Connu pour son Speed Mélodique à l'allemande depuis son premier album paru en 1988, BLIND GUARDIAN s'est affirmé au fil des ans comme un groupe à part, dans un style où l'originalité fait souvent défaut. Album après album, BLIND GUARDIAN a su définir son propre son, avec des arrangements typiques, et une façon de jouer reconnaissables immédiatement, à base de rythmiques speed en béton et de soli enchanteurs, le tout renforcé par des chœurs impressionnants et par la voix si particulière de son leader Hansi Kürsch. Cette voix est à proprement parler l'élément central de BLIND GUARDIAN, elle illustre tous les aspects que comporte la musique du groupe, tour à tour agressive et éraillée ou bien douce et mélodieuse.

Malgré le culte que lui vouent aujourd'hui des centaines de milliers de personnes à travers le monde (Europe et Amérique du Sud principalement), BLIND GUARDIAN ne connaît un réel succès que depuis ses 2 ou 3 précédents album, en fait depuis que sa musique s'est enfin affranchie de ses influences jusqu'ici trop présentes (HELLOWEEN notamment). "Nightfall In Middle Earth" leur précédent opus avait été considéré unanimement par la critique comme la consécration.

Autant dire que les 4 de Krefeld étaient attendus au tournant pour ce nouvel album sorti 4 ans après "Nightfall"... Et force est de constater que le défi a été relevé avec brio. On avait déjà été rassuré par le single "And Then There Was Silence", mais alors là ! Quelle claque en découvrant ce nouvel album ! Les ingrédients habituels sont présents : chœurs énormes, orchestrations alambiquées, mélodies médiévales un peu en retrait, incessants changements de rythmes, et cette voix, que dis-je, ces voix !?!

Il ne faut pas analyser cet album chanson après chanson, car il s'en dégage une très forte unité, les titres se succédant sans que l'on s'en aperçoive. Il faut tout de même préciser que cet album, ainsi que toute la discographie récente de BG, n'est pas facile d'accès à la première écoute.

C'est une musique d'une complexité extrême, dévoilant toutes ses facettes au fil des écoutes attentives qui révèlent à chaque fois une multitude de détails faisant la richesse de ce groupe. Mais une fois que l'auditeur a saisi le fil de l'album, qu'il est parvenu à cerner ses différents aspects (et notamment les innovations apportées sur "A Night At The Opera"), ce disque devient vite indispensable et on ne peut plus le sortir de la platine CD.

Bref, une œuvre faramineuse de celui qui restera avec RHAPSODY et ICED EARTH comme un des plus grands groupes de Heavy Metal de la seconde moitié des années 90.