Cet album est très nul, mais il est aussi très beau.

Il est très beau parce qu’il incarne quelque chose de fort : la vérité d’IRON MAIDEN.

Après deux chefs-d’œuvre immortels en 1980 et 1981, le groupe a salement décliné. Son succès croissant, des fans vigoureux et un merchandising bien maîtrisé n’ont pas pu totalement masquer sa déchéance artistique. Mais l’on peut s’entendre sur le fait que, dans chaque album, il y avait toujours quelques compos dignes de la grande époque.

Cette fois-ci, avec "No Prayer For The Dying" (quel titre magnifique !), tout est laid. La fuite en avant qu’a constitué "Seventh Son Of A Seventh Son" a complètement cramé MAIDEN. Plus un riff, plus une mélodie, rien. C’est un cas d’école d’évaporation soudaine et définitive de toute forme de créativité et d’inspiration.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : si les chansons sont terriblement mauvaises, elles ne le sont pas vraiment plus que les pires moments de "The Number Of The Beast" ou "Powerslave". Ainsi, "Gangland" ou "Back In The Village" (proies faciles, j’en conviens) auraient très bien pu figurer ici et participer au désastre. Mais à l’époque elles étaient noyées dans l’enthousiasme général et dans l’imagerie roublarde. Et surtout elles étaient environnées de compos tout de même plus solides. En somme, elles faisaient illusion.

En 1990, tout cela a disparu. Et l’on s’aperçoit de ce qu’est MAIDEN sans maquillage, sans la hype, sans ses quelques restes de grandeur aperçus furtivement, ça et là, depuis 1981 : un groupe aux chansons globalement assez banales, médiocres, pas forcément antipathiques mais indignes de la légende un peu factice construite autour de sa discographie.

"No Prayer For The Dying" n’est donc pas un accident, une ratée de l’histoire ou une exception. C’est un concentré pur, limpide, de ce que fut le MAIDEN de Dickinson pendant une dizaine d’années. La quintessence de leur musique.

Voilà pourquoi cet album est si beau : il dévoile la vraie nature de ce MAIDEN-là. Il révèle toute la vérité sur ce groupe.

Magnifique.