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2015 Beyond The Red Mirror
2022 The God Machine
 

- Style : Silver Bullet, Iron Savior, Gamma Ray, Manticora, Galloglass, Power Symphony
- Membre : Coldseed, Serious Black, Sinbreed, Mentalist, Demons & Wizards
- Style + Membre : Savage Circus
 

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BLIND GUARDIAN - Somewhere Far Beyond - Revisited (2024)
Par JEFF KANJI le 2 Septembre 2024          Consultée 1653 fois

On ne s'est pas tous emmerdé de la même manière pendant le confinement. Alors qu'il tentait de boucler sa tournée des vingt-cinq ans de "Imaginations From The Other Side", préparait un album ("The God Machine") et une tournée pour les trente ans de "Somewhere Far Beyond", le Gardien Aveugle, assigné à résidence pendant une partie de 2021, en sus d'une préparation toujours aussi sérieuse, en a profité, devant reculer la sortie de son nouvel album, pour carrément réenregistrer son premier grand album, permettant ainsi de mieux l'inscrire dans le canon actuel du groupe (et surtout ne pas prendre le risque de se retrouver dans l'impossibilité d'honorer l'anniversaire de l'album), Frederick Ehmke qui n'a jamais caché son amour des premiers albums, pouvant y apporter sa patte, c'était un cadeau de Noël (de Covid pour le coup) pour celui qui a désormais passé plus de temps derrière les fûts que l'illustre Thomen Stauch.

Mais plus que tout, BLIND GUARDIAN voulait à la fois faire bénéficier de son expérience acquise à des titres qui restaient relativement simples à arranger pour le live et s'occuper dans cette période. Et à une ère où il faut être présent tout le temps, donner un os à ronger au consom… au FAN (!) cette initiative des Allemands est une aubaine. Hansi Kürsch le révélait à Rock Hard à la sortie de "The God Machine" ; cela a constitué un challenge notamment pour lui, même s'il ne s'est pas imposé de réenregistrer la basse pour l'occasion, mais sonner comme le jeune Hansi, avec la part de sauvagerie qui était la sienne à l'époque, l'a poussé dans ses retranchements. Si le vocaliste a drastiquement fait progresser sa technique et sa gestion vocale, lui permettant d'être aujourd'hui plus régulier en live qu'il ne l'a jamais été, les fans de la première heure regrettent parfois la direction plus mélodique empruntée plus franchement à partir de "A Night At The Opera", qui a délaissé (pour un temps) l'agressivité Thrashisante de la première époque de BLIND GUARDIAN qui a trouvé une forme d'aboutissement sur "Somewhere Far Beyond", en quelque sorte le plus léché de ses albums bourrins.

Et il faut bien le reconnaître, une partie du charme de l'album de 1992, cette rage qui semble tout peine sous contrôle, pourra parfois manquer à certains ici, mais je trouve qu'on y gagne à tellement d'autres niveaux qu'on ne va pas se plaindre, d'autant que BLIND GUARDIAN, contrairement à MEGADETH ou George Lucas, n'a jamais cherché à réécrire l'histoire, et ce sont trois versions désormais de "Somewhere Far Beyond" qui sont accessibles : le mix original de 1992, sa version remixée et remasterisée (cf ma chronique du coffret "A Traveler' Guide To Space And Time") et désormais ce "Somewhere Far Beyond – Revisited". Et si on parle des deux "Bard' Song" on en a même quatre versions (même cinq pour la célèbre ritournelle acoustique qui avait déjà été réenregistrée en 2003, et qui reste ma version de référence).

La sortie en amont de "The Quest For Tanelorn" m'avait fait craindre une entreprise qui ne montrait que les fêlures dans l'armure de mes idoles, et surtout une sensation d'enregistrement live in studio des arrangements live des morceaux, enrichis de quelques chœurs, un peu comme ce qu'il avait proposé sur l'EP "The Bard's Machine". J'y entends en réalité un groupe sérieux qui a décidé de suivre sa voie, et qui applique à "Somewhere Far Beyond" la logique de lisibilité instaurée par "A Twist In The Myth". Ainsi certains chœurs prennent moins de place (mais ils sont bien présents, assurés par le trio Hansi – André – Marcus), le tri est aussi opéré du côté des lignes de guitare et l'ensemble a indéniablement gagné en clarté, sans parler du mixage, excellent, qui met parfaitement en valeur une rythmique solide et un Frederick Ehmke, à la fois en déférence devant son prédécesseur, qui appose sa patte, et puis j'avoue qu'en définitive, l'absence de Kai Hansen sur les solos ne se sent pas tellement, André en reprenant les trames mélodiques principales et le faisant sonner encore plus BLIND GUARDIAN.

