J'aime "Piece Of Mind", et pas que pour le jeu de mots. Je l'aime plus que "Powerslave". Plus que "The Number Of The Beast", même, car si l'on est forcé de reconnaître que cet écrasant et encombrant prédécesseur atteint de bien plus hauts sommets (et quelques mornes plaines aussi), je n'ai jamais été aussi investi émotionnellement dans "The Prisoner", "Children Of The Damned" ou "Run To The Hills" - pourtant tubes parmi les tubes de la carrière d'IRON MAIDEN - que dans "Where Eagles Dare", "Flight Of Icarus" ou "The Trooper". Il faut dire que ces trois titres sont devenus des classiques eux aussi, mais ils ne sont pas les seuls à faire la force du quatrième L.P. du groupe britannique. En réalité, "Piece Of Mind" n'accuse qu'un seul moment faible à mon goût et c'est "Quest For Fire" : une compo honnête et bien troussée mais qui ne sortirait du lot sur aucun album des Anglais. Pour le reste, autrement dit huit titres sur neuf, "Piece Of Mind" est extraordinairement constant dans sa régularité et dans sa qualité.

De ce fait, il y a quelque chose de rassurant sur cet album. Être certain, en le réécoutant, qu'on ne sera jamais barbé ni déçu et qu'on n'aura envie de zapper aucun titre (sauf "Quest For Fire", et encore), même en connaissant l'ouvrage par cœur, fait un bien fou. Les aspirations plus intimistes du combo font plaisir à entendre, comme au cœur semi-acoustique du surprenant "Revelations". Retrouver la superbe mélodie traditionnelle de "Asturias", d'Isaac ALBENIZ, et des sonorités orientales toutes aussi folkloriques sur "To Tame A Land" participe de cet aspect rassurant. Et si cette pièce au long cours est peut-être la moins marquante des titres-fleuve signés Harris dans les années 1980, elle reste très agréable à suivre. Sa tonalité offre, en outre, un écrin à la basse ronronnante du leader. Ailleurs, c'est du hit en pagaille ! Ou une tentative de hit pour la très 80s "Sun And Steel", dont le charme désuet et son côté radiophonique me séduisent toujours.

"Where Eagles Dare" ne calme jamais ses ardeurs. Ici, c'est le festival de la guitare Heavy Metal telle que l'a réinventée la NWOBHM. Ça riffe en continu et c'est le pied total, avec en prime un Bruce Dickinson remarquable d'expressivité et de lyrisme. Pour moi, le meilleur titre d'ouverture jamais envoyé par le groupe et le plus authentiquement MAIDENien de tous, musicalement et textuellement parlant. "Flight Of Icarus" est majestueux tellement tout y est beau, du riff aux soli de guitare, des lignes de chant poignantes aux chœurs sur le refrain. "Die With Your Boots On" est simple, directe et catchy comme IRON MAIDEN sait l'être depuis toujours. "The Trooper" est une telle tuerie qu'elle parvient même à se passer de refrain sans tomber de son piédestal de TUBE du disque. Quant à "Still Life", sa montée en puissance est haletante, son refrain claque et Dickinson chante le tout avec une délicatesse et une retenue rares pour lui. Avec ce quatrième album, les Londoniens pouvaient garder leur tranquillité d'esprit ("peace of mind") : la couronne du Heavy resterait la leur.