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BLIND GUARDIAN - A Night At The Opera (2002)
Par JEFF KANJI le 4 Août 2018          Consultée 11121 fois

La question qui se pose à BLIND GUARDIAN lorsqu’il entame la composition de son septième album est la suivante : comment succéder à "Nightfall In Middle Earth" qui a récolté tous les suffrages ? Le contexte a son importance, car si les qualités du Gardien Aveugle n’étaient plus à démontrer depuis "Imaginations From The Other Side", le revival True Metal a beaucoup contribué à amplifier le succès (mérité attention !) de la formation de Krefeld et du millésime 1998.

"NIME" restera l'album le plus symbolique du Gardien Aveugle et celui qui lui a ouvert en grand les portes du succès ; il a grâce à lui enfoncé le clou "Imaginations From The Other Side" et tourné sans relâche pour défendre cet ambitieux concept-album. Hansi a d'ailleurs décidé de lâcher la basse et le challenge d'un touring aussi intensif aura raison de ses cordes vocales. Mais il aura entre temps accédé aux premières places sur les scènes de festivals, en particulier au prestigieux Wacken Open Air, même si le célèbre rassemblement allemand n'était pas encore le géant qu'il est aujourd'hui.

Si bien que le repos était indispensable après une telle épopée. Voilà en partie ce qui va expliquer ce délai de quatre ans entre "Nightfall In Middle Earth" et "A Night At The Opera" où jusque dans le titre le groupe assume son admiration pour QUEEN. Dans l'intervalle, il aura enregistré selon lui sa meilleure reprise pour le tribute à DIO, l'occasion de tester les compétences de Charlie Bauerfeind qui avait fait un gros travail sur les parties orchestrales du précédent album. L'association est gagnante et il devient le producteur attitré des Allemands jusqu'à aujourd'hui. La période "Nightfall" aura vu le groupe élargir ses horizons comme jamais, et c'est à cette époque que sont nées les premières idées orchestrales et symphoniques, soit les prémices d'un album dédié au "Seigneur Des Anneaux" toujours en cours de réalisation à l'heure où j'écris ces lignes.

Ces nouveaux moyens sonores résultent en une production énorme, peut-être un peu trop même, tant il paraît difficile de faire tenir toute la démesure de BLIND GUARDIAN sur une petite rondelle. Cela fera partie des reproches qui vont être adressés à "A Night At The Opera". Les toms de Thomen Stauch sonnent comme jamais sur l’introduction de "Precious Jerusalem", les guitares sont crémeuses en solo et très Heavy en rythmique et les orchestrations beaucoup plus présentes à grands renforts de claviers et d'effets. Mais la plus grande composante est la voix d’Hansi Kürsch : il arrive à maturité et brille de mille feux nous offrant un florilège de ses capacités. Cris rageurs sur "Punishment Divine", lignes mélodiques doucereuses sur "The MAIDEN And The Minstrel Knight" ou chant rauque et vindicatif sur "Battlefield" (au pont anthologique : que de frissons à chaque écoute). Les chœurs déjà bien présents sur "The Curse Of Feanor" ou "Mirror Mirror" sont ici encore plus exploités et démultipliés. Le pont de "Battlefield", les lignes de chant de "Precious Jerusalem" au refrain bouleversant ou l’ardeur de "Sadly Sings Destiny" où deux chœurs se répondent sont autant de démonstrations de l’aisance infernale du vocaliste, et sans parler du final homérique de "And Then There Was Silence"...

Chaque composition démultiplie ce que l'on a écouté sur les deux albums précédents, et la nouvelle dimension, qui va se servir à l'étalage du Symphonique et du Progressif, signe le début d'une nouvelle ère pour le groupe… Et qui ne va pas convenir à son batteur historique, qui quittera les rangs de la formation pendant la gestation de "A Twist In The Myth"... Par ailleurs, cette nouvelle orientation ne va pas être du goût de tout le monde et le groupe perdra quelques fans des débuts avec son septième album. Pour autant, l'exposition médiatique acquise et la qualité de ce disque, clairement mon préféré du groupe avec "Imaginations From The Other Side", réserveront une postérité heureuse à ce "A Night At The Opera" qui a eu les plus grandes peines à sortir ; une année à composer, puis près d'un an en studio entre pré-production et réalisation de l'album en tant que tel, un artiste qui disparaît dans la nature, contraignant le groupe à se faire dépanner en dernière minute avec les moyens du bord, ce qui explique cet artwork pour le moins… Inhabituel. Cela nous change des pochettes travaillées auxquelles nous étions habitués depuis 1990.

Tout l’album peut se résumer à la pièce-maîtresse de "A Night At The Opera", la composition préférée d’Hansi Kürsch : "And Then There Was Silence". Toute la maîtrise et toute l’inspiration des Allemands se trouvent transcendés dans cette pièce extrêmement ambitieuse évoquant une thématique antique. Ses multiples rebondissements, ruptures et parties de chœurs über-bombastiques sont une expérience rare qu’aucun groupe n’a encore égalée. BLIND GUARDIAN était devenu un fer de lance du Heavy avec "Nightall In Middle Earth", il est sacré empereur avec "A Night At The Opera". Et s’il récolte la note maximale, au vu de ses nombreuses et indéniables qualités, "Wait For An Answer" est en-dessous des neuf autres joyaux de cet opus. Car de joyaux, voire même de silmarils, il s’agit bien ; chaque écoute (et il en faut du temps pour comprendre ce disque) révèle de nouvelles trouvailles et accentue le sentiment d’avoir un des albums les plus pharaoniques du style dans les cages à miel.

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   (6 chroniques)



- Thomen 'the Omen' Stauch (batterie)
- Hansi Kürsch (chant)
- Marcus Siepen (guitare)
- André Olbrich (guitare électrique & acoustique)
- -
- Oliver Holzwarth (basse)
- Matthias Wiesner (claviers)
- Rolf Köhler (chœurs)
- Thomas Hackmann (chœurs)
- Olaf Senbeil (chœurs)
- Billy King (chœurs)
- Michael Schüren (piano sur 8)
- Pad Bender (claviers, fx)
- Boris Schmidt (claviers, fx)
- Sascha Pierro (claviers, fx)


1. Precious Jerusalem
2. Battlefield
3. Under The Ice
4. Sadly Sings Destiny
5. The Maiden And The Minstrel Knight
6. Wait For An Answer
7. The Soulforged
8. Age Of False Innocence
9. Punishment Divine
10. And Then There Was Silence



             



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