Répéter et remonter les titres pour l'exercice de l'album joué en intégralité aura aussi permis aux guitaristes (enfin surtout André) d'affiner ou de clarifier certains choix dans les mélodies de guitare, et c'est le cas dès "Time What Is Time", en particulier sur les parties acoustiques du début d'album. En revanche la finesse qu'il a développé au fil du temps donne au groupe un atout considérable : celui de révéler les nuances tant dans l'écriture que l'arrangement des titres (petit détail : la septième de la basse sur la fin de l'intro de "Somewhere Far Beyond" clairement plus audible ici). Si sur l'album original j'ai toujours trouvé "Ashes To Ashes" et "The Hobbit" un peu en-dessous, et surtout casse-tête, surtout la première aux influences FATES WARNING pas forcément bien digérées, je prends un plaisir incroyable à les écouter dans leurs nouveaux apparats, qui ne sacrifient rien à leur force de frappe, et même la décuple.

Après tout sera affaire de sensation, et si l'original de "Journey Through The Dark" aura toujours ma préférence, sa sauvagerie le servant dans le sens où le morceau n'a pas de réel autre objectif que de casser des bouches, mais cette nouvelle version est tout sauf ridicule. Et d'un autre côté "Theatre Of Pain" trouve sur cette sortie 2024 sa version la plus aboutie ; la complexité de l'interprétation d'Hansi (qui rappelle le souvenir douloureux du décès paternel). Du côté du chant, car on ne peut jamais parler d'une sortie de BLIND GUARDIAN sans en parler, Hansi Kürsch n'a plus la voix râpeuse de sa jeunesse, mais a toujours la possibilité d'agresser, non plus avec sauvagerie, mais avec autorité et surtout une grande maîtrise. Et sur certains chœurs et certaines lignes il me bluffe encore, je ne le voyais pas réussir à aller taper de tels aigus avec clarté ("The Bard's Song – The Hobbit") ou conserver tout l'epicness que demande un "Somewhere Far Beyond".

Surtout que si vous écoutez bien et jetez un œil au crédit, vous noterez que certains éléments de l'enregistrement de 1992 sont toujours là, notamment les chœurs du trio Kohler – King – Trapp, grossi par les apports de Hacky Hackmann (qui n'avait pas pu participer aux sessions de 1992) mais aussi d'Olaf Senkbeil (arrivé sur "Nightfall In Middle-Earth") ou plus récemment Jaycee Cuijpers (arrivé auprès d'Hansi sur le "III" de DEMONS & WIZARDS). On y retrouve aussi les mêmes cornemuses (enregistrées par un ami du père d'André à l'époque), et si Tommy Geiger et le claviériste live de BLIND GUARDIAN Mi Schüren sont intervenus (ce qui est logique puisque les sessions ont commencé comme des répétitions de la tournée-anniversaire qui ont servi de pistes de référence pour construire ce "Somewhere Far Beyond – Revisited", c'est évident sur "Black Chamber"), le travail de Matthias Wiesner n'a pas disparu, contrairement à celui qui touche aux guitares, Kai Hansen et Piet Sielck ne réapparaissant pas ici (de l'aveu d'André, il y a dans ce mix, au moins 50% de guitares en moins par rapport à la version de 1992).

On sait le Gardien Aveugle une valeur sûre, et il le montre encore une fois avec l'exercice périlleux du réenregistrement de son œuvre. Il reste en accord avec ses principes, son exigence, ce qui lui permet de ne pas échouer lamentablement, comme c'est trop souvent le cas. "Somewhere Far Beyond – Revisited" ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas, il ne prend pas le fan pour un idiot, ne cherche pas à réécrire l'Histoire mais la maintient vivante, et c'est sans doute le plus important. La version digipack propose par ailleurs deux prestations live de la tournée des trente ans de "Somewhere Far Beyond" en vidéo, dont celle, monumentale, du Hellfest 2022, sans le son pourri qu'Arte Concerts avait mis à notre disposition sur YouTube. Et pour l'audio live, c'est le concert plus petit, au Rock Hard Festival, mais devant une foule mieux reprise par les micros, qui est préféré...

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   JEFF KANJI

 
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- Hansi Kürsch (chant)
- André Olbrich (guitare, chœurs)
- Marcus Siepen (guitare, chœurs)
- Frederik Ehmke (batterie)
- -
- Johan Van Stratum (basse)
- Tommy Geiger (effets, claviers)
- Matthias Wiesner (claviers)
- Michael 'mi' Schüren (piano, chœurs)
- Markus Thalheimer (harpe bohémienne)
- Peter Rübsam (cornemuses irlandaises et écossaises)
- Rolf Köhler (chœurs)
- William 'billy' King (chœurs)
- Kalle Trapp (chœurs)
- Olaf Senkbeil (chœurs)
- Thomas 'hacky' Hackmann (chœurs)
- John Jaycee Cuijpers (chœurs)


1. Time What Is Time
2. Journey Through The Dark
3. Black Chamber
4. Theatre Of Pain
5. The Quest For Tanelorn
6. Ashes To Ashes
7. The Bard's Song – In The Forest
8. The Bard's Song – The Hobbit
9. The Piper's Calling
10. Somewhere Far Beyond



             



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