Difficile de savoir si les musiciens de METALLICA sont animés d’une quelconque passion quand ils enregistrent ce "S&M" au rendu étrange. Quand on écoute ce double album live, on a parfois l’impression qu’un groupe joue avec un enregistrement de vieux trucs de Classique derrière eux pour se donner une espèce de contenance (et certainement facturer la place plus que de nécessaire). Il y a quelque chose de malheureux dans ce "S&M", limite malhonnête de la part d’un groupe qui n’a pas besoin de ce genre de trucs pour se faire mousser.

L’orchestre symphonique, dirigé par Michael Kamen, qui avait déjà supervisé l’intervention de l’orchestre sur "Nothing Else Matters", semble dans l’incapacité de lier ses compétences aux riffs sauvages de METALLICA, d’où une impression parfois d’entendre toujours les mêmes interventions, qui vont parfois au détriment des chansons réinterprétées. Et vu le niveau général de l’homme et de ses musiciens, c’est un furieux constat d’échec.

Les deux inédits, asticots sur le cadavre, n’apportent pas grand-chose à cette équation assez compliquée. "Minus Human" ne sert clairement à rien tandis que "No Leaf Clover" tente quand même quelque chose, mais sa finalité reste malgré tout un peu vaine. Vaguement dans la lignée de ce qui était proposé sur "Load" et "Reload", vaguement différents pour laisser entrevoir un futur qui finalement (heureusement ?) ne sera pas, ces morceaux restent uniques et n’auront connu qu’une carrière éphémère de deux jours avant d’être gravés pour l’éternité sur ces deux disques.

Aussi, il est pénible d’entendre les vieux morceaux être alourdis inutilement par des orchestrations mal pensées, qui n’atteignent jamais l’osmose avec les riffs de James Hetfield. Finalement, ce sont les morceaux les plus récents qui tirent leur épingle du jeu : plus calmes, plus lents, ils permettent une espèce de communion entre le groupe et l’orchestre et "The Outlaw Torn", "Bleeding Me" ou encore "Until It Sleeps" prennent une toute autre dimension, plus introspective, plus forte, plus intense.

Et là, on se demande si METALLICA n’a pas encore imposé ses idées, ses avis, castrant complètement ce projet avant de castrer Kamen. Il y avait plus intelligent à faire, le groupe a les moyens d’en faire plus, de voir plus haut, plus grand, mais une espèce de suffisance s’est installée depuis leur retour en 1996 et plus que jamais, elle est un poison pour les musiciens.

Pour les morceaux les plus récents, ce Live apporte quelque chose. Pour le reste, non. D’où un deux étoiles bien généreux…