En 1999, "S&M" est réalisé dans une certaine forme de précipitation qui trahit les tendances rockstar de METALLICA, qui à l'époque pose dans les magazines, se fait plaisir en enregistrant des reprises, enregistre pour la B.O. d'un "Mission Impossible" et décide sur un coup de tête de rappeler Michael Kamen, qui a effectué le travail d'orchestration et d'arrangement sur "Nothing Else Matters" pour se payer un concert avec l'orchestre de San Francisco.

Quand METALLICA, suite à une amitié tissée entre Lars Ulrich et le directeur musical du San Francisco Symphony Michael Tilson Thomas (un ancien élève de la petite-fille de Richard Wagner, qui a été chef assistant à Bayreuth avant de prendre Leonard Bernstein comme mentor, un petit rigolo quoi), se dit, après sa tournée mondiale, ses Grammys en collaboration avec Lady Gaga, qu'il pourrait peut-être se laisser tenter par une nouvelle aventure symphonique, il a été capital de ne pas faire les mêmes erreurs qu'en 1999.

Ainsi, la plus grande qualité de "S&M 2" est d'être tout ce que "S&M" n'était pas. Il règne une osmose entre cet orchestre philharmonique, installé autour de la scène centrale où trône la batterie de Lars Ulrich, dont le violet pailleté sera rappelé par la guitare de Kirk Hammett puis la basse de Rob Trujillo, et les Four Horsemen qui vont tant mettre en valeur leur répertoire (en proposant au moins un extrait de chaque album) que les musiciens (le clou étant atteint par la prestation ébouriffante de Scott Pingel à la contrebasse électrique rendant le plus bel hommage à Cliff Burton possible) que l'orchestre, qui fait désormais partie intégrante du spectacle.

Le public chante "The Memory Remains" après que METALLICA se soit arrêté, accompagné par l'orchestre, c'est la grande classe. Lars Ulrich s'amuse avec un des percussionnistes en mode battle de caisse claire pour préparer "One", ou encore "The Unforgiven III" interprétée dans une version chant orchestre absolument majestueuse avec un James en état de grâce, même si la version vidéo fait un peu de la peine, tant le colosse américain ne sait absolument pas quoi faire de ses mains. On peut parler aussi de cette version unplugged de "All Within My Hands" vraiment rafraîchissante. Et METALLICA qui se prête au jeu en tenant un ostinato Metal sur les "Fonderies d'Acier" du compositeur soviétique Alexander MOSOLOV.

Je parlais de la version vidéo plus haut car elle présente un réel intérêt visuel. Filmé en HD avec des angles variés et une direction artistique classe, elle met aussi en valeur le travail de vidéo soigné et arty mis en place pour l'évènement. Et aussi, cette sensation de proximité comme ce fondu qui donne la sensation d'avoir Kirk dans le public pendant que James interprète "The Unforgiven III".

Bref on peut penser ce qu'on veut de la setlist, qui logiquement, comme à l'époque, met en valeur le dernier album en date, avec trois extraits, pour le coup, adaptés à l'exercice, notamment "Halo On Fire" qui regagne en intérêt. C'est "Ride The Lightning" qui s'en sort le mieux, avec trois extraits et non des moindres, avec "The Call Of Ktulu", qui une fois terminé vous donne la sensation que le concert pourrait s'arrêter là tant la pièce est magique. Un mot sur les orchestrations, qui ont pour beaucoup été remaniées par le chef en place (Michael Tilson Thomas viendra diriger quelques pièces, mais il se remettait d'un sérieux problème de santé), et souvent pour le meilleur, complétant ou allégeant les maladresses de la partition d'origine. De plus, le répertoire est cette fois-ci adapté à l'exercice, et donc personne ne doit s'attendre à trouver la moindre trace de Thrash Metal dans ce concert, ce qui fait qu'il fonctionne carrément mieux que son aîné.

Même si je mettrais davantage un 3,5 car l'enchaînement "The Outlaw Torn" soigné mais long – "No Leaf Clover" – "Moth Into Flame" est un peu dur à digérer, et que "Confusion" me fait toujours suer, le travail fourni, le soin, le sérieux et le bon goût de la démarche (jusque dans le choix des guitares de Kirk, qui passe par la célèbre Greeny et même une Fender Stratocaster pour "Nothing Else Matters") sont à saluer !