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HELLOWEEN - The Time Of The Oath (1996)
Par JEFF KANJI le 29 Décembre 2012          Consultée 13575 fois

On peut reprocher bien des choses à HELLOWEEN, mais il est carrément malvenu de le soupçonner de nonchalance ! Il existe assez peu de formations capables de survivre aux chocs collatéraux du passage à la nouvelle décennie tels que les a endurés la formation hambourgeoise. Un guitariste-compositeur-fondateur emblématique qui coule des jours heureux avec sa nouvelle formation GAMMA RAY, qui après trois albums de haute tenue vient de dégainer son chef d’œuvre ("Land Of The Free") et un chanteur charismatique au timbre inimitable qui n’a pas survécu au naufrage "Chameleon", on a eu droit à un petit miracle avec "Master Of The Rings" qui relevait clairement le niveau, et ce grâce à un homme : Andi Deris. Le jeune chanteur de PINK CREAM 69 s’est avéré non seulement un chanteur talentueux tranchant nettement avec le style lyrique et purement Speed Mélodique de Michael Kiske, mais en sus de ses capacités vocales, il est surtout un compositeur doué.

"The Time Of The Oath" préfigure le revival True Metal qui s’apprête à déferler sur le vieux continent. Retour encore plus marqué aux tempi soutenus et frite Happy Metal prégnante, HELLOWEEN, de nouveau sûr de ses compétences, fait fructifier les graines semées sur "Master Of The Rings". L’artwork fait, comme sur ce dernier, un clin d’œil à l’épopée du gardien des sept clés et il est carrément de retour avec dans son visage toujours invisible une référence directe à son prédécesseur. Outre le fait qu’il s’agisse du deuxième opus avec le line-up Deris/Weikath/Großkopf/Grapow/Kusch, "The Time Of The Oath", tout comme "Master Of The Rings" a été réalisé sous la houlette de Tommy Hansen au Château du Pape à Hambourg (si comme moi vous regrettez la production un peu ramassée et sous-mixant les twin guitars de "Master Of The Rings" tant pis car c'est ici presque pire), et l’équipe artistique est là aussi identique avec Frederick Moulaert qui a conservé le même univers graphique sur les deux opus. Et ils sont complémentaires. Là où son prédécesseur mettait l’accent sur l’aspect plus Rock et fun de sa musique, avec pour porte-étendard des titres comme "Perfect Gentleman" ou "Mr Ego", "The Time Of The Oath" réconcilie HELLOWEEN avec le Speed tout en donnant un sacré coup de jeune au style, à la fois plus hargneux et plus personnel, l’extirpant de la masse de clones (de plus en plus nombreux) adulant "Keeper Of The Seven Keys" et retrouve par là même un soupçon de Thrash mélodique qu'il avait complètement perdu avec l'arrivée de Michael Kiske, soit depuis "Walls Of Jericho".

"We Burn", aussi concise et efficace que son titre ne le laisse suggérer, montre un HELLOWEEN agressif mais mélodique avec un Andi Deris au sommet, des twin guitars virevoltantes et une section rythmique en béton armé. On retrouve les hymnes avec "Steel Tormentor", sans doute ma préférée, regorgeant de soli vertigineux où la paire Weikath/Grapow se montre à son avantage, et de double grosse caisse pilonnante où l'ancien GAMMA RAY Uli Kusch prouve une fois de plus sa dextérité, "Before The War" qui n'aurait pas dépareillé sur "Walls Of Jericho" ou le plus sombre "Kings Will Be Kings".

Sombre. Voilà un nouvel aspect du HELLOWEEN post-Kiske : des tempi plus lourds agrémentés de riffs très Heavy. L’éponyme "The Time Of The Oath" en est la plus belle démonstration : un riff obsédant de Roland Grapow est porté par une mélodie sépulcrale d’Andi Deris et développée sur plus de six minutes avec l'intervention remarquée d'une chorale qui vient renforcer la teneur solennelle de ce titre. Si "Mission Motherland" ne manque pas d’attrait (cet enchaînement de rythmiques à partir de 4:15), elle demeure moins évidente mais réconcilie les Allemands avec les longues épopées façon "Keeper Of The Seven Keys" où le groupe se montrera de plus en plus pertinent (le récent et excellentissime "Nabataea" vient en attester). La bonne santé du groupe ne doit pas faire oublier les heures sombres qui le hantent encore ; Ingo Schwichtenberg, l’ancien batteur de la formation, s’est suicidé un an plus tôt et l’album lui est tout naturellement dédié. Cette facette plus sombre de la musique d’HELLOWEEN coïncide donc avec un passage douloureux à l’âge adulte.

Mais surtout l’équilibre est atteint avec les happy "Wake Up The Mountain", "Power", sans doute l’une des rares à égaler "I Want Out" sur son terrain, ou encore "A Million To One" où Uli Kusch affirme un vrai talent de songwriter. Et c’est là l’une des forces du HELLOWEEN nouveau : chacun propose de bonnes compositions à l’image du léger et désopilant "Anything My Mama Don’t Like" qui sous ses atours Rock and Roll fait écho à "Perfect Gentleman" ou encore "Take Me Home" qui avaient prouvé le talent de la bande dans cette approche décalée et pleine d’humour.
Et pour compléter le package, une authentique power-ballade, doucereuse, pas trop sucrée, où Andi Deris étincelle : "Forever And One" est entêtante et offre une respiration bienvenue avant que ne déboule "Before The War". Et si "If I Knew" est un peu moins hymnique, elle n’en demeure pas moins agréable et légère, ce qui fait un bien fou après l’épique "Mission Motherland" et avant qu'Andi Deris ne se métamorphose en un Méphistophélès inquiétant réclamant l'âme de Faust sur le définitif "The Time Of The Oath".

Ayé ! HELLOWEEN semble sorti de l’ornière et pleinement entré dans les nineties, ô combien difficiles pour le Heavy Metal et sans doute encore plus pour HELLOWEEN qui a clairement raté ses deux dernières sorties ("Pink Bubbles Go Ape" en 1991 et "Chameleon" en 1993). HELLOWEEN ne sera plus pris en défaut et restera désormais l’un des leaders, aux côtés de GAMMA RAY, de cette scène qu’ils ont contribué à créer. Les Allemands réaffirment au meilleur moment leur importance historique et la paternité d’un style, le Heavy Speed Mélodique ou Power Metal Européen, amené à exploser incessamment sous peu par le biais d'une formation venue du froid suédois qui doit beaucoup à HELLOWEEN : HAMMERFALL.

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   (4 chroniques)



- Markus Großkopf (basse)
- Roland Grapow (guitare)
- Michael Weikath (guitare)
- Andi Deris (chant)
- Uli Kusch (batterie)


1. We Burn
2. Steel Tormentor
3. Wake Up The Mountain
4. Power
5. Forever And One (neverland)
6. Before The War
7. A Million To One
8. Anything My Mama Don't Like
9. Kings Will Be Kings
10. Mission Motherland
11. If I Knew
12. The Time Of The Oath



             



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