Faut avouer qu'ils nous ont bien eu. A l'écoute des trois poutreries dévoilées en avant-première, sûr que certains devaient espérer un retour à la vitesse et l'agressivité des débuts Thrash du groupe. Inutile de s'exciter : METALLICA n'est plus un groupe de Thrash Metal depuis très, très longtemps. Et cela ne date pas du "Black Album", dès "Master Of Puppets" on pouvait comprendre que le groupe avait plus vocation à embrasser le Metal dans toute sa largesse qu'à se cantonner à un style particulier. METALLICA est LE METAL, et cela "Hardwired... To Self-Destruct" le prouve une fois de plus.

Moins alambiqué que "Death Magnetic", mais beaucoup mieux produit, "Hardwired" propose des morceaux plutôt simples dans leurs structures mais très efficaces et toujours dotés d'une grande personnalité. On y retrouve évidemment tous les ingrédients habituels : rythmiques incisives (la main droite d'Hetfield ne faiblit pas), un groove irrésistible ("Now That We're Dead" notamment, "Murder One" qui évite judicieusement d'être un "Motorbreath" bis, etc), les riffs stoner (qui étaient déjà là avant "Load" soit dit en passant), la whawha d'Hammet et surtout un James Hetfield très en forme vocalement avec ses lignes de chant les plus travaillées depuis "Load/Reload".

Un double album donc, histoire de faire comme MAIDEN. Vu que ça fait 8 ans qu'on l'attendait, ce n'est pas déconnant. Les détracteurs évoquerons la longueur des morceaux, mais bon sang, dès "Kill'Em All" leurs morceaux étaient largement plus long que la moyenne ! METALLICA s'est toujours basé sur la répétition des riffs, retenant ainsi bien les leçons de DIAMOND HEAD. Car c'est ces longueurs et ces répétitions qui contribuent à rendre leurs riffs hypnotiques, à leur donner du groove aussi, à construire une ambiance. A propos d'ambiance, quelle final magnifique que celui d'"Halo Of Fire", et mention spéciale aussi au lovecraftien "Dream No More" qui marche dans les traces de "The Thing That Should Not Be" avec un Hetfield étonnant au chant qui rappelle... Rob Halford ! Ce qui nous permet d'indiquer que les influences évidentes du groupe ressurgissent de plus belle, entre clin d’œil à Steve Harris ("ManUNkind") et reprise de l'intro d'"Am I Evil", ce qui manquait un peu sur "Death Magnetic" à vrai dire. Là encore, c'est un coup classique de la part de METALLICA.

Certes, "Hardwired" n'est pas parfait. Incontestablement, le cd2 est un cran en dessous du premier, à cet égard "Am I Savage ?" est sans doute le raté de l'album. Et tout cela manque aussi d'une véritable ballade, ça aurait donné un peu plus de variété à l'ensemble. Pas de quoi cracher sur la marchandise pour autant. Et puis ce "Spit Out The Bone" qui clôt ce bel ouvrage métallique : une tuerie.

Avec "Hardwired", METALLICA tient son rang, celui du plus grand groupe de Metal avec tout ce qui va avec : son lot de moutons idolâtres, sa foule de détracteurs et autres rageux, son caractère mainstream attirant un public pas si connaisseur que cela du Metal etc etc. On s'en fout tant que la musique reste jubilatoire et que le charisme demeure intact (la marque des grands), et c'est le cas.
Un très bon album donc, digne de la légende, rehaussé par un cd3 pas dégueux du tout. Et surtout, n'hésitez pas à aller voir les clips des morceaux sur youtube, certains valent vraiment le détour ("ManUNkind" – coucou MAYHEM - et "Here Comes Revenge" notamment).

WE'RE SO FUCKED !!