Nous y sommes. La quintessence de l’inspiration et de la rage de METALLICA concentrée dans une heure de titres à la fois longs et haletants (pour rappel, le plus court est "Dyers Eve" et ses cinq minutes treize ! Comme quoi les titres de METALLICA ne se sont pas allongés avec le temps, ils sont juste devenus ennuyeux au possible). Tous les titres, et je dis bien TOUS, sont ancrés de gré ou de force dans le crâne des Metalleux. Pas convaincus ? Jouons à un jeu :

"Ta-dam pam. Ta-dam pam, ta-dam-dam-dam-pam-pam."

"Pouet-pouet-pouet-poueeet" (facile)

"Ta-ga-da-pam-pam-pa-pa-pa-paaam"

"Ta-da-da-da-da-da-da-da-dam. Ta-dam. Ta-dam. Ta-dam, ta-da-dam"

Si vous avez reconnu "The Shortest Straw", "One", "Harvester Of Sorrow" et "Dyers Eve" : félicitations, vous avez été formaté par "AJFA", et si vous avez réussi à les reconnaître sans avoir eu l’air con à mimer les bruits avec votre bouche, vous êtes un champion.

Blague à part, l’encre a eu beau couler à flot à l’époque sur l’inaudibilité de la basse de Newsted (et pourtant que ses lignes sont gratifiantes à jouer en poussant les potards à fond), tout le reste frôle l’excellence, que ce soit la voix d’Hetfield arrivée enfin à son potentiel maximal, son downpicking agressif et caractéristique au service de riffs anthologiques, la dextérité d’Hammett (!) à nous pondre des soli véloces et non plus qu’uniquement rapides (la recette ayant déjà été mitonnée sur "Master Of Puppets"), ou encore l’artwork cultissime, il n’y a rien à jeter sur cette galette, ultime œuvre au pinacle de l’art des Californiens.

Si ce n’était pas assez clair, "AJFA" occupe une place de choix dans mon coeur, "One" ayant été LE morceau qui m’a extirpé du Neo Metal et qui a été de fait mon tremplin vers des horizons plus extrêmes. Le sérieux, la violence, l’impact des titres et leur retranscription musicale avait scotché l’ado de quinze piges que j’étais à l’époque, bien que je ne susse y poser des mots à l’époque tant les déferlantes qu’étaient donc "One", "Blackened", "AJFA" ou "The Shortest Straw" m’avaient écrasées par leur consistance et leur complexité. La transparence et la transmission des émotions des titres est d’une justesse absolue, car même en repassant aujourd’hui l’éponyme, je retrouve la même poignance et la hargne immaculée des premières écoutes.

Et malgré mes efforts pour m’approprier de la même manière les autres albums cultes des Mets, aucun n’a su reproduire cette décharge d’adrénaline, ni "MOP", ni "Ride...", ni rien.

"...And Justice For All" est grand. "...And Justice For All" EST le Metal.

Morceaux préférés : "AJFA", "Blackened", "One".