Bruce Dickinson aimait, à l'époque de "The Chemical Wedding" nier toute réunion avec ses ex-acolytes de la Vierge De Fer, alors en délicatesse avec Blaze Bayley et avec ses fans qui n'ont pas digéré l'évolution brutale de 1995 et la tentative de réajustement de 1998. Le petit cachottier n'allait pas tarder à rejoindre les rangs en compagnie d'un allié de poids : Adrian Smith.

Deux des artisans de l'âge d'or rentrent au bercail, et ce "Reunion Tour" de 1999 a en un éclair balayé cinq ans de l'existence du groupe. Enfin pas tout à fait… Car "Brave New World", l'album du millénaire démontre deux choses : MAIDEN ne redevient pleinement MAIDEN qu'avec Air Raid Siren derrière le micro, et les perspectives d'évolution amorcées en 1995, maladroites en 1998, sont enfin pleinement maîtrisées en 2000.

Car si "The Wicker Man", le premier titre Smith/Harris/Dickinson depuis 1988, déchire tout sur son passage, plus que "The Mercenary" d'ailleurs, malgré son refrain qui renvoie aux belles heures du groupe, ce sont les titres plus progressifs qui tirent leur épingle du jeu : "Ghost Of The Navigator", "Blood Brothers" ou le splendide "The Nomad" (sorte de prolongement d'un "Alexander The Great") ; les grandes réussites de cet album aux côtés d'un plus complexe "Dream Of Mirrors".

Les hits efficaces qui ont fait la gloire du groupe sont aussi de la partie : "Out Of The Silent Planet", "Brave New World" (même si elle s'éternise un peu) et "The Fallen Angel". "Brave New World" porte ainsi un titre on ne peut plus adéquat (Le Meilleur Des Mondes). Seul petit défaut, un petit ventre mou (les deux compos Gers/Harris) avant que l'on reparte pour un final épique.

Les crédits sont très diversement partagés avec des réussites pour tout le monde, mention spéciale à Janick Gers qui avec "Blood Brothers" contribue à insuffler des petites mélodies subtilement folkisantes, et à Dave Murray, pas très prolifique comme de coutume qui avec "The Nomad" démontre son talent dans un style d'écriture plus fouillé et Prog. Il récidivera d'ailleurs de belle manière en 2006 avec "The Reincarnation Of Benjamin Breeg". En outre le mixage permet de constater une évolution des textures en ce qui concerne les guitares, étant donné que ce sont maintenant trois bretteurs qui se partagent le boulot désormais.