Après la sortie de l'album Powerslave, c'est courant 1984 qu'IRON MAIDEN lance une tournée qui va rester célèbre : "The World Slavery Tour". Pendant presqu'un an, le groupe écumera les grandes salles de la planète en jouant 1 soir sur 2 voire tous les soirs devant des milliers, des dizaines de milliers de fans venus les voir à grands renforts de masques d'Eddie, de banderoles etc ... Le groupe a également tout mis en oeuvre pour contenter son public avec des effets impressionnants, des lights impeccables, des décors somptueux reprenant la trame égyptienne de Powerslave (momies, sarcophages, enluminures ...), lance-flammes et tout le tralala.

Enregistré en public lors de 2 dates américaines, Live After Death est le premier live longue durée d'IRON MAIDEN. C'est un disque magique car il a été conçu lors de cette tournée gigantesque alors que le groupe était au sommet de sa gloire. Un disque enivrant car après 5 albums studios, il n'y a que des classiques ici ! Sorti également en VHS à l'époque, Live After Death montre IRON MAIDEN à la croisée des chemins; il est un excellent best-of en live de la première période du groupe, avant de passer au registre plus peaufiné des années Somewhere In Time et Seventh Son. La star de ce disque live, c'est Bruce Dickinson. A travers ses paroles entre les chansons et ses improvisations, on ressent le caractère extraverti du personnage qui met toutes ses tripes et sa personnalité dans les interprétations, et on l'imagine dans ses postures scéniques si rocambolesques. Le public qu'il tient dans sa main sans jamais le lâcher répond toujours présent à ses sollicitations. Quelle communion ! A vrai dire, il n'y a aucun temps mort ici, aucun titre superflu sans compter que chaque chanson s'enchaîne à quelques exceptions près les unes aux autres.

On commence par le "Churchill's Speech", une introduction qui fait toujours aussi frémir avec ses bruits d'avions derrière et ce discours prononcé lors de la tentative d'invasion de l'Angleterre par la Luftwaffe allemande. Puis ce démarrage en trombe avec un "Aces High" tonitruant, plus brut que la version studio ... une constante pour tous les titres de ce disque d'ailleurs. Je ne reviens pas sur "Two Minutes To Midnight" et surtout "The Trooper" qui sont des morceaux taillés pour le live, qui vont droit au but et qui sont repris comme un seul homme par l'assistance. "Revelations" et "Flight Of Icarus", morceaux plus mélodiques issus de Piece Of Mind prennent aussi un sacré coup de trique, surtout par le fait que Bruce les chante d'une manière plus agressive et spontanée que sur l'album studio. Il fallait oser, ils l'ont fait : s'attaquer en concert au monstre "The Rime Of The Ancient Mariner" (plus de 12 minutes) avec ses ambiances sombres, cette explosion au milieu de la chanson et ce déluge de décibels. Réellement impressionnant.
Un poil moins complexe mais toujours épique, "Powerslave" et son riff égyptien se révèle aussi grandiose. On revient ensuite au classique "The Number Of The Beast" puis les cloches résonnent pour un "Hallowed Be Thy Name" acclamé et pas piqué des vers. Frissons garantis avec un Bruce impérial. Ce dernier se frotte ensuite au répertoire ancien avec "Iron MAIDEN" où il développe son agressivité toute personnelle, différente de celle de Paul Di Anno mais néanmoins efficace. "Run To The Hills", "Running Free" et leurs refrains simples arrivent alors pour faire travailler un peu le public, emmené par un Bruce chaud les marrons qui fait joujou avec lui, faisant chanter "I'm Running Free, yeaaaaaah" aux deux moitiés de l'assistance, et les réprimandant gentiment lorsque l'une ou l'autre fait preuve d'un peu plus de faiblesse :).

C'est ici que se terminait, fut un temps, l'édition CD du live. A ce titre, les re-éditions de 1998 (issues du coffret Eddie's Head et vendues séparément) sont particulièrement recommandables car le Live After Death remasterisé à cette occasion contient la dernière face du live (celle de l'ancienne version vinyle). Et passer à côté de ces versions dynamitées de "Wrathchild", "22, Acacia Avenue", "Children Of The Damned", "Die With Your Boots On" et le gigantesque "Phantom Of The Opera", ça serait franchement dommage tant elles gagnent en intensité et en énergie par rapport aux versions studio. Petite remarque à cet effet; il est clair que les bandes ont été retravaillées en studio par Mister Harris. Cependant contrairement aux autres albums en concert à venir, la spontanéité et le naturel sont restés, on entend bien le public ainsi que les divers intruments (la basse galopante de Steve, les 2 guitares de chaque côté - effet garanti avec un casque !), bref un boulôt nickel. Mention spéciale encore à la pochette qui est magnifique, avec un Eddie mort-vivant surpuissant qui surgit de sa tombe, et qui est une jolie allégorie de cette grosse baffe live. Quand on voit les pochettes de l'époque, ça fait envie.

Live After Death est pour moi l'archétype de l'album de heavy metal enregistré en public, avec un son énorme et aussi ses petites spécificités qui font son charme et sa magie. Une magie qui ne transparaîtra plus sur les futurs albums en concert du groupe (à part peut-être sur le Rock In Rio 17 ans après ... ou aussi sur le MAIDEN England de 1989 bien que ce CD soit aujourd'hui difficile à trouver). A ce titre, Live After Death est toujours depuis sa découverte par votre serviteur fin 1989 son album live préféré (avec le Alive In Athens d'ICED EARTH et le Unleashed In The East de PRIEST). Ultime et indispensable !