoire de piratage, je dois dire qu’il n’y a vraiment pas grand-chose à dire. La qualité sonore est médiocre sans être abominable. Il existe quand même quelques bootlegs de la période Kill’Em All un peu meilleurs et plus complets. Bay Area Thrashers ne contient que sept titres qui ne s’enchaînent même pas, des blancs d’une longueur bien longue (ce n’est pas une coquille, j’écris ce que je veux, et je bouge mes cheveux avec élégance et un sourire à la con, compris?) venant conclure chaque morceau.

Il est amusant de voir un tel objet garnir les bacs des disquaires sans l’assentiment du groupe le plus procédurier au monde, mais il est regrettable que son intérêt se limite à ce petit bras d’honneur. Je présente donc à la fois mes félicitations discrètes et pas mal de réprimandes à Outlaw Records, apparemment responsable de ce clin d’œil (ou de ce forfait, chacun ses convictions).