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1977 Love Gun
  Alive Ii
1978 Kiss Meets The Phantom O...
  Ace Frehley
  Gene Simmons
  Peter Criss
  Paul Stanley
1979 Dynasty
1980 Unmasked
1981 Music From The Elder
1982 Creatures Of The Nigh...
1983 Lick It Up
1984 Animalize
1985 Asylum
1987 Crazy Nights
  Exposed
1989 Hot In The Shade
1992 Revenge
1993 Alive Iii
1996 Kiss Unplugged
1997 Carnival Of Souls: Th...
1998 Psycho Circus
2009 Sonic Boom
2012 Monster
2016 Kiss Rocks Vegas
 

- Style : The Dead Daisies, Slade, Poison, Star Rats, Sweet
- Membre : Mountain, Black Sabbath, Black Country Communion, Vinnie Vincent Invasion , Alice Cooper
- Style + Membre : Ace Frehley
 

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KISS - Carnival Of Souls (1997)
Par DARK BEAGLE le 7 Juillet 2018          Consultée 7541 fois

Quand j’avais une dizaine d’années, je me suis retrouvé face à un film que je n’aurais certainement pas dû voir à cet âge où l’une des plus grandes préoccupations est de savoir qui est le plus cool entre Batman et Superman. Ce film, c’était "Carnival Of Souls", un film fantastique où une jeune femme, Mary, échappe de peu à la mort quand la voiture qu’elle occupait avec d’autres jeunes filles tombe d’un pont dans l’eau. Seule survivante, elle n’en accomplit pas moins son devoir et va en Utah pour jouer de l’orgue dans une petite église, vu qu’elle est organiste. C’est là qu’elle commence à voir des êtres aux visages cadavériques… Certaines des scènes parmi les plus dantesques ont été tournées dans un parc d’attractions à l’aspect lugubre et se sont gravées dans mon esprit, jusqu’au final sinistre. Le revoir aujourd’hui me procure toujours des frissons.

Pourquoi je vous parle de ça alors que ce disque de KISS n’est pas conceptualisé autour du thème de ce film ? Parce que "Carnival Of Souls" est un album-fantôme, un opus mort-né, qui n’aurait jamais dû voir le jour. Enregistré entre 1995 et 1996, son processus de sortie a été réduit à zéro par le "MTV Unplugged" qui a vu le line-up original jouer ensemble pour la première fois depuis la fin des années 70. Forcément, la réaction du public a été très favorable, les vieilles rancœurs ont été effacées, aidées comme il se doit par les billets verts et le KISS originel était reparti sur les routes, laissant les bandes en suspens, bien décidé à oublier cet enregistrement. Le line-up n’est plus, "Carnival Of Souls" n’a plus de raison d’être, aucun morceau ne peut figurer sur une setlist jouée par Criss et Frehley. D'ailleurs, les titres présents ici ne connaîtront certainement jamais les honneurs de la scène.

Cependant, les bandes ont fuité, les fans se distribuaient des bootlegs de cet album enfermé dans un cercueil. Gene Simmons et Paul Stanley, reniflant de l’argent facile (promotion proche du néant et tournée avec ces bons vieux Ace et Peter, avec maquillage et tout le tsoin-tsoin, bien plus lucratif), donnent leur aval pour que le produit devienne officiel. Mais là encore, hors de question de mettre trop de moyens dans le packaging. La pochette est à l’opposé de tout ce que KISS a pu proposer jusqu’ici, le livret est juste une page pliée en deux, avec la liste des chansons et les crédits. Rien de plus. Un faire-part de décès ne serait pas plus froid et déshumanisé. Autant pour le côté larger than life qui caractérise la formation New-Yorkaise.

Souvent considéré comme l’album « Grunge » de KISS, "Carnival Of Souls" est lourd, pesant, composé principalement de mid-tempos qui dégagent une certaine mélancolie, une certaine tristesse auxquelles le groupe ne nous avait pas habitués. "Revenge" sonnait de façon bien plus joyeuse, à titre de comparaison. Quand cet album a été composé entre 1995 et 1996, le Grunge commençait à avoir la respiration irrégulière, il commençait à étouffer et commençait à se faire damer le pion par ce que l’on appellera le Neo Metal, avec KORN en chef de file. "Carnival Of Souls" n’est à mon sens pas tout à fait un album opportuniste comme KISS a su en sortir durant sa carrière ("Dynasty", "Crazy Nights", pour ne citer qu'eux…), même si on ne s’attend pas à cette noirceur de la part du hottest band in the world. Et surtout, il y a du solide derrière, à bien des niveaux.

Comme le film dont il partage le nom, "Carnival Of Souls" laisse planer un certain malaise, il est quelque peu dérangeant. Comme le film, il peut être considéré comme une bouse infâme, le genre de navet qui flingue une carrière ou au contraire être apprécié malgré le fait que ce soit différent. Pour en revenir encore une fois au long métrage, il préfigurait les films de zombis alors qu’il datait de 1962 et que George Romero n’était pas encore passé par là. Aujourd’hui, il a un statut culte après avoir longtemps été conspué. L’album de KISS en est à ce stade. Celui de l’opprobre même si certaines voix se font déjà entendre, en affirmant que ce disque est bon. Voire très bon. Mais ici, il n’est pas question de chef d’œuvre, en raison de quelques titres plus faibles qui émaillent l’ensemble, notamment sur la seconde moitié de l’opus.

