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HELLOWEEN - Gambling With The Devil (2007)
Par BAST le 24 Novembre 2007          Consultée 25884 fois

HELLOWEEN a planté deux décors. Le second tient du premier. Le premier ne perdrait probablement rien à se passer du second. Le premier, c’est Kiske et Hansen. C’est un coup d’éclat en trois impulsions, un piédestal façonné au burin, un poing levé, immortalisé par l’achèvement d’une formidable décennie. Vieux de vingt ans, il jouit d’une population dense, partagée en deux factions opposées : les sédentaires qui se font les porte-paroles d’une position claire, nette et aisée à entretenir : depuis le départ de son guitariste emblématique, HELLOWEEN ne vaut plus rien. Et les autres qui prennent plaisir à passer de ce décor... à l’autre. L’autre, justement, c’est Deris et Weikath propulsés au rang de leader, une mise à l’épreuve constante, un incessant saut à l’élastique dont chaque rebond obéit à une amplitude imprévisible. Sa population est moins fournie, mais quelle formation Heavy européenne peut réellement se targuer de ne pas la convoiter ? C’est à cette frange de fans et à elle seule que je vais souligner les qualités incontestables de ce nouvel album des Citrouilles.

Pour appuyer cette allégation, me situer dans ce décor devrait constituer une première indication. Vous voyez "The Time Of The Oath" ? Bien. Et "The Dark Ride" ? Tracez une ligne entre les deux et vous m’apercevrez à mi-parcours. Seulement, avec HELLOWEEN, ça ne fonctionne pas. Si les fans du premier HELLOWEEN s’accordent unanimement à béatifier chacune des trois œuvres, ceux du second, par contre, tombent rarement d’accord. Vous dénichez trois amateurs de "The Time Of The Oath" et leur demandez de vous orienter vers un autre album, l’un vous conseillera "Better Than Raw", l’autre "The Dark Ride", le troisième "Rabbit Don’t Come Easy". Faites votre choix ! Pas évident dès lors de se lancer dans une comparaison qualitative qui ne mettra d’accord, au mieux, qu’un tiers du lectorat. L’alimentation d’un « j’aime / j’aime pas » adopte l’incertitude d’un pile ou face. Alors je déborde de superlatifs lorsque l’on me parle de "The Dark Ride" ou de "Time Of The Oath". Et "Gambling With The Devil" n’est pas loin de me procurer le même enthousiasme. Votre propre tiercé divergera totalement du mien ou comptera un ou deux points communs.

Après un "Legacy" plutôt bon mais étiré entre des compos réussies (le formidable "The King For A 1000 Years"), d’autres plus anecdotiques et une ambition lourde aux accents d’imposture, HELLOWEEN revient à des titres simples et accrocheurs, en profite pour y plaquer des sonorités heavy bien tranchées. Et avec quelques riffs bien sentis, s’il vous plaît ("The Saints", "The Bells Of The Seven Hells"), où ces guitares mordantes mixées en avant par un Charlie Bauerfeind toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de faire la lumière sur la base Heavy, rappellent à certains des relents "Walls Of Jericho". Je n’irai pas jusque là, c’est vrai pourtant qu’HELLOWEEN roule davantage des biceps, au point que certains titres témoignent d’une pugnacité inhabituelle ("Kill It", "Paint A New World"). "Gambling With The Devil" a été majoritairement composé durant la dernière tournée des Allemands, ceci explique probablement cette volonté d’une distorsion accrue, comme pour mieux prolonger la réactivité massive du public.

Sur "Gambling With The Devil", il y en a pour tous les goûts. On retrouve l’esprit loufoque de "Rabbit...", les hymnes de "The Time Of The Oath" ou de "The Dark Ride", la prod fantasque de "Better Than Raw". L’opus se montre léger dans ses mélodies, fédérateur, assez frais et terriblement accrocheur. Sans être un fan aveugle des Citrouilles, jamais aucun album ne m’a vraiment déçu. Parce que chacun parvient à proposer son chapelet de perles. Et aussi parce que le chant de Deris colle merveilleusement bien au côté Happy Metal - ce fameux côté Happy Metal - que les Citrouilles ont renforcé à compter de "Master Of The Rings". Sur ces deux aspects, "Gambling With The Devil" ne déçoit pas. Andi Deris se montre plus convaincant qu’il ne l’a probablement jamais été, fort d’un travail sur sa voix entrepris depuis peu et qui paye ("Kill It" à la Rob Halford). Et les titres forts sont légion, parfaits dans leur simplicité et leur accroche. L’intro amusante qui voit la participation de Biff Byford, "The Saints" et son solo vertigineux, "The Bells Of The Seven Hells" qui fait déjà figure de classique avec ce parfum 80s exhausté ou son refrain entêtant, "Final Fortune" dans ses nuances rythmiques, "Dreambound" qui nous propulse gentiment en apesanteur, autant de titres parfaitement armés pour enrichir la collection de hits des allemands. De qualité égale du début à la fin, "Gambling With The Devil" pourrait bien être le meilleur opus des citrouilles depuis "The Dark Ride". En tout cas, c’est ce coup de projecteur là que je souhaite apporter.

Depuis l’arrivée de Deris, HELLOWEEN n’a jamais été exempt d’erreurs. Il lui est arrivé de proposer des albums en demi-teinte, pas assez inspirés, tentant de crocheter les serrures d’un passé refermé sur lui même ("Legacy" pour l’exemple le plus probant). "Gambling With The Devil", à l’instar d’un "The Dark Ride" ou d’un "Better Than Raw" manifeste un cran indéniable. Celui d’aller de l’avant, de s’essayer à de nouvelles sonorités. De progresser, d’explorer. J’ai même envie de dire que les complexes d’une période faste se sont atténués. HELLOWEEN montre un visage avenant, à l’image de Weikath que le DVD live sorti cette année a présenté sous un jour nouveau, les sourires reléguant l’attitude taciturne qu’on lui connaissait. Cela ne signifie pas qu’il le conservera à jamais. Mais cette situation a au moins le mérite de relancer la carrière d’un groupe dont on aurait bien du mal à se passer. La prochaine tournée aux côtés de GAMMA RAY s’annonce... excellemment bien !

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   (4 chroniques)



- Andi Deris (chant)
- Michael Weikath (guitare)
- Sascha Gerstner (guitare)
- Markus Grosskopf (basse)
- Dani Loble (batterie)


1. Crack The Riddle (intro)
2. Kill It
3. The Saints
4. As Long As I Fall
5. Paint A New World
6. Final Fortune
7. The Bells Of The Seven Hells
8. Fallen To Pieces
9. I.m.e.
10. Can Do It
11. Dreambound
12. Heaven Tells No Lies



             



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