"Nightfall In Middle-Earth" est un album culte pour de bien nombreux amateurs de Power Metal. Auréolé de magie Tolkienienne, ce disque propose une musique plus épique que jamais, entraînant l'auditeur dans les contrées enchantées de la Terre du Milieu. Mais un tel voyage a hélas eu un coût : BLIND GUARDIAN semble avoir définitivement abandonné ses racines Speed pour se plonger entièrement dans le Power aux relents symphonico-plastiques. La frontière du kitsch a été franchie, et même si l'on peut encore percevoir les origines stylistiques du groupe, une page a clairement été tournée. Certains en ont été ravis : ce tournant mélodique apporte en effet une nouvelle orientation pleine de possibilités, qui se sont concrétisées sur les disques suivants. Malheureusement le prix en a été une bonne partie de la puissance de leur musique, celle-ci ayant perdu son côté incisif de tantôt.

Cet album n'est pas mauvais, loin de là. Il est juste quelque peu décevant car trop gentil, trop propre. De plus, toutes les chansons ne sont pas qualitativement égales, avec des différences assez marquées entre des titres réussis comme "Nightfall" ou encore "Noldor (Dead Winter Reigns)" et d'autres pistes plus dispensables comme "The Curse of Feanor" ou "Time Stands Still (At the Iron Hill)", ce qui est particulièrement dommage pour un concept-album, format qui requiert une certaine constance afin de rester cohérent.

En conclusion, "Nightfall In Middle-Earth" me semble être bien trop surestimé ; "Somewhere Far Beyond" était bien plus prenant, sans avoir besoin d'être aussi ambitieux. J'entends bien qu'il faille évoluer et faire mûrir sa musique pour rester intéressant, mais je crains que l'orientation choisie par BLIND GUARDIAN ne soit pas à mon goût. Je laisse donc "Nightfall" à ceux qui savent mieux l'apprécier que moi et m'en retourne chanter la chanson du barde avec le Hansi d'antan.