Le disque est long. Pour du KISS s’entend. Si "Hot In The Shade" frôlait l’heure pour quinze titres, "Carnival Of Souls" dépasse le tour de cadran pour quelques secondes et douze pièces dont certaines sont d’une durée assez inhabituelle pour le groupe. L’excellent "Jungle" par exemple (unique single extrait de cet album, qui aura quand même fait une belle percée dans les charts) flirte avec les sept minutes pour un résultat à la fois Heavy, groovy et désabusé. Paul Stanley ne se fait pas charmeur et se veut plus terre à terre, il ne pousse pas autant sa voix et sa prestation est vraiment très bonne. Mais encore une fois, c’est d’abord Gene Simmons qui attire tous les regards dans un premier temps.

Si le bassiste avait assuré l’ouverture de "Revenge" avec "Unholy", il récidive ici avec un "Hate" lourd, puissant, colérique comme il se doit. Mais contrairement à "Unholy", on n’a pas droit à un refrain qui reste immédiatement en tête, c’est ici plus insidieux, plus sale aussi. KISS ne fait pas dans le tape-à-l’œil, il ne va pas produire des refrains destinés à être repris en chœur dans les stades ou dans des salles énormes. Tout en étant Heavy, il se fait plus intimiste également, comme s’il se bridait alors qu’il n’en est rien, KISS se livre à l’image des paroles des chansons, qui sont bien moins futiles que par le passé. The party is over.

Et Simmons va proposer une série de titres étranges, inattendus, à l’image de "Childhood’s End", avec ces chœurs d’enfants certes clichés, mais qui viennent donner une aération essentielle à ce titre étouffant et sombre. On peut également citer "Seduction Of The Innocence", moins réussi dans son ensemble, mais qui a le mérite de proposer des ambiances orientales à l’album, contribuant ainsi à la grande diversité de cet album qui aurait très bien pu être comme un long morceau séparé en plusieurs parties plus ou moins identiques.

Car "Carnival Of Souls" est relativement varié malgré sa profusion de mid-tempos lancinants. Là, il convient de se pencher sur le travail effectué à la batterie par un Eric Singer qui varie grandement son jeu, à la fois puissant, Heavy, groovy et au final très personnel. Autant sa prestation sur "Revenge" était classique, autant ici il démontre tout son talent avec brio. Et il convient également de saluer l’apport énorme de Bruce Kulick qui est partout ici, il coécrit neuf des douze morceaux, il livre des parties de guitare intéressantes, avec des soli qui sortent de la zone de confiance de KISS et qui lui sont pour le coup très personnels et il va même chanter "I Walk Alone", dernière chanson de l’album, avec une voix un peu traînante, pas forcément désagréable, pas inoubliable non plus (il doit être le chanteur le plus faible ayant joué dans KISS).

Si "In My Head", "Seduction Of The Innocent", et "I Walk Alone" sont un peu plus faibles que le reste, "Carnival Of Souls" contient également son lot de bijoux, de diamants bruts. Ici, ils ne peuvent être ciselés, ils ne peuvent briller. Mais ils n’en sont pas moins précieux. Il y a ce "Master & Slave" propulsé par un Stanley irrésistible, l’acoustique "I Will Be There" qui est une ballade absolument poignante dans son dénuement, "It Never Goes Away" et "I Confess", étouffantes à souhait, capables de mettre mal à l’aise. C’est KISS sans être KISS et ça, ça ne va pas plaire à tout le monde vu que KISS, dans le dico des synonymes, ça nous renvoie à entertainment, fun, gaudriole, filles faciles. Tout l’inverse de cet album, noir, teigneux et d’un sérieux angoissant.

À l’image du film avec lequel il partage son nom, "Carnival Of Souls" a été une claque. Un coup de foudre immédiat, une histoire d’amour avec laquelle on y va toutefois à reculons. C’est un amour sale, un peu dangereux, avec la mauvaise personne et on le sait, mais on y va quand même parce que c’est physique, il y a une espèce de dépendance. Je vous l’ai dit, le film me terrifie encore aujourd’hui, je me retrouve comme le gosse que j’étais, incapable de détacher le regard de l’écran. Pour le disque, c’est la même chose. Quand je veux écouter du KISS, c’est souvent celui que je pioche en premier, mais au moment de le mettre sur la platine, j’hésite, je me demande si je suis prêt à nouveau pour cette aventure dans ce qui ressemble aux cauchemars de Stanley, Simmons, Kulick et Singer.

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   (3 chroniques)



- Paul Stanley (guitare, chant)
- Gene Simmons (basse, chant)
- Bruce Kulick (guitare)
- Eric Singer (batterie)


1. Hate
2. Rain
3. Master And Slave
4. Childhood's End
5. I Will Be There
6. Jungle
7. In My Head
8. It Never Goes Away
9. Seduction Of The Innocent
10. I Confess
11. In The Mirror
12. I Walk Alone



             



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