Pérégrinant chronologiquement au gré des albums des METS, je sors plutôt rasséréné d'un "Death Magnetic", et me projette sans conviction -mais pas à reculons non plus- vers "HTSD", en oubliant toutefois un obstacle de taille dans mon périple. Alors oui, j'aurais pu me contenter de ne faire que les LPs des Horsemen stricto sensu, et ainsi passer outre les "S&M" et autres reprises, mais je suis un professionnel ma bonne dame. Enfin non, disons plutôt que je suis jusqu'au-boutiste. C’est ainsi que je me suis farci "Lulu".

C'est impressionnant comme le cerveau est bien foutu, par sa faculté à totalement oblitérer les souvenirs pénibles ou douloureux. Eau qui coule sous les ponts pour certains, esprit sélectif pour d’autres, quoi qu’il en soit, j’ai donc eu la "joie" de redécouvrir Lulu, treize ans après. Qui sait, ma sensibilité artistique de jeune adulte de l’époque n’était peut-être pas assez aiguisée pour appréhender cette… chose ?

Je vais être tout à fait honnête avec vous : jusqu'à "Cheat On Me", j'étais simplement affligé qu'une telle godelle existe. Tout était resté cristallisé et fidèle aux bribes de souvenirs qu’il m’en restait : le néant d’un inintérêt total. Et arrivé à "Frustration" (ça alors), j'ai commencé à trouver "Lulu" marrant, à l’instar d’un clown triste. J'ai eu des tressaillements et des pouffements de rire en prenant un peu de recul lors de l’écoute :
-Sa classification en "Oeuvre" par NIME, c'est déjà cocasse bien qu’adapté en y réfléchissant à deux fois. A partir du moment où l’on considère comme telle une galerie d'art moderne où les gens peignent avec un pinceau dans le fiacre, le champ des possibles est infini.
-La platitude, voir l'imbécillité des paroles bafouillées en boucle génèrent un comique gênant de répétition (putain sans rire, "To be dry and spermless like a girl" sur "Frustration", c'est du génie incompris).
-Reed, que je range dans la catégorie des vastes fraudes du Rock’n’Roll, semble atteint du syndrome de la Tourette, au point où l'on se demande si couplé à son grand âge, le cocktail n'allait pas aboutir à un infarctus causé par ses élucubrations de grabataire (on ne se moque pas des alcooliques cocaïnomanes échappés de l’EHPAD).
-Hetfield essaye de se frayer un chemin dans ce qui semble totalement lui échapper, et ne parvient pas à sauver quoi ce que soit malgré ses efforts. J’aurais presque de la peine pour lui s’il n’était pas complice de ce méfait. Et les autres ne servent à rien, tristes spectateurs d'un album qu'ils feindront ne pas regretter, invoquant le décès de Reed comme parangon artistique ultime.

Pendant ce temps, les minutes passent, et merde, "Little Dog" arrive et je me fais de nouveau chier : la rigolade a été de courte durée. Était-ce un épisode de démence éphémère générée par cette ignominie ? Est-ce-que c'est ça l'Art ? Une mystique volute éthérée capable de prodiguer des émotions incontrôlables, quasi schizophréniques ? La vache, ça fait peur. C'est pas pour moi, remballez votre daube. Je préfère risquer d'être un inculte insensible à cette pseudo oeuvre, que de me masturber intellectuellement plus longtemps qu'il n'a fallu de temps à la composer.

"Dragon", onze minutes, au tour de Kirk de faire un AVC. "Cheat On Me", pareil. "Junior Dad, DIX-NEUF minutes dont neuf d’outro ! Je ne tiens plus, j'ai l'impression d'être un marathonien qui voit au loin la ligne d'arrivée ne pas s’approcher, alors que ses guiboles tricotent toujours. Ça y est la fin est là et m'embrasse enfin. Quel héritage maladroit et malheureux. Ajoutez à cela un artwork hideux et c'est banco. Et non ce n'est pas subjectif, c'est laid, un point c'est tout.

"Smell your shit in the wind" - "Little Dog".
Toi d'abord.

Note réelle : 0/5.

Morceau préféré : Le bruit du bouton Eject.