"Chameleon" n’est pas une énigme en soit. Il est le reflet d’un groupe au bord de l’implosion, sans dialogue, sans passion. HELLOWEEN se disloque lentement et chacun va composer dans son coin tout en montrant les crocs aux autres pour être certain que personne ne les modifie. Le résultat est un album très décousu, où on peut en extraire du bon, mais qui s’avère vite être complètement insupportable.

Ce disque est divisé en trois. Trois compositeurs qui signent chacun quatre morceaux, pour le meilleur et surtout pour le pire. Le plus simple consiste finalement à évoquer ces trois musiciens à travers leurs œuvres (terme ici gentiment galvaudé).

Commençons par Roland Grapow. Honneur au nouveau en somme. Sur "Chameleon", on ne retrouve pas la superbe qu’il avait sur "Pink Bubbles Go Ape", lui qui surnageait (la musique de "Mankind", c’est lui). Là, il est au pire horripilant ("I Don’t Wanna Cry No More", "Crazy Cat"), au mieux gentiment daté (le très FM "Step Out Of Hell" qui semble jaillir des années 80). "Music" est sympa, mais au final, elle est un peu trop longue.

Le vétéran Michael Weikath est un cas. Comment peut-on briller, littéralement, avec un "Giants" génial et se planter dans le platane avec un tricycle sur "Windmill" ? Passer de l’épique au niais au possible ? "Revolution Now" et son côté Flower Power ne va pas relever le niveau. Quant à "First Time", c’est certainement le morceau le plus typiquement HELLOWEEN. Normal, il date de 1985. Mais les paroles sont tellement débiles que… Ben voilà quoi (mais on peut le sauver quand même, hein…).

Reste Michael Kiske. Lui, il est insupportable sur "In The Night". Sérieux. Il est gavant ce titre. En revanche, il s’avère être celui qui s’en sort le mieux avec ses "When The Sinner", "I Believe" et "Longing" travaillés, parfois étranges, mais finalement cohérentes avec le blond chanteur. Ce qui est finalement logique, par rapport à ses passions, ses ambitions. "Chameleon" est un album qui lui ressemble, contrairement aux autres musiciens.

La fin d’une époque pour HELLOWEEN.