John Sykes n’a pas eu la carrière qu’il méritait.

C’est le terrible constat qui s’est fait dans mon esprit quelque jours après sa mort. Et pourtant, il aura posé sa patte sur des albums remarquables, superbe lieutenant, mais qui aura souvent été dans l’ombre des leaders charismatiques que pouvaient être Phil Lynott ou David Coverdale.

Mais ce serait faire un raccourci terrible pour sa carrière, carrière qu’il a débuté magistralement au sein de TYGERS OF PAN TANG, lui donnant ses lettres de noblesse le temps d’un album magnifique, un "Spellbound" qui aurait pu rebattre les cartes de la NWOBHM si l’opus suivant, "Crazy Nights", avait été du même acabit. Mais à trop se précipiter, il est difficile de faire aussi bien. En tout cas, ça ne l’avait pas empêché de taper dans l’oreille de Phil Lynott qui fera appel à lui pour enregistrer "Thunder And Lightning", le crépuscule de THIN LIZZY.

Là, ses détracteurs vont l’accuser d’avoir complètement dénaturé le son des Irlandais, alors qu’ils oublient souvent qu’une bonne partie avait déjà été écrite par Lynott. Sykes est juste le guitariste qui pouvait le mieux seconder Scott Gorham (et rappelons à toute fin utile que Sykes n’a coécrit que "Cold Sweat", qui est redoutable d’efficacité). À la fin de THIN LIZZY, le guitariste ne restera pas longtemps au chômage, il rejoindra WHITESNAKE qui allait aborder un virage commercial avec la version US de "Slide It In" et surtout avec "1987".

Sykes fournit un travail remarquable. Si "1987" n’est pas mon album préféré du Serpent Blanc, combien le citent spontanément ? Et sans le travail d’écriture de Sykes, ce disque aurait-il connu pareil essor ? Mais bien entendu, c’est avant tout Coverdale qui répond aux interviews et Sykes n’a pas forcément l’attention qu’il mérite. Après tout, un guitariste, ça se remplace.

Quand il fonde BLUE MURDER, il va bien s’entourer et il va également prendre le micro pour un résultat très probant. Le premier album est un véritable classique du « Hard US », mais l’aventure va s’arrêter en 1994. Dans une certaine indifférence. Sykes va alors devenir un guest de luxe, porter haut le nom de THIN LIZZY et entamer une carrière solo discrète. Son temps était passé et il aura laissé quelques albums légendaires derrière lui.

Le 20 janvier, il a perdu son combat contre le cancer. Il n’avait que 65 ans et je le pense encore, il n’a pas eu la carrière qu’il méritait, vu son talent, son feeling, son sens de l’écriture.

Repose en paix John et surtout, n’hésite pas à taper le bœuf avec Phil là où tu es.