Amusant comme un groupe qui ne sait pas encore quelle sera sa destination et puise allègrement son inspiration dans les courants du moment – Punk et NWOBHM en premier lieu – a pu d’emblée initier tout un nouveau genre. Les Four Horsemen ne signent pas ici le manifeste du Thrash Metal, ils sont encore trop marqués par leurs influences. En effet, Thrash, METALLICA ne l’est pas encore à 100% sur "Kill’Em All". L’essentiel est là : l’urgence, l’usage du palm-muting hyper speed, les vocaux gueulés, les soli balancés à toute berzingue et riches de vibrato…

Mais c’est l’accouplement de ces caractéristiques inédites avec des éléments plus connus qui fait le sel de ce disque. Le Hard Rock cradingue à la MOTÖRHEAD, le Heavy made in Britain, le vice VENOMien, l’attitude Punk, l’esprit Rock‘n’ Roll des paroles ("Hit The Lights", "Motorbreath", "Whiplash") loin de l’engagement des textes à venir : METALLICA ne se prend pas encore la tête, reste fantaisiste dans pas mal de ses textes ("The Four Horsemen", "Phantom Lord", voire "Metal Militia") et tout cela reste d’une fraîcheur totale, même plus de 30 ans après. C’est qu’il est excitant, ce "Kill’em All" !

C’est d’ailleurs le seul disque du groupe à n’avoir rien à dire ni à dénoncer, textuellement parlant (sauf peut-être, mais de loin, sur "Jump In The Fire"), et c’est très bien ainsi. Et c’est aussi, parmi les premiers albums des METs, le seul à ne proposer que des titres directs, sans tiroirs (sinon l’instrumental "Anesthesia (Pulling Teeth)"), envoyés franco de port, ne nécessitant rien d’autre que de taper du pied, de headbanguer et d’enjoy the ride. Certes, l’ombre de Dave Mustaine fait plus que planer sur "Kill’Em All" et ç’aurait été sans doute encore meilleur d’imaginer la suite avec le fieffé rouquin à bord. Mais on prend son pied et MEGADETH nous offrira autre chose, de toute façon. METALLICA aussi, d’ailleurs : du Thrash, à 100%. Mais ce n’est pas encore ici.