J'ai découvert la Vierge De Fer avec "Fear Of The Dark" et il était mon seul mètre-étalon mais c'est "The Number Of The Beast" et "Powerslave" qui m'ont fait comprendre l'essence du groupe. J'apprenais avec la méthode Hardcore de JJ Rébillard (Guitar Part et Collector) les riffs qui incarnaient le mieux les styles de jeu du Metal et les deux riffs principaux de "The Prisoner" en faisaient partie. J'adorais la puissance de cette intro mid-tempo improvisée par Bruce Dickinson au départ (qui pour des raisons contractuelles n'avait pas le droit de partager de crédits d'écriture sur cet album).

Puis tous les classiques firent leur travail de sape pour se graver au plus profond de ma mémoire, en particulier "Children Of The Damned" avec toute sa partie centrale cathartique où j'ai chanté avec vindicte des dizaines de fois en compagnie de celui qu'on appelait encore Bruce Bruce quelques mois plus tôt. "Riding With The Angels", c'est exactement ce que fait Bruce avec cette formation anglaise qui incarnera mieux que personne la flamboyance de la NWOBHM.

Avec le recul, on se rend compte que cet album élevé au rang de classique est en fait très proche de son prédécesseur au niveau de l'attitude. C'est hyper speed, agressif, et on imagine très bien Paul Di'Anno sur "The Prisoner" ou "Run To The Hills". Le talent de Bruce Dickinson transcende ces compos, et contrairement à l'opus de 1981, je m'éclate sur "The Number Of The Beast" même si cette pièce-titre m'a toujours paru d'ailleurs surcotée même si je ressens très bien l'impact de ce refrain simple (simpliste ?) qui en fait un hymne instantané.

La palanquée de classiques intemporels ne doit pour autant effacer le fait que cet album est encore assez inégal. Si la face A est quasi parfaite ("Invaders" que j'aime pourtant est loin d'être exceptionnelle), la seconde l'est nettement moins, la faute aussi à la réédition, le pressage original ne contenait pas "Total Eclipse" (face B de "Run To The Hills") et laisse juste "Gangland" comme titre un peu à part sur cette face B qui s'ouvre sur la voix d'outre-tombe de la Bête et se referme sur le magistral "Hallowed Be Thy Name" qui n'a rien perdu de sa puissance évocatrice trente ans plus tard.