Une fois que l’on accepte le fait qu’HELLOWEEN est devenu un excrément qui pour le moment flotte toujours sur la frange qu’est le Power Metal aujourd’hui, que reste-t-il de consistant ? La réponse est simple : BLIND GUARDIAN. Le groupe est, sans aucun jeu de mots, le gardien d’un style qui n’a cessé de se ridiculiser, année après année, incapable de se moderniser avec crédibilité à quelques exceptions près. Et BLIND GUARDIAN ne se contente pas de surnager, il livre une prestation hautement qualitative, comme il a déjà su le faire par le passé.

Que ce soit de "Deliver Us From Evil" à "Destiny", il est difficile de prendre les Allemands en défaut (contrairement à la Mannschaft cueillie par les Japonais comme des lapereaux de six semaines). C’est agressif, épique, mélodique, Hansi impressionne de plus en plus derrière le micro à défaut d’être une bête de scène. Il a une présence, un charisme vocal indéniable et il se paie le luxe de ne pas s’auto-caricaturer en appréhendant les textes à la façon "Nightfall In Middle Earth" ou "Somewhere Far Beyond" tout en restant immédiatement identifiable.

Le groupe a le don de proposer aussi bien des morceaux qui rentrent dans le lard avec des relents Thrashy qui rappellent d’où ils viennent, que d’autres plus ambitieux, longs et riches en rebondissements. "Secrets Of The American Gods" se fond parfaitement dans la masse avec ses chœurs et ses lignes mélodiques qui font mouche. Pris individuellement, le titre fonctionne, mais il prend une autre dimension dans l’ensemble, il s’immisce dans un tout où chaque composition est parfaitement à sa place et contribue à mettre la suivante en valeur.

On n’avait plus connu le groupe à ce niveau depuis un long moment. J’ai bien envie de remonter à la fin des années 90 (non, je ne suis pas plus fan que cela de "ANATO" que je trouve un peu trop too much, trop boursouflé pour me plaire vraiment). Mais il prouve encore une fois qu’il est le véritable patron du genre. Il est à la fois le passé, le présent et le futur du Power Metal pour peu que la nouvelle génération continue à faire du style une soupe infâme sur laquelle les seules choses à flotter sont des mouches à viande.