"Powerslave", c’est beaucoup de poudre aux yeux. Autrement dit : une sorte d’arnaque.

Après un album pop sympathique mais un peu niais ("Piece Of Mind"), IRON MAIDEN semble à bout de souffle. Ceux qui ont plus de 12-13 ans à l’époque ont déjà compris que les meilleures compositions de "The Number Of The Beast" étaient des chutes de studio de la période Di’Anno et que, déjà, la créativité tournait à vide.

Du coup "Powerslave" c’est la stratégie du cache-misère. Deux ou trois bons riffs, un tempo rapide et on met le paquet en début d’album pour sauver les apparences (ce sera la même stratégie sur "Fear Of The Dark" des années plus tard). Alors oui, à première vue, ça pétarade dans tous les sens : il faut le reconnaître, IRON MAIDEN n’a pas son pareil pour réussir ses intros et lancer ses chansons en fanfare. Mais ça tient une ou deux minutes. Ensuite, le roi est nu.

"Aces High" et "2 Minutes To Midnight" ? Fulgurantes en apparence et surtout très... répétitives. Mais puisque le chant de Dickinson y est à peu près supportable, ça passe. C’est ensuite que tout se détraque : "Losfer Words" est un instrumental mille fois inférieur à ceux des deux premiers albums du groupe et pave la voie à un long tunnel de médiocrité. Ce tunnel s’appelle successivement "Flash Of The Blade" (un riff du tonnerre qui peine à compenser un refrain laborieux), "The Duellists" et surtout "Back In The Village"... Dans aucun monde, aucun univers parallèle, aucun cosmos déviant et détraqué ces compos-là ne peuvent figurer au rang de chef-d’œuvre.

Enchaîner ces chansons est une épreuve ardue pour ceux qui tentent à chaque fois de résister jusqu’au bout. Les bonnes idées (oui, il y en a... Harris n’est tout de même pas le premier venu) sont systématiquement gâchées par les mêmes défauts : chant qui dérape dans les aigus, mélodies vocales faiblardes qu’on tente de masquer en doublant la voix sur les refrains, soli parfois poussifs et étirement des compos. Trop longues, linéaires, elles se répètent ad nauseam.

Et soudain, frisson suprême, cerise sur le gâteau (le genre de gâteau qu’on croit bon à la première bouchée mais qu’on recrache dès la seconde), apogée enivrante, après une "Powerslave" trop délayée mais pas désagréable, arrive enfin "Rime Of The Ancient Mariner".

"Rime Of The Ancient Mariner"... La chansons qui commence, qui vous laisse le temps d’aller faire cuire une pizza, d’ouvrir une canette, de regarder un match de foot, de faire la vaisselle et de revenir l’écouter sans problème puisque la fin c’est exactement comme au début.

"Rime Of The Ancient Mariner"... Il paraît qu’il se passe quelque chose au milieu mais personne ne sait dire quoi vu que personne n’est allé jusque-là.

Mais comme c’est long, c’est forcément ambitieux, intense, magistral, phénoménal, etc.

Allez les gars, sans rancune.