On peut aborder "Lulu" par bien des angles, la plupart amènent au même résultat : mais qu’est-ce que c’est que ce « truc » ? La réponse est plutôt simple en soi, un album de METALLICA en compagnie de Lou Reed. Et franchement, c’est la définition la plus polie qu’on puisse lui donner.

Lou Reed… Un cas d’école. Génie pour certains, grosse plaisanterie Rock’N’Roll pour d’autres, il ne laisse pas indifférent. Entre ceux qui ne jurent que par le VELVET UNDERGROUND et ceux qui trouvent que c’est de la fumisterie Warholienne, difficile de savoir qui a forcément raison. En solo, l’artiste divise tout autant et je dois avouer toutefois avoir beaucoup d’affection pour trois de ses albums : "Transformer", "Berlin" et "New York" (ce dernier, en boucle, en relisant le "New York Trilogy" de Will Eisner est un petit délice). Le jugement le plus tranché que je pourrai avoir à son égard est qu’il se fout parfois de la gueule du monde au nom de « l’art ».

Bon, je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter METALLICA.

Quand j’ai appris que les METS allaient enregistrer avec Reed, j’avoue avoir été très surpris. Celle-là, je ne l’attendais pas du tout. Autant, Bruce Springsteen me paraissait plausible, mais Lou… J’ai dû écouter le disque une fois à sa sortie. Ça a fait blanchir ma barbe et grisonner les cheveux. Là, j’ai pris le risque de le réécouter, afin de voir si le temps avait rendu les choses plus abordables. Je me suis regardé depuis dans le miroir : des rides sont apparues aux coins de la bouche.

Non, rien n’a bougé, je reste dans la sidération la plus absolue face à ce… ce truc. Déjà, c’est long. Ok, avec METALLICA, on a l’habitude, plus de 70 minutes, c’est le tarif habituel. Et c’est sérieusement usant. Lou Reed, c’est déjà particulier quand il est seul, là, avec les Horsemen, c’est imbuvable. C’est facile, on a l’impression que Lars et Co ont essayé de donner leur vision du Psychédélisme, avec un mec qui s’est flingué très certainement quelques neurones à cette époque, avec quelques références plus Thrashouille par moments. Enfin, Hammett a dû passer du temps dans les salons de tatouage, parce qu’on ne l’entend pas trop ici. Comme Robbie d’ailleurs. Enfin bon.

Je reste pantois. Je ne comprends pas la démarche. Je ne sais même pas s’il y en a une. Les textes cryptiques ? Ah ben ouais, "The View", niveau interprétation, c’est particulier. Bon, il faut aussi dire que « table » en anglais peut également signifier « tableau ». Ce n’est pas beaucoup mieux, mais ça a plus de sens quand même. Ah ! Je dois confesser apprécier l’effort du poignet droit d’Hetfield sur "Pumping Blood". Une pub vivante pour la tendinite. En revanche, "Frustration"… Entendre Lou Reed déclamer ainsi fait presque de la peine tant il donne l’impression de ne pas être à sa place ici.

"Lulu", ça ressemble à de l’abus sur personne vulnérable. On ne sait pas encore si c’est Lou ou METALLICA ladite personne vulnérable. Reed qui était connu pour ne pas sourire des masses... La légende veut qu’il soit mort après avoir écouté ce disque d’une traite et qu’il ait éclaté de rire. Son cœur n’avait pas l’habitude, il n’a pas supporté. Couic. Clap de fin (1). Plus sérieusement, la démarche, me fait songer à celle d’un autre disque très clivant du Monsieur : "Metal Machine Music". Véritable œuvre d’art pour certains, foutage de gueule éhonté pour d’autres. Il y a un point commun entre "MMM" et "Lulu" : ils sont très compliqués à écouter jusqu’au bout en une fois.

Sept écoutes (!) n’auront rien changé. Entre vendredi et dimanche, je n’ai pas trouvé la faille, la porte cachée pour comprendre cet univers sonore qui ressemble de façon absurde à… rien. Ce disque, c’est le néant à mes oreilles. Je termine à chaque fois lessivé, "Junior Dad" m’achevant pour de bon systématiquement. J’ai poussé l’expérience jusqu’au masochisme et même là je n’en tire aucun plaisir. Comme mes collègues, je me fends donc d’un 1 lapidaire, ne pouvant placer un 0 autrement plus mérité. Putain Lou, tu n’as vraiment pas de race de laisser ça comme héritage à ceux qui t’ont apprécié.


(1) Je sais, c'est d'un goût ignoble. Au moins autant que cet album, finalement.