"The Number Of The Beast" est un mythe. Une icône dans l'histoire de la musique à guitares distordues, un album majeur du Heavy, a milestone comme le disent les Anglo-saxons. Une légende que tout fan de Metal se doit d'écouter un jour pour au moins savoir de quoi il parle, même s'il a déjà vu mille fois sa pochette d'anthologie. Le groupe emblématique de la New Wave Of British Heavy Metal, fondé par Steve Harris et secondé par deux des meilleurs bretteurs du genre, qui trouve la voix, celle de Bruce Dickinson, qui le portera au sommet de sa popularité et dechaînera les foules. Le genre de rencontre qui porte la marque du destin, et c'est quelqu'un qui n'y croit pas qui vous l'écrit… Sauf qu'un mythe doit toujours être confronté à la réalité pour être vérifié. Et celle-ci peut être dure et cruelle. Suffisamment pour faire tomber de son piédestal le troisième album studio de la Vierge de Fer. Car "Le Numéro de la Bête" n'est pas parfait, loin de là. Il est juste bâti sur des hits qui sont, encore aujourd'hui, des standards de notre musique favorite et qui dépassent IRON MAIDEN lui-même.

Oui : "Hallowed Be Thy Name" est tellement énorme que d'autres ont cherché à surpasser son auteur dans leur interprétation et y sont même parvenus. Suivez mon regard et vous tomberez sur CRADLE OF FILTH. Mais même dans sa version originale, cette compo est sans conteste l'une des plus grandes pièces de l'Histoire du Metal. Une sorte de nouvelle ultra courte mais dont la construction - d'un tempo lent à une cadence très vive - et la narration font dresser les poils et monter les larmes à mesure que le héros file vers l'échafaud. Et ces soli de guitare ! D'une intensité ultime. Modèle de hit absolu également, le morceau-titre est un condensé de TOUT ce qui fait du Heavy MAIDENien un mètre-étalon du Metal : intro captivante, riffs de folie, cavalcades bassistiques magistrales, chant possédé et refrain explosif. Splendide ! Quant à "Run To The Hills", il faut lui reconnaître son statut d'énorme tube car, quand déboule le refrain et ses guitares libératrices, le morceau devient extrêmement fédérateur.

Mais à côté, le mal branlé "Invaders", le banal mais sympatoche "Gangland" et le très passe-partout "Total Eclipse" - face B du Single "Run To The Hills" ajoutée bien vite à la tracklist de la version japonaise du disque - ne sont pas du tout à la hauteur de la légende que représente cet album. Des morceaux secondaires d'autres longue-durée d'IRON MAIDEN leur sont largement supérieurs. Côté densité et régularité, donc, "The Number Of The Beast", ça le fait moins. La moyenne pourrait même pencher vers les 3 étoiles si "Children Of The Damned", "The Prisoner" et surtout le très fin et catchy "22 Acacia Avenue" ne rétablissaient pas la balance. La suite de "Charlotte The Harlot" est un tube qui ne dit pas son nom et sa construction intelligente, qui a quelque chose d'épique en dépit du sujet, est passionnante à suivre. Plus intimiste, la power-ballade "Children Of The Damned" devient hypnotique sur son chorus et son final. Et "The Prisoner", avec le côté lumineux de son refrain et du riff qui le soutient, est une speederie de fort bon aloi. 3 très bons titres + 3 compos médiocres + 3 tubes légendaires = 4 étoiles, en réalité. CQFD.