J'ai longtemps été persuadé que je claquerais 5 étoiles à "Brave New World" quand arriverait l'heure de le kro-xer à mon tour. Parce qu'il me semblait jusqu'à récemment - disons ces 3-4 dernières années - qu'il s'agissait d'un chef d'œuvre. Une impression que mon rapport personnel à cet album ne faisait que se renforcer tout en m'éloignant d'une certaine réalité : que le disque du retour d'Adrian Smith et de Bruce Dickinson n'était pas parfait. Pourtant, avant sa sortie, l'événement était de taille et, une fois paru, la pluie de critiques laudatives qui l'accompagnait avait de quoi impressionner le jeune fan que j'étais alors, moi qui écoutais, avec ce douzième L.P. des Anglais, mon tout premier disque de la Vierge de Fer.

Oh, bien sûr, je n'ignorais rien de l'existence du groupe ni de l'impact de ses pochettes qui, affichées sur les murs de la chambre de mon cousin gratteux, n'ont eu de cesse de me fasciner enfant. Mais aucun de ses albums ne s'était jusqu'ici faufilé dans mon lecteur CD avant que je n'achète "Brave New World". Alors l'accroche immédiate de "The Wicker Man", son riff qui claque, son refrain fédérateur et son enchaînement remarquable avec le tubesque "Ghost Of The Navigator" et le très bon morceau-titre m'ont vite fait forte impression. Par la suite, il m'est arrivé de relativiser l'efficacité de cette triplette mais comme j'y reviens toujours et que ces trois compos sont devenues des classiques d'IRON MAIDEN, je me dis que je n'avais pas tort sur leur compte.

Ce que je ne mesurais pas encore à sa sortie, en revanche, même si le nombre répété d'écoutes m'ont conduit à être (un peu, beaucoup, passionnément) plus sélectif à leur égard, c'est combien "The Mercenary" et "The Fallen Angel" étaient banales à côté des autres titres qui les entouraient. Et encore, je trouve toujours un certain charme au second, notamment pour son riff, son tempo et la performance vocale de Bruce dessus. Pris en sandwich entre des poids lourds qui les écrasent, en qualité comme en durée, ces deux titres font bien pâle figure face à la douce et poignante "Blood Brothers", à la plus complexe (quoiqu'un peu trop longue) "Dream Of Mirrors" et à l'orientaliste "The Nomad". Ce dernier est le titre qu'il m'a pris le plus de temps à apprécier, mais son souffle épique et son élégance toute MAIDENienne en font l'une des meilleurs pièces au long cours de l'histoire du groupe.

Pourtant, les Britanniques enfoncent encore le clou après. La différence avec bon nombre d'albums d'IRON MAIDEN est que "Brave New World" s'achève en toute beauté avec deux splendides morceaux qui réhaussent l'impression finale que l'on garde du disque. J'irais même jusqu'à dire qu'il se finit par une plus belle doublette que tous les L.P.s qui l'ont précédé ou lui ont succédé dans la discographie des Britanniques. Pour reprendre une expression de basket-ball, seul le one-two punch qui clôt "Powerslave" peut rivaliser, même si, prise à part, la superbement écrite "The Thin Line Between Love And Hate" ne domine évidemment pas les "Hallowed Be Thy Name", "Fear Of The Dark" et autres "Alexander The Great". C'est le duo qu'elle forme avec ce tube qu'est "Out Of The Silent Planet" qui fait du final de "Brave New World" un vrai quart d'heure de grâce. De quoi faire hésiter longtemps sur la note à lui attribuer. Genre, des années quoi. Le 5/5 n'était vraiment pas loin.