"Rex", et VAMPIRE devint un sérieux prétendant au trône du Thrash/Death international. Parce qu'avec cet intitulé souverain - "rex" signifiant "roi" en latin - c'est toute l'ambition du quintette suédois qui éclate enfin au grand jour, après deux premiers albums bien bons mais tout de même cantonnés à des rangs de petite noblesse, surtout au regard des œuvres des autres candidats au titre suprême. Or, avec un nom qui en impose, comme VAMPIRE, les gars de Göteborg se devaient de viser plus haut. De grimper dans l'échelle aristocratique jusqu'à chercher à ceindre la couronne du Thrash Metal le plus extrême.

Parce que c'est bien cela, au fond, l'art de VAMPIRE : du Thrash poussé aux confins du Death Metal et du Black Metal, recouvert d'une atmosphère occulte à couper au couteau. Or, avec "Rex", le groupe a trouvé la formule à même de lui garantir un maximum de soutiens. Et elle est dévastatrice, cette formule. Lourdement calibrée, elle dispose d'atouts considérables à l'efficacité indéniable. À commencer par un sens aigu du riff qui découpe et fait mouche à chaque fois. Aucun morceau n'y échappe, pas même l'introductif "Prelusion" et c'est aussi ce qui fait que ce deuxième opus studio se laisse réécouter avec le même plaisir. Un plaisir immédiat.

Pour ce troisième album studio, Black String et Sepulchral Condor se sont surpassés car on retient quasiment tout de leur travail, y compris côté soli de guitare, souvent brefs mais pertinents car placés de façon intelligente, aux moments où les morceaux réclament un soudain coup de fouet. Bien sûr, certains leads et certains riffs se retiennent davantage que d'autres, notamment ceux du morceau-titre ainsi que ceux de "Wiru-Akka", de "Rekviem", d'un "Moloch" aux parties de basse si galopantes qu'un Steve Harris ne les renierait pas, ou d'un "Serafim" qui, au final, s'avère peut-être la composition dont le riff principal s'avère le plus mémorable une fois l'écoute de l'album achevée.

Autre atout majeur de la formule VAMPIRE sur "Rex" : cette capacité à envoyer un Thrash/Death des plus furibards pour revenir subitement aux fondamentaux Heavy de la plus suave des manières. "Wiru-Akka" en est une parfaite illustration. Idem pour "Moloch", sur lequel les Suédois se payent même le luxe de balancer, en plein morceau, un superbe passage tout en guitare clean dont le caractère dramatique et l'ambiance générale rappellent certains des plus beaux moments du "The Somberlain" de DISSECTION, icône dont l'inspiration se fait à nouveau entendre sur "Rekviem". Toutefois, quand résonne l'ultime "Melek-Taus", pendant terminal de l'inaugural "Rex" de par son côté vif, tranchant, très Thrash/Death dans le genre, VAMPIRE ramène finalement l'auditoire vers des territoires plus extrêmes.

Mais ce goût prononcé pour les plans très Heavy reste néanmoins en bouche et se confirme même sur des morceaux entiers, à l'image d'un "Inspiritus" qui donne envie de taper du pied et nous renvoie à l'aube des années 80. À l'instar, aussi, d'un "Pandemoni" doté de leads de guitare inspirés et de fort bon goût, ou d'un "Serafim" sur lequel les twin guitars sont (brièvement) de sortie. Même le très mid tempo "Anima", du haut de ses 6'20, met fièrement en avant ses inspirations Heavy Metal. Avec son côté un peu plus alambiqué et riche d'une ambiance occulte un brin surannée, ce titre-là évoque bien le MERCYFUL FATE dont VAMPIRE se réclame aussi, même si Hand Of Doom ne nous gratifie jamais d'envolées suraiguës à la King Diamond. Au contraire, c'est plutôt à des déclamations incantatoires que le vocaliste s'adonne en scandant "Animaaaa".

Dernier atout de la formule VAMPIRE, la production joue un rôle majeur dans la prestance de ce "Rex". À la fois crue dans le son des guitares et très travaillée côté effets, avec une reverb à l'ancienne qui achève de draper la musique des Suédois dans cette atmosphère lugubre et suintante qui lui sied si bien, cette prod' signée Command, bassiste du combo assisté dans cette tâche par Isak Edh, qui œuvra autrefois sur le "Still Life" d'OPETH, apporte énormément au troisième longue-durée du quintette. C'est notamment l'une des raisons qui font que ce disque apparaît plus furieux que ne l'étaient ses deux prédécesseurs, qui avaient pourtant déjà de la fureur à revendre.

Avec autant d'arguments en sa faveur, difficile de réfuter que, dans sa quête dynastique, VAMPIRE a gagné grâce à "Rex" quelques quartiers de noblesse. D'autant que sa révérence envers ses glorieux aînés, qu'ils soient suédois et pratiquent l'extrême comme DISSECTION ou qu'ils soient britanniques et tâtent du Heavy, comme ces nombreux combos de la NWOBHM qui inspirent le groupe dans ses moments les moins violents, fait de VAMPIRE un candidat honorable dans la sempiternelle course au titre de meilleur groupe du moment, qui se dispute chaque année dans chaque genre métallique. Côté Thrash/Death, tendance Black ou pas, en tout cas, je tiens mon roi de 2020 et il s'appelle VAMPIRE.