Parmi les centaines, voire milliers d’albums que vous avez écouté, il y en a mécaniquement un que vous avez plus poncé que les autres, et souvent de loin, peut-être même sans vous en apercevoir. Voici l’histoire du mien. DUM DUM ! *générique de New York Police Judiciaire*

J’ai découvert "S&M" peu de temps après avoir découvert METALLICA tout court, juste après "...And Justice For All" pour tout dire, et j’ai écouté leurs classiques antérieurs grâce à ce live pondu en ces jours de grâce des 21 et 22 avril 1999. Désolé, je ne suis pas né dans les années 80, donc j’ai dû prendre le wagon en marche comme j’ai pu !

Et disons que découvrir les tubes des MET’s sur leur support d’origine après être passé entre les mains du chef Michael Kamen… a rendu bien plus fade l'exaltation naturelle que tout un chacun a dû ressentir lors de ce rite. En parfaite subjectivité, l’enchaînement des vingt-et-un titres est d’une justesse dont la simple évocation à l’écriture de ces lignes m’émeut. La triplette introductive "Ecstasy...", "...Ktulu", "Puppetz", peu conventionnelle à l’époque est implacable, dans une vingtaine de minutes qui en paraissent deux tellement tout est soufflé sur son passage, à la fois au travers de l’appréhension de ce mélange de styles et de la forme olympique d’un prime-Hetfield au sommet de son art vocal.

Avec les années, et en essayant de réfréner ma sentimentalité exacerbée, je reconnais volontiers quelques approximations dans l’imbrication de l’orchestre avec les Thrashers : ce sont tout de même eux qui donnent le "La" (vous avez compris ?), la philharmonie étant souvent reléguée au simple rôle d’accompagnateur, mais toujours menée d’une main de fer par le regretté Kamen. Et le plus drôle c’est que la préparation en amont de cette collaboration a été expédiée bien à l’arrache !

Les titres issus de "Load" et "Reload", albums que l’on peut de concert qualifier de globalement mauvais, sont évidemment un cran en-dessous des bangers, mais la sensibilité alimentée par le quartette les font rentrer dans le moule de cet ensemble, de ce tout.

Tous les morceaux m’évoquent un sentiment propre, de la peur viscérale avec "Wolf..." ou "Thing...", de la béatitude avec l’inédit "... Clover" (que je tentais de retrouver en vain sur les anciens albums, et pour cause), du respect avec le solo titanesque d’Hetfield sur "Nothing Else Matters", ou encore cette hargne profonde qui m’anime encore aujourd’hui à l’écoute de titres imposants, quasi-bibliques, comme "Battery", "Master...", ou encore "One" avec sa conclusion apocalyptique.

J’ai compris sur le tard que la recherche d’un album parfait était sisyphéen. En revanche, notre madeleine de Proust peut comporter toutes les faiblesses qu’elle le souhaite, tant qu’elle nous enfièvre lorsque l’on y revient. Et bon Dieu que j’y reviens. Parfois jusqu’à l’overdose, mais j’y reviens. Toujours.

Note (pas du tout objective) réelle : 5,1/5, rien à secouer.

Titres préférés : "One", "Nothing...", "... Roam".