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BLIND GUARDIAN - A Twist In The Myth (2006)
Par MR. AMEFORGÉE le 14 Août 2006          Consultée 27673 fois

"Carry The Blessed Home" est le pivot de l’album. Il y a un avant et un après "Carry...", et ce n’est pas le dentiste. C’est une ligne de démarcation, une palissade hérissée, une tranchée boueuse, un abîme volcanique qui scinde un continent en deux. La première région est montagneuse, atteint des sommets, la seconde ne culmine guère autrement qu’en plateaux et en collines. La question qui se pose, c’est doit-on sauver Carrie ? Puisqu’en fait, il s’agit du plus mauvais morceau de l’album "A Twist In The Myth", et même de l’un des plus mauvais depuis "Follow The Blind", ce qui n’est pas un mince exploit. Doit-on sauver une « power ballade » sirupeuse que des chœurs épiques et impressionnants, et un break en mid-tempo tentent de rendre sympathique ? La réponse est non. Car après cela, la suite de l’album, bien que de qualité, ne parviendra jamais à trouver l’inspiration des débuts et viendra s’échouer à la fin comme une baleine sur les plages de la déception.

Il faut évoluer ou mourir, semble être la devise du groupe. Et si le son BLIND GUARDIAN est reconnaissable, si "A Twist In The Myth" est une suite logique d’ANATO, il y a bien eu évolution ici. Moins de densité d’arrangements, moins de folie épique, pour parvenir à quelque chose de plus direct. Même si « sobriété » serait un terme excessif ; on ne se refait pas. On retrouvera le chant puissant de Hansi Kürsch qui se démultiplie encore à l’occasion, parfois rauque et violent, parfois trop aigu. On retrouvera le jeu de guitare incisif caractéristique d’André Olbrich, quoique plus chiche en soli. Mais il y a bien eu évolution. Le point de référence semble être le "Sadly Sings Destiny" d’ANATO : un son résolument moderne, qui mise davantage sur les rythmiques, en un sens, plus Rock. On entend encore par-ci par-là des nappes de claviers pour enrober le tout, mais dans une moindre mesure. Et enfin le nouveau batteur, Frederik Ehmke, apporte sa touche personnelle, et remplace sans problème Thomen. Frappe puissante, peut-être un petit brin moins véloce, mais compensée par une plus grande technique dans les rythmes, sans cesse changeants. BLIND GUARDIAN nous montre qu’il maîtrise encore l’art de jouer du Power/Speed Metal inventif et bien solide (ou du « Salsifis Bâteau-mouche Metal » comme on dit en Papouasie).

Alors voilà, après "Carry...", on aborde la pente descendante de l’album. Certes, cela reste de qualité, et le très Rock et entraînant "Another Stranger Me", suivi du complexe "Straight Through The Mirror", aux réminiscences très "NIME", feraient presque illusion. Mais ensuite, il y a aussi le difficile ou insipide, c’est selon, "Lionheart", que quelques pincées d’orientalisme au sitar, rappelant incidemment l’excellent "Home" de DREAM THEATER, ne sauve pas d’un refrain un peu lourdingue. Ensuite les effets orchestraux ajoutés au titre "Skalds And Shadows", par ailleurs classique mais très appréciable, tendent à atténuer l’aura de magie qui en émane. "The Edge", assez proche à certains égards de "Punishment Divine" (écoutez l’intro avec ces saccades de double pédale), propose un solo de guitare aussi surprenant qu’hors de propos, dans un style Rock’N’Roll déjanté et allègre qui contraste avec l’atmosphère sombre qui plane sur le reste du morceau. On en vient alors à regretter que BLIND GUARDIAN ait certes évolué, mais pas suffisamment, qu’il n’ait pas poussé l’expérimentation, le délire et la recherche de nouveaux sons plus loin. Mais peut-être est-ce un fantasme de progressiste. Et puis "The New Order" clôt l’album, avec ses accents pesants QUEENSRŸCHiens et son riff pompé à SILVERCHAIR (le titre "Greatest View" sur l’album "Diorama"). Ni mauvais ni génial, on reste alors sur notre faim, en regrettant de ne pas finir sur un hymne ou un titre héroïque et grandiose comme sur l’album précédent.

Oui. Mais si la fin ne comble pas la faim, il y a quand même le début de l’album. Quatre titres, quatre petits titres pour les gouverner tous. Qui enterrent leurs mémés et leurs arrières grands tantes aussi, à coups de pelle à tarte et de mixeur pour brocolis. Et où l’on pourra chercher l’extase. "This Will Never End" constitue une ouverture idéale, très puissante et agressive, très sombre, en définitive assez proche de ce que produit DEMONS & WIZARDS mais avec un excellent jeu de batterie en plus, ample et vigoureux. Une atmosphère de fin du monde règne sur le morceau et nos oreilles accueillent alors la suite dans les meilleures conditions : "Otherland". Le rythme est moins soutenu, joue davantage sur le crescendo et les breaks, mais le titre n’en est que plus exultant. Très mélodiques, presque FM par moments, les riffs trouvent les bonnes accroches, tandis que le chant délivre une partition sans faille, brutale et tranchante comme il se doit. On gravit les échelons de l’excellence. Suit alors mon coup de cœur : un morceau dans la veine épique que BLIND GUARDIAN maîtrise si bien, empreint de ces inflexions celtiques à la "Battlefield" ou à la "The Soulforged". "Turn The Page" possède la qualité d’un hymne, avec un ton joyeux et enthousiasmant qu’il n’est pas coutume d’entendre chez le groupe et qui devrait tuer en concert. Après l’orgasme, il reste encore "Fly", dont j’ai déjà eu l’occasion de parler dans la chronique du single éponyme. Le temps qui s’est écoulé a renforcé mon avis, il s’agit d’un morceau très solide, l’un des tous meilleurs... et qui ferme la première partie du "Twist In The Myth", la plus intéressante, et qui laissait, trompeusement, présager d’un très grand album.

Alors en fin de compte, il s’agit d’un bon disque, assurément très pro. Mais ceux qui ont déjà un album fétiche dans la discographie du groupe ne devraient pas changer leur classement. Le groupe a évolué, mais conserve son identité bien marquée et l’on pourra çà et là tisser quelques connections avec leurs précédents opus. Mais il faut bien se faire à ce constat : "A Twist In The Myth" n’est pas un disque majeur, même s’il prouve une fois de plus que BLIND GUARDIAN demeure un groupe avec lequel il faut compter.

Véritable note : 3,748969 (arrondi au supérieur après calcul du coefficient des marées de la plage de nudistes du Cap d’Agde en fonction de l’inclinaison de la Lune par rapport aux anneaux de Saturne et de l’hypoténuse de la racine carrée des poils de fesses de l’ami Possopo).

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   (4 chroniques)



- Hansi Kürsch (chant)
- André Olbrich (guitare)
- Marcus Siepen (guitare)
- Fredrick Ehmke (batterie, cornemuse sur 5)
- Oliver Holzwarth (basse)
- Mathias Wiesner (claviers)


1. This Will Never End
2. Otherland
3. Turn The Page
4. Fly
5. Carry The Blessed Home
6. Another Stranger Me
7. Straight Through The Mirror
8. Lionheart
9. Skalds And Shadows
10. The Edge
11. The New Order



             



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